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Mots trompeurs et fondateurs

 

Mots trompeurs et fondateurs

"Qui pourrait douter que le monde entier des héros n'ait été là qu'à cause d'Homère."
Nietzsche

 

Cathartique :  (Littré )  Terme de pharmacie. Médicament désignant des purgatifs en général.  Etymologie :  katharos.

Katharos :  (Bailly)  I. Pur, c.a.d.: 1. Sans tache, sans souillure, propre. 2. Pur de tout mélange. II. 1. Avec pureté. Honnêtement. 2. Sans mélange. 3. Nettement, clairement.

Katharsios (Bailly)  1. Qu'on peut expier. 2. Qui purifie. Qui purifie une demeure. Sacrifice expiatoire, d'où, victime offerte pour un sacrifice expiatoire.

Katharsis :  (Bailly )  Purification.  1. Purgation. 2. Soulagement de l'âme par la satisfaction d'un besoin moral. 3. Cérémonies de purification auxquelles étaient soumis les candidats à l'initiation.

Kathartikos :  (Bailly )  1. Propre à purifier. 2. L'art de purifier. 3. Purgatif.

Kathartês :  (Bailly )  Qui purifie, particulièrement,  par un sacrifice expiatoire.

 

"A notre époque, nous ne pouvons supporter ni nos fautes ni les moyens d'y remédier."
Tite Live

"La volonté et l'attrait du frisson d'horreur sont l'effet de la puissance guérisseuse de la nature..."

"Placés entre l'Inde et Rome et contraints de choisir entre deux tentations, les Grecs surent inventer une troisième forme, d'une pureté toute classique. Certes, ils n'en jouirent pas longtemps. Mais pour cela même, ils la firent immortelle :  car les favoris des dieux meurent tôt, c'est une loi qui régit toutes choses ;  même s'ils sont assurés de vivre ensuite auprès d'eux pour l'éternité. Qu'on n'exige pas de la plus noble des substances la robuste solidité du cuir ;  et la rudesse opiniâtre, qui est par exemple le propre de l'instinct national des Romains, n'est pas, selon toute vraisemblance, au nombre des prédicats nécessaires de la perfection... Cela dit, si nous nous interrogeons sur le remède qui a permis aux Grecs, dans leur grande époque - au moment où leur double impulsion, dionysiaque et politique, atteignait une force sans précédent -, de ne s'épuiser ni dans les brumes de l'extase ni dans la poursuite effrénée de la gloire et de l'hégémonie mondiales, mais de réussir ce dosage admirable qui, tel un noble vin, à la fois met en feu et porte à la méditation, force nous sera bien alors de penser à la puissance prodigieuse qui est celle de la tragédie et qui la rend capable de stimuler, de purifier et de décharger la vie de tout un peuple -, cette puissance dont nous ne commencerons à soupçonner la suprême valeur que lorsqu'elle nous apparaîtra, ainsi qu'elle le faisait aux Grecs, comme la quintessence de toutes les vertus prophylactiques, comme la médiatrice qui établit son règne en séparant les plus vigoureuses qualités d'un peuple de ses défauts les plus néfastes."
Nietzsche


Chœur :  (Littré )  1. Terme de l'antiquité grecque :  ensemble de gens qui marchent et qui dansent en cadence. 2. Sorte de personnage collectif et chantant.

Etymologie :  khoros.

Khoros :  (Bailly ) :  •I Chœur, c.a.d., 1. Chœur de danse, danse exécutée par plusieurs personnes et ordinairement accompagnée de chants. 2. Troupe de personnes qui figurent dans une danse. Chœur formant un cercle, c.a.d., faisant une ronde autour de l'autel, particulièrement  dans les fêtes de BakkhosII.  Lieu où l'on danse. A Sparte, l'agora était appelée khoros.

Khoreuô(Bailly )  1. Danser une ronde, danser en chœur, particulièrement aux Dionysies en l'honneur de Bakkhos. 2. Fêter ou  célébrer par un chœur de danse.

Démon :  (Littré)  1. Dans le polythéisme ancien, génie, esprit bon ou mauvais. Corneille :  "O ciel !  quel bon démon devers moi vous envoie, Madame ?" Diderot :  "Platon avait imaginé les démons pour former une échelle par laquelle, de créature plus parfaite en créature plus parfaite, on montât enfin jusqu'à Dieu." 2. Dans la religion chrétienne, les diables, les esprits malins, par opposition aux anges. 3. Personne méchante qui se plaît à tourmenter les autres. 4. La cause de l'inspiration, des impulsions bonnes ou mauvaises. Le démon de la guerre, des combats. Corneille :  "Que faisons-nous, Romains ?  dit-il, et quel démon nous fait venir aux mains ?"  Etymologie : daimôn.

