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Lettre d'Ariane Mnouchkine aux jeunes mahorais de l'école nomade

 

 

Décidément, j’aurais bien aimé être avec vous pour cette première École Nomade à Mayotte tant les échos que, presque chaque jour,  m’en donnait Hélène, étaient enthousiasmants. Cela ne m’étonnait guère car lors de la première visite que nous vous avions faite, nous avions senti une telle intelligence dans vos attentes, une telle sincérité dans votre promesse d’engagement, une telle gaieté, une telle ferveur, rien qu’à l’idée de tant d’efforts  à venir, que nous étions reparties conquises et, nous-même, pleines de curiosité et d’espérances.
Eh bien, en écoutant Zacharias et la jeune fille à ses côtés, il semble que ces espérances aient été comblées et que cette École Nomade à Mayotte ait été, grâce  à vous tous, magnifique, c’est-à-dire pleine de souvenirs, bien sûr, mais surtout  de promesses.
De promesse d’amitiés durables, de promesses de projets à deux, de projets à trois, à cinq, à dix ou à vingt. De promesse d’égalité parfaite entre les filles et les garçons, égalité sans laquelle rien, absolument rien, ne pourra changer dans le monde, de promesse de liberté de conscience et d’expression, de promesse de joie, d’amour, de quête de l’excellence aussi, mais en se donnant les moyens de celle-ci, c’est-à-dire le Temps et la Confiance.
Surtout, oh, surtout, celles et ceux qui l’êtes devenus au cours de cette École Nomade, restez amis. Retrouvez-vous souvent, filles et garçons, pour réflechir ensemble, travailler, vous exercer, créer ensemble. Faites-vous confiance, écoutez-vous. Unissez vos désirs et vos forces. Faites durer ce moment. Il y a, parmi vous, jen suis sûre, novice ou professeur, quelqu’un, quelqu’une,  capable de fédérer vos envies, vos visions. Quelqu’un capable de vous écouter et vous entendre, de vous regarder et vous voir, capable de vous croire. C’est-à-dire quelqu’un capable de vous aimer. Passionément. Comme, je le sais, vous ont aimés Hélène et toute son équipe.
Et puis, si les dieux du théâtre le veulent, si vous le voulez, nous reviendrons à Mayotte, un jour, pousser à nouveau avec vous, le charriot bouleversant et inoubliable du Théâtre.
Je vous embrasse

Ariane