du 21 septembre au 09 octobre 2016
Une création de l'Atelier hors champ
Adaptation du roman de Virginia Woolf
Traduction Marguerite Yourcenar
Conception et réalisation Pascale Nandillon et Frédéric Tétart
Avec Serge Cartellier, Nouche Jouglet-Marcus, Jean-Benoit L'Héritier, Aliénor de Mezamat, Sophie Pernette, Nicolas Thevenot
Six amis sont réunis pour un repas autour de l’absence de Perceval. Leurs voix recomposent le récit de leur propre biographie, de l’enfance à l’âge mûr. Ces monologues intérieurs dont les motifs et les courbes se succèdent et s’entrecroisent, composent la variation continue des Vagues. Mais Rhoda, Jinny, Suzanne, Neville, Louis et Bernard ne sont peut-être qu’une seule et même entité, un seul et même flux de parole difracté au travers d’un prisme (les six faces d’un cristal éclairé par Perceval).
L’absence de Perceval parti pour les Indes est une force centrifuge, magnétique : le vide central qui met le cercle de la parole en mouvement, fait graviter un nombre infini d’instants, de détails, de paysages, d’histoires...
Ce que les locuteurs évoquent de leurs expériences intimes se distille toujours en quelque chose de plus substantiel et de plus large que leur existence privée. Lançant les fibres de leurs esprits loin au-delà d’eux-mêmes (comme des antennes), ils ramènent dans la chambre où ils sont réunis la totalité du réel, des espaces et des temps.
Leurs voix nous font plonger dans la blancheur d’une nappe, le reflet d’un couteau, la couleur d’un pétale, et nous emmènent aussi au-dessus des forêts, des cheminées de Londres la nuit, au-dessus de l’Inde, du Nil, nous font pénétrer l’intimité des demeures et des chambres. Dans ces allers-retours incessants et poreux entre le dedans et le dehors, la table et l’ailleurs, la préhistoire et le présent, ils sont des poètes qui soulèvent des mondes - des créateurs.
Aspirant à se fondre dans les mouvements de l’univers, ils défient avec les mots les frontières des lois matérielles et abolissent les contours de leur identité. Des seuils de perception et de conscience sont traversés.
« En ce moment, cette chambre me paraît située au centre même du monde, dit Neville, et détachée sur la nuit éternelle. Au-dehors, les lignes se courbent et s'entrecroisent, mais ici leurs méandres ne font que nous envelopper. Nous sommes au centre. Ici nous pouvons nous taire, ou parler à voix basse. » Virginia Woolf
Table ronde « Autour de l'oeuvre de Virginia Woolf »
avec Pascale Nandillon et Frédérice Tétart de l'Atelier Hors champ et Vérane Partensky (Université Bordeaux-Montaigne), Sophie Lucet (Université Paris-Diderot), Régis Salado (Université Paris-Diderot)
Dimanche 2 octobre 2016 à l'issue de la représentation. Entrée libre.