Daimôn :  (Bailly)  I. Dieu, déesse.  1. En parlant de divinités déterminées. 2. Ordinairement dans Homère, un dieu, une divinité, égal ou semblable à un dieu ;  d'où  la puissance divine, la divinité. 3. Par suite,  destin, sort ; en bonne part,  heureux destin, bonheur ;  en mauvaise part,  destin contraire, infortune, malheur. II. Après Homère :   1. Sorte de dieux inférieurs. 2. Postérieurement,  mauvais esprit, démon. III. Ame d'un mort.

Dieu :  (Littré)  1. Nom du principe, unique ou multiple, qui, dans toutes les religions, est placé au-dessus de la nature. 2. L'Etre infini créateur et conservateur du monde dans la religion chrétienne, et aussi dans le mahométisme, dans le judaïsme, et parmi ceux qu'on nomme déistes.

Théos :  (Bailly)   A. Subst.  I. Dieu, la divinité. II. Une divinité (particulière) :  1. Père des hommes et des dieux, selon l'inspiration d'un dieu. 2. Une déesse. 3. Par extension, image ou statue d'un dieu III. Dieu par apothéose, à Rome. B. Adj. Divin, propre aux dieux.

Drame :  (Littré )  Toute pièce de théâtre, soit tragique, soit comique. Etymologie drama.

Drama :  (Bailly )  1. Action. 2. Action se déroulant sur un théâtre, drame, particulièrement  tragédie. Fig. Coup de théâtre ;  par extension, événement tragique.

Dramatikos :  (Bailly )  Dramatique, théâtral.

Dynamisme :  (Littré)  1. Terme de philosophie. 2. Système qui suppose que la matière est animée de forces immanentes, au lieu de la considérer comme mue par des forces extrinsèques et mécaniques.

Dunamis :  (Bailly )  Puissance, c.a.d.: I. Faculté de pouvoir. II. Aptitude à être ou à devenir. III. Force. 1. Force physique. 2.. Forces du corps. Force morale. 3. Force du corps et de l'âme. 4. Puissance de la parole. 5. Faculté. Art. Science. 6. Puissance des choses. 7. Pouvoir des dieux. 8. Suc vital.

Extase  :  (Littré)   1. Terme de la vie mystique. Elévation extraordinaire de l'esprit, dans la contemplation des choses divines, qui détache une personne des objets sensibles jusqu'à rompre la communicaiton de ses sens avec tout ce qui l'environne. Bossuet  :  "Ce songe de Salomon était une extase où l'esprit de ce grand roi, séparé des sens et uni à Dieu, jouissait de la véritable intelligence." 2. Par extension, vive admiration, volupté intime qui absorbe tout autre sentiment.  La Fontaine :  "La joie de Psyché fut grande, si l'on doit appeler joie ce qui est proprement extase ;  encore ce mot est-il faible, et n'exprime pas la moindre partie du plaisir que reçut la belle." Chateaubriand :  "Je reçus Amélie dans une sorte d'extase de cœur."  Lamartine :  "Ton sein, oppressé par l'extase, / Se soulevait sous ses transports." 3. Terme de médecine. Affection du cerveau dans laquelle l'exaltation de certaines idées, absorbant l'attention, suspend les sensations, arrête les mouvements volontaires, et même ralentit quelquefois l'action vitale. Etymologie : Ekstasis.

Ekstasis  :  (Bailly)   I. Action de se déplacer, déplacement, déviation. II. Action d'être hors de soi, d'où  1. Trouble, agitation. 2. Egarement de l'esprit. 3. Extase.

Ekstatikos (Bailly)   I.1. Qui fait changer de place. 2. (Fig.)  Qui fait sortir de soi, d'où  qui égare l'esprit. II 1. Qui se laisse détourner  d'un raisonnement ;  qui change  volontiers d'avis. 2. Qui est hors de soi, qui a l'esprit égaré. III. Etre hors de soi, être égaré ou  furieux.

