du 23 au 30 décembre 2021
Les représentations auront lieu au Théâtre de l'Épée de Bois qui nous accueille amicalement
D'après la pièce de Michel Tremblay
Livret, chansons et mise en scène
René Richard Cyr
Musique Daniel Belanger
Direction musicale Wladimir Pinheiro
Supervision artistique Ariane Mnouchkine
Avec le soutien du TNP et du TnBA Bordeaux
La première version musicale de "Belles Sœurs" fut créée à Montréal en mars 2010 par le Centre du Théâtre d'Aujourd'hui et par le Centre Culturel de Joliette en collaboraiton avec Loto-Québec
Une fois, une seule fois dans ma vie, j’ai été infidèle au Théâtre du Soleil.
J’ai fait, comme on dit, un pas de côté. C’était en 2019.
Par amour pour le Brésil, par affection et admiration pour une magnifique petite bande de comédiennes qui me mettaient au défi de leur proposer une œuvre à laquelle se donner corps et âme, pour échapper à l’impuissance morbide qui étouffait et étouffe toujours les artistes de ce pays.
Un spectacle que j’avais adoré lorsque je l’avais vu à paris en 2012 : l’adaptation musicale des « Belles-Sœurs » de Michel Tremblay formidablement mis en scène par René-Richard Cyr, génialement mis en musique par Daniel Bélanger, dans un décor parfait de Jean Bard, me revint en mémoire et me parut être exactement ce qu’il leur fallait.
Aussitôt dite, aussitôt acceptée, et sur le métier aussitôt mise fut cette comédie musicale. C’est pour jouer ce spectacle que, contre vents, marées et pandémie, elles sont parvenues jusqu’en France. Elles joueront au Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine du 7 au 11 décembre, au Théâtre de Gascogne à Mont de Marsan le 14 décembre, et chez nous bien sûr, pour les fêtes, chaleureusement accueillies par nos voisins du Théâtre de l’Epée de Bois, du 23 au 31 décembre.
Je sais que vous les aimerez.
Je vous parlais d’une infidélité, mais peut-être, au contraire, est-ce une fidélité de plus.
Ariane Mnouchkine, 25 novembre 2021
Une quinzaine de femmes pétulantes sur scène et aucun homme en vue, Ariane Mnouchkine présente à Rio une version portugaise de la pièce québécoise Les Belles-sœurs, s'éloignant pour la première fois du Théâtre du Soleil qu'elle a fondé.
Cette première incursion au Brésil également est aussi l'occasion pour le metteur en scène de théâtre de s'inquiéter, dans un entretien à l'AFP, de la situation "extrêmement alarmante" des artistes sous l'ère bolsonariste. Après deux représentations au festival de Curitiba (sud), la première de As comadres ("Les Marraines"), spectacle musical très enlevé, a eu lieu jeudi à Rio, devant un public le plus souvent hilare.
Dans une cuisine des années 60, des femmes de 22 à 87 ans sont réunies pour coller des timbres. Un gynécée où les répliques fusent, où l'on rit, danse, chante, se lamente, se jalouse et s'étripe.
"Ce sont des femmes qui dans le chant expriment leurs frustrations, leurs malheurs, mais au fond on les voit pendant toute la pièce subir et ne pas sortir d'une certaine servitude volontaire", dit Ariane Mnouchkine. Celle qui a réussi à s'émanciper est rejetée. Michel Tremblay, qui a écrit en 1965 la pièce dont a été tiré le spectacle musical d'un autre Québécois, René Richard Cyr, "est très dur sur leur petitesse, leur bigoterie, leur mesquinerie, leur égoïsme." Mais "la pièce, ne serait-ce que parce qu'elle donne la visibilité à 15 actrices, est révolutionnaire. D'habitude on voit 15 hommes et deux femmes", dit Ariane Mnouchkine. Là, il y en a même 20 au total, avec le ‘chœur antique’. C'est cela qui est fort, de voir la force collective de toute une palette de femmes de tous âges."
