"Cette naissance du Théâtre Aftaab, Théâtre du Soleil afghan, est une histoire de courage, de ferveur, d'amour du théâtre, d'espoir et d'entraide (...). Après tois semaines de stage, il y avait beaucoup d'émotion, on ne pouvait se quitter comme ça : j'ai proposé aux meilleurs, dix-huit jeunes en tout, de former une troupe. 

J'ai été stupéfaite. Ils se sont engagés sur le champ, après seulement quelques heures de réunion. Je leur ai dit qu'il fallait que la troupe rassemble des gens de différentes ethnies et, bien sûr, qu'elle intégre des femmes ! Je suis fière de leur travail. Il représente un espoir de rennaissance de la culture afghane."

Ariane Mnouchkine, 2005

"Quand on vient de les rencontrer, on se sent traversés par une joie inquiète, soulevés par un enthousiasme étonné, enivrés par le goût puissant de l’humanité. il me revient à l’idée cette pensée difficile que peut-être le malheur, lorsqu’il s’en prend à nous avec des instruments de supplice politique, nous pousse à surélever la vie, à grandir, à inventer des forces plus fortes que le mal et plus fortes que nous-mêmes. Je me souviens que c’est l’incarcération dans un pays-prison qui inspire à dédale, le prédécesseur de Léonard de Vinci, l’invention de l’évasion, le chemin aérien de la liberté, ascension de l’homme vers la lumière sans frontière. il y a dans chacun de nos évadés l’héroïsme modeste qui vient au secours de ceux qui, un jour, ont dit instinctivement non au massacre de l’esprit."

Hélène Cixous, 2013

En 2005, soutenus par l'Ambassade de France et l'Institut français d'Afghanistan, et à l'invitation de la Fondation pour la Culture et la Société civile (FCCS-Open Society Institute), Ariane Mnouchkine et quarante membres du Théâtre du Soleil se rendent à Kaboul pour diriger un stage de trois semaines en direction de jeunes artistes afghans. À l'issue de ce travail, vingt comédiens, dont deux femmes, fondent une troupe : le Théâtre Aftaab (qui signifie "soleil" en dari). Depuis ce jour, le Théâtre du Soleil accompagne ce "petit cousin d'Asie centrale" dans sa formation, et ses créations qui constituent aujourd'hui un véritable répertoire : Roméo et Juliette de Shakespeare, Le Tartuffe et L'Avare de Molière, Le Cercle de craie caucasien de Brecht, Sophocle / Œdipe tyran, d'après Hôlderlin, de Heiner Müller, Ce jour-là et La Ronde de nuit, créations collectives. Certains de ces travaux ont été répétés et joués à Kaboul, mais la plupart ont vu le jour en France.

Même si les premières années d'échanges entre le Théâtre du Soleil et le Théâtre Aftaab ont su démontrer l'utilité de la reconstitution en Afghanistan d'une expression publique et artistique libérée

(les premières représentations du Tartuffe et du Cercle de craie caucasien, à l'Institut français d'Afghanistan lors des différentes éditions du Festival national de théâtre afghan, entre 2006 et 2008, ont été de véritables succès populaires, rassemblant un public mixte tant au niveau du genre que de l'origine sociale, autour d'un art vivant longtemps occulté), la situation d'ouverture qui en avait autorisé le dévelloppement n'est aujourd'hui plus de mise et il est à nouveau devenu dangereux, et surtout, concrétement impossible, de faire du théâtre en Afghanistan. Le Théâtre Aftaab est ainsi parvenu au premier terme de ses années de formation et d'apprentissage tant au contact du Théâtre du Soleil, que de maîtres de la mise en scène tels qu'Ariane Mnouchkine ou Matthias Langhoff, ou encore d'école  de théâtre comme l'École nationale supérieur des arts et techniques du théâtre de Lyon (Ensatt). Depuis 2014, la troupe entame un nouveau cycle de son histoire, en intégrant les dernières créations du Théâtre du Soleil, Macbeth (2014) et Une chambre en Inde (2016).

Quelques repères historiques.

Sont-ils les héritiers d'Ariane Mnouchkine ?

Changement de décor - France Culture, 5 mai 2013

"Vous auriez du les voir sur la scène du Théâtre du Soleil, pousser la grande porte jaune, monter sur le plateau tandis qu’au dehors un blizard glacial plaquait la Cartoucherie dans le silence de la nuit. Vous auriez du les regarder s’endormir, emmitouflés à l’ombre de la Servante et puis se relever pour nous jouer leur vie et nous dire comment le théâtre a transformé celle-ci. Ils étaient beaux. Enfants solides, plantés, assumés et heureux de celle qui les a accueillis à bras ouverts, Ariane Mnouchkine. Ils étaient bouleversants, sincères, magnifiques. Eux, ce sont les acteurs afghans du Théâtre Aftaab de Kaboul.

Et ce sont eux qui viennent nous voir ce soir avec leur metteur en scène. Nous recevons Hélène Cinque, Omid Rawendah et Shoreh Sabaghy. Le Théâtre Aftaab est né en 2005. Année ou Ariane Mnouchkine part faire un stage à Kaboul avec le Théâtre du Soleil. Un stage a lieu. Une jeune troupe de théâtre fait fructifier la rencontre et crée un "petit théâtre du Soleil d’Asie centrale".

Liberté et création en Afghanistan

Vous m'en direz des nouvelles - RFI, 20 février 2013

Shoreh Sabaghy et Wajma Tota Khil sont les invités de Atiq Rahimi.

1^ère partie : Atiq Rahimi à l'occasion de la sortie du film "Syngué sabour"

2^ème partie : Liberté et création en Afghanistan