Héros (Littré)   1. Terme d'antiquité. Nom donné dans Homère aux hommes d'un courage et d'un mérite supérieur, favoris particuliers des dieux, et dans Hésiode à ceux qu'on disait fils d'un dieu et d'une mortelle ou d'une déesse et d'un mortel. 2. Fig. Ceux qui se distinguent par une valeur extraordinaire ou des succès éclatants à la guerre. Balzac :  "C'est un sujet de consolation pour notre pauvre humanité, de voir qu'il y a eu de l'homme dans les héros." Corneille :  "La tendresse n'est point la vertu des héros." Bossuet :  "Loin de nous les héros sans humanité !  Ils pourront bien forcer les respects et ravir l'admiration, comme font tous les objets extraordinaires ;  mais ils n'auront pas les cœurs."..."Ce qui fait le héros, ce qui porte la gloire du monde jusqu'au comble, valeur, magnanimité, bonté naturelle, voilà pour le cœur ;  vivacité, pénétration, grandeur et sublimité de génie, voilà pour l'esprit..." Maintenon :  "Il nous a dit qu'un héros était un voleur qui fait à la tête d'une armée ce qu'un voleur fait tout seul." Racine :  "Ce héros (Mithridate) dans mes bras est tombé tout sanglant." La Bruyère :  "Il semble que le héros est d'un seul métier, qui est celui de la guerre, et que le grand homme est de tous les métiers, ou de la robe, ou de l'épée, ou du cabinet, ou de la cour." Rollin  :  "Il est assez ordinaire à ces héros qui brillent dans les combats et dans les actions guerrières, de paraître très faibles et très médiocres dans d'autres temps, et par rapport à d'autres objets." Ducis :  "Et qu'est-ce qu'un héros ? Mon enfant, c'est le brave." 3. Tout homme qui se distingue par la force du caractère, la grandeur d'âme, une haute vertu. 4. Terme de littérature. Personnage principal d'un poème, d'un roman, d'une pièce de théâtre.    Boileau :  "Achille est le héros de l'Iliade... Un écrivain qui s'aime forme tous ses héros semblables à soi-même." 5. Le héros d'une chose, celui qui y brille d'une manière excellente en bien ou en mal. Le héros du jour, l'homme qui, en un certain moment, attire sur soi toute l'attention du public. Voltaire :  "Protecteur de mon sang, héros de l'amitié." Molière :  "Aux encens qu'elle donne à son héros d'esprit."  6. Papillon diurne.

Hêrôs :  (Bailly)   I. Maître, chef, noble, en parlant des chefs militaires des Grecs devant Troie ;  par suite, en parlant de tout combattant, de tout homme noble par la naissance, le courage ou le talent.  II. Demi-dieu. III. Par suite, tout homme élevé au rang de demi-dieu. Particulièrement :   1. Divinité locale inférieure, patron de tribu, de cité, d'association, à Athènes.

Musique :  (Littré)   1. Dans le sens ancien et primitif, la musique n'était pas une science particulière, c'était tout ce qui appartenait aux Muses ou en dépendait ;  c'était donc toute science et tout art qui apportait à l'esprit l'idée d'une chose agréable et bien ordonnée. Chez les Egyptiens, suivant Platon, la musique consistait dans le règlement des mœurs et l'établissement des bonnes coutumes. Selon Pythagore, les astres dans leurs mouvements forment une musique céleste. Polybe nous dit que la musique était nécessaire pour adoucir les mœurs des Arcades, qui habitaient un pays où l'air est triste et foid... Platon ne craint point de dire que l'on ne peut faire de changement dans la musique qui n'en soit un dans l'Etat .  Voltaire :  "Il semble assez prouvé que les Grecs entendirent d'abord par ce mot musique, tous les beaux-arts ;  la preuve en est que plus d'une Muse présidait à un art qui n'a aucun rapport avec la musique proprement dite, comme Clio à l'histoire." Barthélemy :  "Vous pouvez juger de notre goût pour la musique par la multitude des acceptions que nous donnons à ce mot ;  nous l'appliquons indifféremment à la mélodie, à la mesure, à la poésie, à la danse, au geste, à la réunion de toutes les sciences, à la connaissance de presque tous les arts."

Mousa (Bailly)   I. Muse, les Muses. II. Par extension, 1. Science, art. 2. Chant. 3. Parole persuasive.

Mousaios :  (Bailly)   Qui concerne les Muses.

Mousarkhos :  (Bailly)   Maître des Muses en parlant d'Apollon.

Mouséion (Bailly)   I. Temple des Muses, lieu où résident les Muses. Par extension  :  1. Lieu  où l'on s'exerce à la poésie, aux arts. 2. Chant poétique. II. Fête des Muses.

Mouséios (Bailly)   1. Des Muses. 2. Musical.

Mousikeuomaï (Bailly)  1. Chanter, moduler. 2. Etre connaisseur en musique.