"Un mépris pour les artistes"
Certains ont pu voir "un appel à la résistance" dans la pièce qui se jouera jusqu'au 19 mai à Rio. "Je ne me permets pas de donner un mode d'emploi. Mais si les gens le reçoivent comme ça, tant mieux", dit Ariane Mnouchkine. "Je pense des choses sur l'impact que peut avoir ce spectacle dans le Brésil d'aujourd'hui. Mais c'est aux gens qui le voient de le dire. Nous, on doit jouer le spectacle."
"On a repris la mise en scène de René Richard Cyr. C'est vraiment sa mise en scène. J'ai vu ce spectacle à Paris et l'ai trouvé extraordinaire, extrêmement émouvant et drôle. Après, que cela fasse réfléchir ou que cela touche ou soulève des questions, j'espère bien. Mais ce n'est pas moi de dire ce que les gens doivent en penser." Moins réservée quand on l'interroge sur la situation des artistes au Brésil depuis l'élection d'un président d'extrême droite, Ariane Mnouchkine ne cache pas son inquiétude. "Je ne vais pas comparer le sort des artistes à celui des indiens du Brésil" (qui viennent de publier une tribune évoquant les "prémices d'une apocalypse" à l'occasion des 100 jours du mandat de Jair Bolsonaro), mais "les artistes sont dans une situation extrêmement alarmante et qui devrait alarmer les artistes du monde entier. Il y n'avait déjà pas beaucoup de moyens, mais là apparemment il s'installe (...) un mépris pour les artistes", ajoute-t-elle. "Il y a des mensonges (sur) comment les artistes vivent", sur leurs financements. C'est grave." Les milieux artistiques au Brésil se plaignent de la baisse des subsides d'un gouvernement qui a supprimé le ministère de la Culture et a lancé une croisade contre "le marxisme" dans la culture. "Je connais une petite partie du milieu artistique brésilien, et je vois leur angoisse, leur tristesse. C'est rare au Brésil que les gens montrent de la tristesse. Il y a une dignité de la gaîté ici", ajoute Ariane Mnouchkine.
"Peut-être en France"
Pour As comadres c'est la première fois, et à 80 ans, qu'elle monte un spectacle "de A à Z avec des comédiens qui ne sont pas du Théâtre du Soleil", la compagnie qu'elle a fondée en 1964.
Mais c'est aussi "la première fois que le Théâtre du Soleil fait un spectacle avec un autre metteur en scène, (le Canadien) Robert Lepage", note-t-elle. "Ca m'a donné un peu de temps, et je pouvais le faire sans trahir le Théâtre du Soleil. J'espère que la pièce ira partout au Brésil, en Amérique latine, au Portugal. Et peut-être en France", conclut-elle.
AFP, le 13 avril 2019
Comédie musicale sur l’univers féminin
En périphérie de Rio de Janeiro, quinze femmes de 22 à 87 ans sont réunies dans une cuisine des années 60. Germana, qui a gagné lors d’une loterie commerciale un million de timbres permettant de faire des achats, doit les coller sur un catalogue pour remeubler sa maison. Elle a demandé à ses sœurs, belles-sœurs, amies et voisines de l’aider. Avec une énergie communicative, elles cuisinent, se dévoilent, parlent de leurs rêves, de leurs désirs et de leurs peurs. Les répliques fusent, on rit, danse, chante. Et pourtant, cette cuisine est frappée par la jalousie, la tristesse et la trahison. Guerrières du quotidien, Germana, Linda, Mariângela, Branca, Romilda, Lisa, Rosa, Ivete, Lisete, Angelina, Teresa, Pietra, Gabriela, Olivina et Ginete chantent aussi leurs malheurs.
20 comédiennes brésiliennes en scène
C’est la première fois qu’Ariane Mnouchkine travaille avec des artistes qui ne sont pas du Théâtre du Soleil, qu’elle a fondé en 1964. À l’origine, trois comédiennes brésiliennes cherchaient un spectacle à réaliser dans leur pays en proie aux difficultés économiques, politiques, sociales et culturelles. Touchée par leurs préoccupations, Ariane Mnouchkine leur a proposé Belles-Sœurs, pièce de Michel Tremblay qu’elle avait vue à Paris dans l’adaptation musicale de Daniel Bélanger et la mise en scène de René Richard Cyr. S’appuyant fidèlement sur cette mise en scène, elle a amené les comédiennes à s’approprier les situations, à donner vie à l’histoire.