2003
Création collective, musique de Jean-Jacques Lemêtre, décor de Guy-Claude François, peintures de Didier Martin, teintures de Ysabel de Maisonneuve, costumes de Nathalie Thomas et Marie-Hélène Bouvet. En coproduction avec la Ruhrtriennale.
2 avril 2003 : création LE FLEUVE CRUEL à la Cartoucherie.
22 novembre 2003 : création ORIGINES ET DESTINS à la Cartoucherie.
185 000 spectateurs.
Le film Le Dernier Caravansérail a été réalisé à la Cartoucherie.
2003 :
à Rome, Villa Borghese ;
Festival d'Avignon (année de l'annulation).
2004 :
à Quimper, Théâtre de Cornouaille ;
à Bochum, Ruhrtriennale.
2005 :
à Lyon, Théâtre des Célestins ;
à Berlin, Théâtre Arena ;
à New York, Lincoln Festival Center ;
à Melbourne, International Arts Festival.
2006 :
à Athènes, Athens & Epidaurus Festival.
Retrouvez le détail de ces dates dans la carte autour du monde
Au commencement de nos mémoires il y eut la Guerre. L’Iliade en fit un récit. Après la Guerre : l’Odyssée.
Ceux qui ne sont pas rentrés au pays, ni vivants ni morts, errent longtemps par toute la terre.
Aujourd’hui, de nouvelles Guerres jettent sur notre planète des centaines de milliers, des millions de nouveaux fugitifs, fragments de mondes disloqués, bribes tremblantes des pays ravagés dont les noms ne signifient plus abri natal mais décombres ou prisons : Afghanistan, Iran, Irak, Kurdistan …, la liste des pays empoisonnés augmente chaque année.
Mais comment raconter ces odyssées innombrables ?
Combien de nouveaux petits théâtres faudrait-il inventer pour donner à chaque destin affolé son éphémère hébergement ?
Mais comment notre théâtre peut-il transporter ces coquilles de théâtres et ces brins d’êtres humains sur son océan de bois et de toiles ? C’est tout un peuple occasionnel d’étrangers disparates et menacés que forment ces atomes fuyant sous les rafales politiques, dans nos siècles cousus de fils barbelés.
« Qu’allons-nous devenir ? » disent ceux qui ont laissé leur nom, leur famille, leurs racines très loin derrière eux, que l’on appelle « réfugiés », « clandestins », « sans papiers », « migrants ». Et qui s’appellent entre eux, noblement les « voyageurs ».
Ils sont brutalement voyagés « contenus » dans des cales et des camions, faufilés aux frontières, et ils ne savent pas où et quand finira ce voyage dangereux qui les pousse de port en côte et de porte en porte à mesurer la maigreur de l’hospitalité contemporaine.
Ils voyagent, sans espoir et sans fin, mais animés par la croyance. Au lieu de religion une foi naïve en l’existence d’un pays où vivent les déités démocratiques dont on leur a parlé : la liberté, le respect.
Où donc est ce pays ? Où arriveront-ils ? Quand arriveront-ils ? Arriveront-ils jamais ?
Et nous, assis dans nos pays relativement modérés, qui sommes-nous ? leurs semblables ? leurs témoins ? leurs ennemis ? leurs amis ? D’anciens voyageurs qui ont oublié ?
Ou des gens que le voyage attend au tournant ?
Hélène Cixous
(Extrait du programme)
Depuis sa fondation il y a maintenant quarante ans, le Théâtre du Soleil travaille sur l’histoire et met en scène les déchirements de notre époque. Son dernier spectacle, Le Dernier Caravansérail, a pour point de départ la rencontre des réfugiés du centre de Sangatte (France: Pas de Calais). Ce spectacle, nourri de récits de vie collectés en des lieux divers, prête à la comparaison avec le travail de l’anthropologue. Les thèmes que nous avons souhaité aborder ici sont : le recours à la langue
originale, la production d’un récit, la confrontation à l’image et au cliché, la représentation, la transmission d’une expérience, la reconstruction des vies après la catastrophe et à travers l’exil et le déracinement.
Françoise Lauwaert, « Comme une écaille sur le mur : à propos de « Le Dernier caravansérail (Odyssées) », un spectacle en deux parties du Théâtre du Soleil », Civilisations, 56 | 2007, 159-182. Lire le dossier complet ici.