Mousikos :  (Bailly)  A. adj. 1. Qui concerne les Muses, par suite, la poésie ou les arts, particulièrement  la musique. 2. Qui cultive la musique, musicien, chanteur. B. subst. 1. La musique. C. adv. 1. Selon les règles de la musique. 2. Avec art, avec goût.

 

"Socrate dit à propos des poètes dramatiques, (Pol X4): "Dépouillés du coloris de la magie musicale et présentés de façon pure selon la simple cadence, ils ressemblent à des visages d'hommes jeunes, mais sans beauté, quand ils perdent l'éclat de la jeunesse."
Nietzsche


Mythe :  (Littré )  1. Trait, particularité de la Fable, de l'histoire héroïque ou des temps fabuleux. 2. Particulièrement, récit relatif à des temps ou à des faits que l'histoire n'éclaire pas, et contenant soit un fait réel transformé en notion religieuse, soit l'invention d'un fait à l'aide d'une idée. Le mythe est un trait fabuleux qui concerne les divinités ou des personnages qui ne sont que des divinités défigurées ;  si les divinités n'y sont pour rien, ce n'est plus mythe, c'est légende. Roland à Roncevaux, Romulus et Numa, sont des légendes, l'histoire d'Hercule est une suite de mythes. Il n'est pas nécessaire que le mythe soit un récit d'apparence historique, bien que c'en soit la forme la plus ordinaire. 3. Fig. et familièrement :  Ce qui n'a pas d'existence réelle. On dit qu'en politique la justice et la bonne foi sont des mythes.

P. Grimal :  "Le mythe est un récit se référant à un ordre du monde antérieur à l'ordre actuel et destiné non pas à expliquer une particularité locale et limitée (c'est le rôle de la simple "légende étiologique"), mais une loi organique de la nature des choses."

Etymologie :  muthos.

Mythique :  (Littré )  Néologisme. Qui appartient à un mythe ;  qui est fondé sur un mythe. Explication mythique. Michelet :  "Ces héros mythiques, ces Hercules dont le bras sépare les montagnes."

Mythologie :  (Littré )  1.  Histoire des personnages divins du polythéisme. Diderot :  "La mythologie des Grecs est un chaos d'idées et non pas un système." 2. Connaissance, explication des mystères et des récits du paganisme. 3. Récit fabuleux émanant des temps et des idées du polythéisme.

Etymologie :  Muthologia :   muthos et logos.

Muthos :  (Bailly )  Parole exprimée, d'où   I. Parole.1.Discours. 2. Récit. 3. Rumeur. II. Après Homère, fable, particulièrement : 1. Légende, récit non-historique, mythe. 2. Par suite, récit fabuleux, conte. 3. Fable.

Logos :  (Bailly)   A. Parole. 1. La parole. 2. Mots, d'où  langage. 3. Ce qu'on dit, un dire.  4. Révélation divine, d'où  réponse d'oracle. 5. Sentence, maxime, proverbe. 5. Bruit qui court.  6. Récit, d'où  fable, récit d'histoire. B. Raison. 1. Faculté de raisonner, raison, intelligence. Ce que la raison et l'intelligence peuvent saisir. 2. Bon sens. 3. Raison intime d'une chose, fondement, motif.  4. Exercice de la raison, jugement, d'où  opinion.

Muthologia : (Bailly)  1. Histoire ou étude des choses fabuleuses. 2. Récit fabuleux, conte. 3. Par extension,  récit, entretien.

Mythologique :  (Littré )  1. Qui appartient à la mythologie. 2. Religions mythologiques, religions dans lesquelles les êtres divins ne sont pas immuables et ont des accidents et une histoire. Etymologie muthologikos :  muthologia.

Passion: (Littré ) 1. Souffrance, en parlant de Jésus-Christ et des martyrs. 2. Ancien terme de médecine : certaines maladies douloureuses ; ainsi on appelait l'hystérie = passion hystérique. 3. Mouvement de l'âme en bien ou en mal, pour le plaisir ou pour la peine. Balzac : "Ils ne peuvent tirer de leur âme leur raison toute simple et toute pure, sans la mêler de leurs passions." Etymologie latine.

Pathologique : (Littré ) Signe pathologique = signe qui dénote une lésion. Voltaire : "Tout le monde me regardait en tirant doucement vers les joues les deux coins de la bouche et en mettant les mains sur les côtes, ce qui est le signe pathologique de la joie."

Pathologikos : (Bailly ) 1. Qui traite des passions, des affections. 2. Qui concerne les maladies.

