« Nous sommes des militant-e-s et sympathisant-e-s politiques, associatifs, syndicaux, venus de tous les horizons, mais réuni.es par un attachement identique au socle historique de la gauche depuis le XIXe siècle : la lutte contre les inégalités sociales ET contre le cléricalisme. Nous faisons le constat que la période que nous traversons a produit bien des confusions, des ambiguïtés et des compromissions au sein de notre propre camp, et appelle désormais des clarifications ainsi qu’une réflexion collective. Nous appelons les militants de la gauche laïque et sociale, dans un esprit transpartisan, à signer et à faire signer cet appel pour prendre part à ce combat plus que jamais nécessaire. C’est pourquoi nous projetons de nous rassembler autour de ces valeurs. Pour cela nous prévoyons une rencontre nationale des signataires. »
ARRICRUZ Alberto, activiste franco-espagnol (75), BABA AISSA Soad, militante laïque et féministe, membre du Réseau d’Education Populaire (94), BAKIR Mohand, journaliste (94), BARRE Philippe, syndicaliste (94), BAUDOUIN Sébastien, assistant social MDPH, ancien responsable départemental PG, LFI (94), CHAMBOREDON Elisabeth, présidente de l’UFAL Ile-de-France (94), GONTHIER Julien, syndicaliste et ex-rédacteur du Progrès Social (75), HADJAM Mimouna, porte-parole de l’association AFRICA 93 (93), JOUSSE Catherine, Réseau Education Populaire (75), MITTERRAND Jean-Jacques, militant de l’éducation populaire (94), ROZA Stéphanie, chargée de recherches au CNRS (75), STOUF Stéfanie, chargée de mission démocratie participative à la Mairie de Paris, membre du Réseau salariat (75), TAGZOUT Mourad, conseiller municipal délégué d’Ivry-sur-Seine, conseiller territorial, LFI (94), TEPER Bernard, comité de rédaction de ReSPUBLICA, co-animateur du Réseau Education Populaire (94), VÉZINET Monique, membre de la rédaction du journal ReSPUBLICA, administratrice de l’UFAL nationale (92).
Aujourd’hui, le renouveau du combat laïque est à la fois une réalité et une nécessité universelles. À nos yeux, la laïcité rend possible le plus haut niveau de liberté individuelle. Elle permet de faire vivre le projet humaniste d’égale dignité entre les êtres humains.
Héritier de la Révolution française, le combat laïque accompagne les forces d’émancipation sociale, féministe, antiraciste, écologiste. Il est inséparable de l’unité du peuple souverain dans une République indivisible, la matrice politique de notre pays.
Sans la laïcité, comment fédérer le peuple pour surmonter la période de décomposition politique et idéologique actuelle ? La laïcité est la première des conditions pour une riposte d’envergure face à la paupérisation d’une large fraction de la population, en particulier celle de la jeunesse.
Car la crise économique et écologique que nous traversons nous entraîne de plus en plus vers des conflits sociaux et politiques. Dans cette situation, les visées communautaristes contribuent à diviser le peuple afin de le neutraliser et d’imposer des objectifs antirépublicains et essentialistes. De puissants facteurs de désintégration se conjuguent : montée des revendications particularistes, des intégrismes religieux, pression incessante du lobby catholique pour le financement public de ses édifices et de ses écoles privées. Le réseau confessionnel concurrentiel destructeur de la mixité sociale sert de point d’appui à l’activisme de l’extrême droite de type « Manif pour tous ». L’odieux terrorisme islamiste porte le mouvement séparateur à sa dimension sanglante et guerrière.
Nous sommes dans une conjoncture particulière caractérisée par la régression sociale, politique et culturelle comme dispositif de pouvoir. Pour y résister, le combat social et le combat laïque doivent former un seul et même bloc. Combattre sur le front social sans lutter sur le front laïque, et vice versa, est voué à l’échec. La laïcité est notre outil pour fédérer les luttes sociales et lutter pour la justice sociale, la citoyenneté et la véritable égalité qui caractérisent la République sociale. Car les communautarismes se servent de l’appauvrissement des quartiers populaires et des discriminations qui y sont subies pour alimenter le fait politico-religieux, notamment islamiste, et détourner les citoyens du combat social, laïque et donc citoyen. En même temps, la laïcité doit aller de pair avec un antiracisme radical, ainsi qu’avec une lutte sans faiblesse contre l’antisémitisme. Enfin, le combat laïque doit également être un fer de lance contre le patriarcat soutenu, entre autres, par les communautaristes religieux, et de ce fait participer de façon centrale au combat féministe.
Après une décennie caractérisée par la crise financière puis économique, l’aggravation du dérèglement climatique et l’accumulation des menaces écologique, 2017 marque la montée des bellicismes, la concurrence ouverte entre les impérialismes, l’intensification des politiques d’austérité et d’aggravation des inégalités sociales, et au sein des puissances capitalistes même entre les partisans du libre-échange et ceux du protectionnisme.
Dans cette situation de tension, le peuple dans toutes ses composantes doit construire son autonomie et lutter pour ses propres intérêts. Le combat laïque et social doit servir de levier pour l’émancipation, en appuyant et en développant l’unité des hommes et des femmes, salarié.es, sans emploi, précaires, artisans, indépendant.es, etc. Il faut donc lutter pour ce qui nous unit et combattre ce qui nous divise artificiellement. Ce combat s’inscrit bien évidemment dans une perspective internationaliste de solidarité entre les peuples.
Cette volonté de clarification et d’unité démasquera les trois dérives de la laïcité à savoir :
– La laïcité usurpée de l’extrême droite qui s’en sert en réalité contre une seule religion, hier le judaïsme, aujourd’hui, l’islam
– La laïcité d’imposture qui sert de cache-sexe au communautarisme
– La pseudo-laïcité d’inspiration concordataire des dirigeants néolibéraux qui trahit le mot de Victor Hugo (« Je veux l’Etat chez lui, l’église chez elle », 15 janvier 1850).
Ainsi, pour unifier le peuple et le mettre en mouvement en tant qu’acteur politique, faisons respecter partout et toujours les principes édictés dans les deux premiers articles de la loi de 1905 et dans les trois circulaires de Jean Zay, ministre du Front populaire, reprises dans la loi du 15 mars 2004. Développons la gestion citoyenne de l’action culturelle, nécessaire pour promouvoir plus de justice, de solidarité, de dignité et d’universalisme.
Ne laissons pas les communautaristes et les partisans du relativisme culturel nous diviser. Combattons tous les intégrismes et les extrémismes qui menacent les libertés.
Nous appelons toutes les forces sociales œuvrant pour l’émancipation humaine à lier continuellement le combat social au combat laïque.