2013
Dans le cadre du 17e Festival de l'Imaginaire
en partenariat avec ARTA
Deux représentations exceptionnelles et un programme de trois pièces de Kyôgen
Avec
Shime Shigeyama
et ses deux fils
Ippei Shigeyama et Motohiko Shigeyama
Samedi 8 juin 2013 à 20h
Dimanche 9 juin 2013 à 14h
En japonais, surtitré en français
Forme de théâtre classique du Japon, le kyôgen présente l’exemple rarissime au monde d’être une forme théâtrale transmise depuis le XIVème siècle jusqu’à nos jours, et cela sans aucune interruption. La longue histoire du kyôgen a ainsi permis d’aboutir à des techniques d’un raffinement et d’une beauté extrêmes.
Les pièces de kyôgen sont habituellement jouées entre deux pièces de nô, mais les représentations de kyôgen uniquement sont de nos jours courantes. Alors que les nô sont de longs poèmes qui mettent en scène de manière onirique les passions de héros ou de personnages célèbres, — souvent il s’agit de fantômes qui reviennent un instant dans notre monde et qu’il faut exorciser — le kyôgen est par essence comique et de nature satirique. « Kyôgen » s’écrit en japonais à l’aide de deux caractères, le premier signifie « folie », le deuxième « paroles ». Il s’agit donc, à la lettre, de « paroles folles ». Loin du hiératisme du nô, le rythme rapide des pièces de kyôgen se passe de musique, il n’y a pas de mystère à suggérer.
Le monde représenté dans le kyôgen est un monde éminemment « terrien ». Les protagonistes en sont toujours des hommes, dont les kyôgen célèbrent les défauts : cupidité, naïveté, charlatanisme, paresse, couardise, cupidité, bêtise, épouses acariâtres, penchant inconsidéré pour la boisson…
Si le comique du kyôgen provient bien entendu en partie de ses textes, son intérêt principal réside sans doute dans la qualité du mouvement des corps et dans la précision et la richesse des expressions des acteurs. Il n’y a pas de « metteur en scène » au kyôgen. Voix et gestes sont codés par la tradition.
Deux grandes écoles de kyôgen, Izumi et Okura, qui se distinguent par des variantes, interprètent le répertoire actuel de kyôgen, dits « classiques », c’est-à-dire composés avant 1868, qui consiste en 260 pièces environ.
Les acteurs de kyôgen sont issus de familles où l’on est acteur de kyôgen de père en fils. L’apprentissage commence donc dès la plus tendre enfance. Au Japon, la coutume veut que les acteurs du théâtre classique prennent le nom de leur père ou de leur maître.
Cette coutume prend sans doute racine dans la croyance que, par le fait de changer de nom, l’on devient un avec le père ou le maître et que l’on s’incorpore les techniques et les idées sur l’art de ceux-ci.
La scène est celle du nô. Elle est composée d’un plateau surélevé par rapport au sol, et prolongé par un pont. À l’extrémité du pont, un rideau à rayures verticales marque la séparation avec les coulisses. C’est par là que se font l’entrée et la sortie des acteurs.
Quatre piliers, aux quatre coins de la scène, soutiennent un toit, et servent en même temps de repère aux acteurs. Le kyôgen, comme le nô se passe de décors. Les accessoires sont réduits au minimum. Une perche suffira pour désigner un passeur dans sa barque.
Alors que les costumes de nô sont de riches brocarts, les costumes de kyôgen sont en lin. Les couleurs sont celles de teintures naturelles, les motifs ont une simplicité raffinée.
Motifs végétaux, animaliers, géométriques. Les personnages de seigneur sont reconnaissables au port du nagabakama, longue jupe culotte foulée aux pieds.
Shime Shigeyama est né à Kyôto en 1947. En 1976, il crée l’association « Hanagata », qui non seulement contribue très activement à la culture du répertoire et à la redécouverte de pièces tombées dans l’oubli, mais poursuit son travail decréation avec la mise au point de nouvelles pièces de kyôgen. Ayant lui-même débuté à l’âge de quatre ans, il dirige également une école qui enseigne le kyôgen aux enfants. En 1992, il devient à l’âge de 45 ans « Important bien culturel vivant », puis reçoit l’année suivante le prix de la Ville de Tôkyô pour l’ensemble de ses travaux. En 1995, il reprend le nom de son père et devient Shime de la deuxième génération. Depuis le milieu des années 80, il poursuit dans le monde entier une activité très importante, notamment aux Etats-Unis où il séjourne régulièrement.
Il est invité en France en novembre 1997 par le Festival d’Automne à Paris, puis à ARTA, l’Association de Recherche des Traditions de l’Acteur, où il donne régulièrement des master-class pour acteurs professionnels. Programmé pour la deuxième fois à la Maison de la culture du Japon à Paris, Shime Shigeyama joue un rôle très important dans la diffusion du kyôgen en Occident. En 2005, accompagné de ses deux fils Motohiko et Ippei, Shime Shigeyama a présenté à la MCJP trois kyôgen : une pièce du répertoire traditionnel, une pièce moderne inspirée d’une pièce du dramaturge contemporain Tadasu Iiizawa, et une création adaptée d’Ubu Roi d’Alfred Jarry.