Pathos: (Littré ) 1. Terme de rhétorique. 2. Mouvement, figures propres à toucher fortement l'âme des auditeurs.

Pathos : (Bailly ) : Ce qu'on éprouve par opposition à ce qu'on fait, c.a.d., tout ce qui affecte le corps ou l'âme, en bien ou en mal, surtout en mal. 1. Epreuve, triste sort, infortune, malheur. 2. Etat de l'âme agitée par des circonstances extérieures. En bonne part, sentiments généreux ou agréables, pitié, plaisir, amour, etc... En mauvaise part, chagrin, affliction, tristesse, colère, haine, etc...

Pathêtikos : (Bailly ) : I.1. Accessible aux impressions extérieures, capable de sentir, sensible. 2. Qui subit les impressions d'une façon passive. II. Emouvant, propre à émouvoir, pathétique.

Protagoniste : (Littré ) Celui qui joue dans une pièce le premier rôle.

Etymologie : prôtagônistês : prôtos et agônistês.

Prôtos : (Bailly) Premier. Mettre au premier rang.

Agônia : (Bailly ) 1. Lutte dans les jeux. 2. Fig. Agitation de l'âme, inquiétude, anxiété, angoisse.

Agôniatês: (Bailly ) Prompt à se troubler, à s'inquiéter.

Agônisma : (Bailly ) Lutte, combat, d'où : I. Exploit, haut fait. II. Objet de lutte. 1. Lecture ou déclamation ou représentation pour un concours. 2. Objet d'une contestation, d'une lutte judiciaire ; fondement d'une cause. III. Prix de la lutte.

Agônistês : (Bailly) I. Qui lutte dans les jeux. Athlète. II. Par extension : 1. Tout homme qui lutte par la parole ou par l'action. Acteur. Champion. Champion de vertu, de franchise. 2. Tout homme capable de lutter, d'où maître dans un art, dans une science.

Agônizomai : (Bailly ) Combattre, concourir.

Psyché (Littré) 1. Jeune fille qui inspira de l'amour à Cupidon et qui, après diverses aventures, devint sa femme ; elle est représentée avec des ailes de papillon ; on admet aujourd'hui qu'elle est une aurore qui veut voir Eros, le soleil levant, et qui disparaît quand elle le voit ; même mythe qu'Eurydice. P. Lebrun : "Psyché perdit momentanément son mari, pour avoir voulu le contempler malgré la défense formelle qu'il en avait faite ; elle prit une lampe, une goutte enflammée tomba sur le dieu qui s'éveilla et disparut. La Muse est un divin mystère. Elle craint le monde et le jour : la lampe de Psyché, le regard de la terre la fait enfuir comme l'Amour." 2. Néologisme. S'est dit quelquefois pour âme. 3. Genre de papillons.

Etymologique : psukhê.

Psukhê: (Bailly) A. Souffle. B. Par suite, souffle de la vie, d'où : I. Ame, comme principe de vie. Par extension : 1. Vie. 2. Un être vivant, une personne. 3. Terme d'affection, être chéri. Objet le plus cher, le plus précieux, ce qui est l'âme ou la vie d'une personne, d'une cité, etc. II. Ame, par opposition au corps. 1. L'âme comme siège des sentiments, des passions. Par extension, sentiment, caractère, nature, génie, talent. 2. Ame comme intelligence, esprit. 3. Ame comme siège des désirs. III. Ame séparée du corps et descendue dans les enfers, âme d'un mort, ombre. IV. Papillon.

Psukhéïos: (Bailly) Animé, vivant.

Psukhikos : (Bailly) Qui concerne le souffle ou la vie, la puissance vitale, le souffle vital.

Somatique : (Littré) 1. Terme didactique qui appartient au corps. 2. Doctrine somatique de la folie : doctrine qui attribue la folie non à des causes psychiques, mais à des lésions matérielles du système nerveux.

Sôma : (Bailly) 1. Corps par opposition à l'âme, à l'esprit. Dans Homère, corps mort, cadavre. 2. Corps vivant. 3. Matière, objet tangible, par opposition à ce qui est insaisissable (comme un souffle, une ombre).

matizô : (Bailly). Revêtir d'un corps, incarner, en particulier Hermès.

Symptôme : (Littré) 1. Phénomène insolite dans la constitution matérielle des organes ou dans les fonctions, qui se trouve lié à l'existence d'une maladie et qu'on peut constater pendant la vie des malades. Par extension - Voltaire : "On voyait dans ses yeux et sur son front les symptômes de la douleur et de la colère." 2. Indice, présage. Patin : "Il y a quelques symptômes d'agitation dans la ville."

