du 04 au 22 mai 2016
Par la compagnie Le Réseau (théâtre)
Traduction Irène Bonnaud et Maurice Taszman
Mise en scène et adaptation Bernard Bloch
Assistante à la mise en scène Natascha Rudolf | Scénographie et costumes Bernard Bloch et Xavier Gruel | Lumières Xavier Gruel puis Luc Jenny | Musique Joël Simon
Avec
Djalil Boumar, Deborah Dozoul, Ferdinand Flame, Robin Francier, Carla Gondrexon, Agathe Herry, Hugo Kuchel, Juliette Parmentier, Jeanne Peylet
« Cette tragi-comédie politique que Heiner Müller écrit dès la n des années 50, met au jour, de l’intérieur, les écueils d’un socialisme qui a échoué à l’endroit où il était porteur d’espoir : l’émancipation des peuples. Présenter La Déplacée ou la vie à la campagne près de 100 ans après la révolution d’Octobre, c’est proposer de réfléchir à cet échec du socialisme et tenter de reconquérir la faculté de rêver et d’inventer une issue au monde sinistre et dangereux qui se dessine.
Il y aura bientôt cent ans que la Révolution d’Octobre a eu lieu. Elle a nourri l’espoir de centaines de millions d’êtres humains puis s’est fourvoyée dans les dévoiements que l’on sait. Elle mérite pourtant que l’on s’y attarde les yeux grands ouverts.
Il se trouve que Heiner Müller avait dès la fin des années 50, composé une remarquable tragi-comédie qui mettait au jour de l’intérieur les écueils qu’il faudrait éviter pour aboutir à l’émancipation des peuples ; émancipation qui semble aujourd’hui plus lointaine que jamais.
Cette condamnation était le signe avant-coureur du désastre qui s’en est suivi. Tant que l’on ne pensera pas l’inpensé du socialisme, les idées progressistes continueront d’être reléguées dans les poubelles de l’histoire. »
La pièce
« Nous sommes en 1949. L’Allemagne est détruite, exsangue, déconsidérée et divisée en 4 zones d’occupation. La RDA quant à elle, est sous occupation soviétique. Près du tiers des Allemands de l’Est sont des réfugiés chassés de Prusse Orientale par l’Armée Rouge : on les appelle des « personnes déplacées ». Les Junkers, hobereaux prussiens qui possèdent à eux seuls 3,3 milliards d’hectares de terres, soit la moitié de la surface cultivable du pays, ont fui à l’Ouest dès 43, après la défaite de l’armée nazie à Stalingrad. Leurs terres sont redistribuées en parcelles de 5 ha dès 1945 aux « sans terre », journaliers surexploités qui vivaient il y a quelques mois encore sous leur joug.
Mais il est impossible de vivre décemment avec 5 ha de champ de patates ou de betteraves et, ici comme ailleurs, l’heure est à la mécanisation agricole. Le but non avoué de l’État est donc de réunir ces terres pour les collectiviser. Cette collectivisation forcée suscitera une résistance violente de la part des paysans. On ne touche pas impunément à la propriété privée de la terre... »
Bernard Bloch