Sumptôma : (Bailly) 1. Affaissement. 2. Coincidence, rencontre, d'où événement fortuit, malheur, malchance. 3. Symptôme.

Sumptôsis : (Bailly) 1. Affaissement, écroulement. 2. Rencontre (de fleuves, de montagnes) ; avec idée de violence, choc, conflit, attaque. 3. fig. Evénement.

Théâtre : (Littré ) Edifice, lieu où l'on représente des ouvrages dramatiques, où l'on donne des spectacles. Condillac : "Ils (les Romains) bâtissaient quelquefois des théâtres qui contenaient jusqu'à quatre-vingt mille spectateurs : ils les bâtissaient pour quelques jours avec la même solidité que s'ils avaient dû subsister." Barthélemy : "Chez les anciens, ce mot théâtre ne signifiait pas seulement le lieu élevé où l'acteur paraissait et où se passait l'action, mais aussi toute l'enceinte du lieu commun aux acteurs et aux spectateurs." Bossuet : "N'assistez point aux théâtres ; car tout y est, comme dans le monde dont ils sont l'image, ou concupiscence des yeux ou orgueil de la vie ; on y rend les passions délectables et tout le plaisir consiste à les réveiller." Voltaire : "Le théâtre instruit mieux que ne fait un gros livre."

Théama : (Bailly) 1. Objet que l'on contemple, spectacle. 2. Spectacle agréable aux yeux ; d'où, spectacle digne d'être vu.

Théamôn : (Bailly) Qui contemple, qui regarde.

Théaomaï : (Bailly) I. Contempler, considérer. 1. En parlant de choses qui excitent l'étonnement ou l'admiration. 2. Par extension, examiner. II. Etre spectateur au théâtre. III. Passer en revue. IV. Fig. Contempler par l'intelligence.

Théatos : (Bailly) 1. Visible. 2. Digne d'être contemplé, en parlant de la contemplation par l'intelligence.

Théatrizô : (Bailly) 1. Donner une représentation théâtrale. 2. Porter sur la scène, d'où exposer aux risées de la foule.

Théatron : (Bailly) 1. Théâtre, lieu où l'on assiste à un spectacle. 2. Théâtre des actions de quelqu'un. 3. Amphithéâtre. 4. Au sens collectif : Spectateurs. 5. Spectacle.

Tragédie : (Littré) Pièce de théâtre en vers dans laquelle figure des personnages illustres, dont le but est d'exciter la terreur et la pitié et qui se termine ordinairement par un événement funeste. Voltaire : "Nous apprenons qu'il s'élève une petite secte de barbares qui veut qu'on ne fasse désormais des tragédies qu'en prose". Idem : "De tous les plaisirs de l'âme, je tiens que le premier est une tragédie bien jouée". Boileau : "Thespis est regardé comme l'inventeur de la tragédie ; il est aisé de juger combien dans ces premiers temps elle était grossière et imparfaite." Rollin : "Eschyle commenca à perfectionner la tragédie et à la mettre en honneur ; il donna à ses acteurs un masque, un habit plus décent, une chaussure plus haute appelée cothurne et leur construisit un petit théâtre." Idem : "La tragédie est encore plus faite pour être représentée que pour être lue." Etymologie : tragôidia : tragos et ôidê.

Tragôidéô : (Bailly ) Chanter pendant l'immolation du bouc aux fêtes de Bakkhos, d'où : 1. Figurer dans un chœur de tragédie ou jouer une tragédie. 2. Mettre en scène dans une tragédie.

Tragôidia : (Bailly) I. Chant du bouc, c.a.d., chant religieux dont on accompagnait le sacrifice d'un bouc aux fêtes de Bakkhos ; par suite : 1. Chant ou drame héroïque ; particulièrement tragédie. 2. Récit dramatique et pompeux, plainte emphatique. 3. Evénement tragique, c.a.d., événement malheureux et éclatant. II. Action de jouer la tragédie.

Tragôidikos : (Bailly) Tragique.

Tragôidos : (Bailly) I. Qui chante ou danse pendant l'immolation du bouc aux fêtes de Bakkhos. II. Par extension, qui chante ou danse dans un chœur de tragédie, d'où : 1. Acteur tragique, tragédien. 2. Membre du chœur tragique. 3. Poète tragique.

Tragos  : (Bailly) 1. Bouc. 2. Puberté, d'où premiers désirs. Par extension, lubricité.

Ôidê: (Bailly) ` I. Chant, particulièrement : 1. Chant de deuil. Chant de louange. Hymne. Chant religieux. Chant de guerre. Par suite, poésie lyrique. 2. Chant magique. II. Action de chanter.

Ôidéion  : (Bailly) Odéon. 1. Edifice public d'Athènes primitivement destiné aux exercices de chant. 2. Nom de divers autres théâtres pour les représentations grecques à Athènes.

La tragédie est belle dans la mesure où le mouvement instinctif qui dans la vie crée l'horrible se manifeste ici comme pulsion artistique, avec son sourire, comme un enfant qui joue. Ce qu'il y a d'émouvant et de saisissant dans la tragédie en soi, c'est que nous voyons l'instinct effroyable devenir devant nous instinct d'art et de jeu. La même chose vaut pour la musique ; c'est une image de la volonté en un sens encore plus universel que la tragédie.
Nietzsche

Victime: (Littré ) 1. Chez les païens et les peuplades sauvages, créature vivante offerte à la divinité. Corneille : "Demain au Capitole il fait un sacrifice ; Qu'il en soit la victime ! " Racine : "Pythagore disait que les dieux avaient en horreur des victimes sanglantes, et que cela était capable d'attirer leur indignation sur ceux qui prétendaient les honorer par de tels sacrifices." Fénélon : "Les Germains avaient à peu près les mêmes mœurs que les Gaulois, sacrifiaient comme eux des victimes humaines." Voltaire : "Il est sûr que c'est dans cette classe infortunée (le peuple Taïti) qu'on prend les victimes pour les sacrifices humains." Bougainville : "Quand la lune présente un certain aspect (...) ils (les Taïtiens) sacrifient des victimes humaines." Voltaire : "Nous sommes des victimes condamnées toutes à la mort ; nous ressemblons aux moutons qui bêlent, qui jouent, qui bondissent en attendant qu'on les égorge." Bossuet : "Le prix de la victime augmente le prix du sacrifice." 2. Celui qui est sacrifié aux intérêts, aux passions d'autrui. Racine : "Il fut la victime de la calomnie. De ses propres forfaits serai-je la victime ?" Idem : "Je fus la victime d'une négociation amoureuse et d'un traité que les soupirs avaient fait." 3. Familièrement, une victime, un souffre-douleur, une personne objet de plaisanteries. 4. Terme de cuisine. Côtelette à la victime, celle qui est cuite entre deux autres côtelettes qu'on sacrifie en les posant sur la braise, de sorte que tout le jus des deux côtelettes victimes passe dans celle du milieu. Aubigné : "Que je sois ta victime, o celeste beauté, Blanche fille du ciel, flambeau d'éternité (la Vérité)." Etymologie latine.

Apollon

"Le monde antique sombre avec l'anthropos theoretichos. L'élément apollinien se sépare à nouveau du dionysiaque et les deux dépérissent désormais."
Nietzsche

"Apollon est beau comme le jour. Son visage rayonne de clarté. Ses cheveux tombent en boucles d'or sur ses épaules.

Les flèches de son arc, comme des traits d'argent partis des crêtes de la montagne, frappent au loin de mort subite ceux qui l'offensent.

Quand il descend de l'Olympe, le cœur irrité, elles sonnent dans le carquois qu'il porte sur l'épaule, et il s'avance, semblable à la nuit.

Dans sa colère, il fait naître la peste, il répand les épidémies. Dans sa bonté, il guérit et purifie.

Il détruit les bêtes qui grouillent dans la saleté des villes et dans la pourriture de la terre.

Il accueille à ses autels le criminel qui a lavé sur ses mains la souillure du sang et qui l'invoque, le cœur pur.

Il dit le vrai. Il aime le beau.

Source de vie - le monde des vivants n'a pas de plus radieux luminaire.

Soleil de joie - il éblouit, il aveugle, il tue. Car il est dieu."

"(...) Le dieu de la clarté est aussi celui de l'harmonie. Apollon inventa la musique et la poésie pour l'enchantement des dieux et des mortels. Les pures mélodies qu'il tire des cordes de la lyre exaucent les désirs les plus secrets du cœur.

La musique d'Apollon emplit le cœur tout à la fois d'enthousiasme et de sérénité. Elle inspire la concorde et l'horreur de la guerre civile. Sa poésie allume, dans la nuit où vit le peuple mortel, un flambeau de joie. Elle tisse, pour le front des athlètes et des héros, des couronnes non de fleurs périssables, mais d'or et d'ivoire, mêlés à la fleur rose du corail.

Dans les clairières de l'Hélicon, près des sources du Parnasse, sur les cimes de l'Olympe, Apollon conduit le chœur dansant des Muses. Le bruit des pieds nus frappant le sol parvient, la nuit, aux villages des hommes.

Les Muses sont les sœurs d'Apollon. Neuf belles filles au teint clair, aux tresses brunes, fraîches comme les nymphes des rivières. Leur voix semble une source d'eau aussi douce que le lait.

Ces neuf filles de Zeus, comme leur frère, savent tout, et tout ce qu'elles savent elles le mettent en musique, elles en font des chansons et des danses. Leur mère s'appelle Mémoire et parfois Harmonie."

André Bonnard, "Les Dieux de la Grèce"

Dionysos

"... Car dans ce domaine presque tout (...) reste aujourd'hui à découvrir et à exhumer ! Et d'abord le problème... qu'il y a un problème, et que les Grecs, aussi longtemps que nous n'aurons pas de réponse à la question : "Qu'est-ce que le dionysiaque ?", nous resteront, avant comme après, totalement inconnus et irreprésentables."
Nietzsche

"Ce masque barbouillé de lie que des paysans ont fiché sur un poteau et couronné de lierre, c'est Dionysos. Ils se costument en satyres, bondissent autour de son image et l'acclament : ils sont les compagnons du dieu, mêlés à sa vie et à celle de la nature qu'il anime.

Il est ce figuier et la douceur de ses fruits, il est le miel des abeilles et le lait des troupeaux, il est la vigueur du bouc et du taureau. Il est ce tronc de vigne, ces pampres chargés de grappes et la joie splendide du vin.

Il est l'ivresse de la danse, et le rire et les larmes au théâtre, et le délire de la musique, et l'extase de Dieu saisi et possédé.

Il est enthousiasme - "Dieu en nous" - tout ensemble folie et sagesse suprêmes."

"(...) Au premier printemps, ce sont les Fêtes fleuries, où se déguste le vin nouveau. Des tables se dressent sur les places d'Athènes pour des banquets populaires. A l'appel de la trompette s'organisent des concours de buveurs, où se vident des pots innombrables. (...) Les Grandes Dionysies célèbrent par de beaux spectacles Dionysos Libérateur - le dieu qui a donné aux hommes non la seule ivresse du vin, mais celle de la poésie dramatique. Des jours durant, pressée sur les marches du théâtre de l'Acropole, une foule immense tour à tour rit et pleure au spectacle de l'aventure humaine. Les faunes entourent de leurs gambades les héros du drame satyrique. La fantaisie des poètes comiques invente des paradis de joie où sont bernés les politiciens, les pédants et les maris, où les paysans délivrent la Paix et couchent avec l'Abondance, où les oiseaux fondent en plein ciel une cité qui se rit des hommes et des dieux.

Née dans les campagnes attiques de la mascarade des hommes-boucs qui revivaient les aventures du dieu, la tragédie s'installe en reine aux Dionysies de la cité. Neuf fois en trois jours, elle fait vivre au peuple d'Athènes, dans la crainte des dieux, dans la pitié fraternelle des héros frappés et courageux, le destin des hommes du passé.

Dionysos enivre les spectateurs de tristesse et de joie. Il se plaît à leur rire, même s'il lui arrive d'en faire les frais. Il goûte ces architectures de poésie, de musique et de danse, que le génie de son peuple lui élève comme de beaux temples. (...)

Au-delà des îles, au-delà de la mer hellénique, le cortège du dieu de la joie envahit la terre d'Asie. Sans autre arme que le thyrse dans la main des Ménades, le dieu s'avance, tel un futur Alexandre, au plus profond du monde oriental. Sa marche est une conquête et un triomphe. Les peuples se soumettent et l'acclament. Il s'assied sur le trône des rois. Des montagnes de Lydie, les servantes de Cybèle, mère des dieux, se joignent à sa troupe, frappant le cuir tendu des tambourins. Ni tours ni remparts n'arrêtent le cortège frénétique. Il traverse l'Arabie heureuse, et les plaines brûlantes de la Perse, et les plateaux glacés de la Médie. Pour franchir l'Euphrate, le dieu jette d'une rive à l'autre une passerelle de sarments et de lierre. Des cités nouvelles se découvrent, pleines de races bigarrées. Et voici l'Inde fabuleuse..."

André Bonnard, "Les Dieux de la Grèce"

Les citations de Nietzsche sont tirées de "La Naissance de la tragédie".

Trad. M. Haar, Ph. Lacoue Labarthe et J.L. Nancy


Extraits du programme des spectacles des Atrides