fr | en | sp | de

Macbeth Kanaval

D’après Macbeth de William Shakespeare

du 28 janvier au 5 février 2013 puis du 16 au 28 février 2015

Traduction André Markowicz

Mise en scène : Pascale Nandillon
Assistante à la mise en scène : Aliénor de Mezamat | Collaboration artistique, scénographie, création sonore : Frédéric Tétart

Avec : Séverine Batier, Serge Cartellier, Alban Gérôme, Myriam Louazani, Sophie Pernette

Lumière : Frédéric Tétart, Soraya Sanhaji | Régie lumière : Soraya Sanhaji | Costumes : Odile Crétault | Construction décor : Loïc Richard

Les représentations de 2013 ont eu lieu à l'Atelier de Paris-Carolyn Carlson, celles de 2015 au Théâtre du Soleil

© Atelier hors champ
© Atelier hors champ
© Atelier hors champ
© Atelier hors champ
© Atelier hors champ
© Atelier hors champ

À propos

Macbeth, chef de guerre Écossais, revient victorieux d’une guerre où l’armée adverse a été éventrée.
Sur la lande qui les ramène, lui et Banquo, du champ de bataille au château, apparaissent trois sorcières. Elles prédisent à Macbeth sa promotion immédiate et sa future royauté et à Banquo une descendance royale.
Conformément aux prédictions, Macbeth est honoré : il hérite du titre d’un traître qu’on vient de décapiter.
Il précipite alors la seconde prophétie, qui lui laissait entendre qu’il serait roi.
Dans une demi-conscience pleine de visions, Macbeth poignarde son roi endormi, secondé par Lady Macbeth qui l’exhorte à tuer et parachève le meurtre. Le royaume se réveille d’une nuit d’ivresse dans un bain de sang.

Le meurtre du roi ouvre une brèche où une nature déréglée et renversée s’engouffre.
Un long cauchemar sans sommeil et sans oubli commence pour le couple, hanté par le remord et la peur.
Macbeth, consacré roi, s’enfonce dans la folie et la tyrannie. La révolte qui gronde contre son règne sanglant s’achève dans l’assaut de l’armée d’Angleterre, pendant lequel Macbeth est tué.
On consacre un nouveau roi à la tête du royaume. La tête de Macbeth décapité rejoint les chefs plantés en haut des remparts.

 

 

Note d’intention

Macbeth est l’excroissance maligne d’un pouvoir édifié sur la violence où le meurtre est la règle et non l’exception. Ce pouvoir condamne l’homme criminel mais légitime le soldat qui tue. Pour nous, Macbeth raconte un projet politique stérile, le symptôme d’une maladie qui infecte le corps de l’état – l’histoire d’un échec en germe dans tout état.

Macbeth tue le roi pour être roi. Mais « le sang appelle le sang ». Le meurtre sériel de Macbeth instaure la répétition de l’acte, du temps, détruit la narration. Une stase sans fin s’ouvre et se ferme en miroir sur les mêmes images : un homme ensanglanté, une décapitation, un couronnement. C’est une intersection entre deux possibles : répéter le meurtre ou ne pas le répéter. Mais le meurtre engendre le meurtre et ne peut pas suspendre l’hémorragie de l’histoire.
La conscience soudaine de ce crime perpétré hors du cadre de la guerre ouvre chez Macbeth une brèche qui tue le sommeil et l’oubli. Elle le place à la lisère de deux mondes où les morts accumulés de l’Histoire viennent l’effrayer et hantent l’espace du théâtre. Ce surcroît d’humanité le rend inapte à l’exercice du pouvoir. Il rate son entrée sur la scène de l’Histoire.

Au moment où meurt Lady Macbeth, Macbeth, « pauvre acteur », découvre qu’il a toujours été seul, que le dialogue du théâtre n’était qu’une illusion, le langage un vacarme, 

le récitant un fou attelé à une tâche impossible. Le monde n’est qu’un théâtre, le lieu où s’exhibe la défaite du sens : « un récit / Conté par un idiot, plein de bruit et de fureur, / Ne signifiant rien. »

Notre adaptation concentre et précipite ce récit à partir de fragments - elle en fait la matière d’un long poème dramatique découpé en mouvements. Notre montage fait apparaître les raccords analogiques et thématiques, creuse les leitmotivs primitifs qui structurent souterrainement le texte, soulève les images qui peuplent l’insomnie des corps et des voix. Ce matériau choral est porté par cinq acteurs et une partition sonore.

Des bandes magnétiques tournent sur des magnétophones à vue au plateau et diffusent la mémoire des différentes versions cinématographiques et radiophoniques de Macbeth (Carmelo Bene, Kurosawa, Orson Welles, Apocalypse Now...), des extraits d’archives historiques et les voix off des acteurs. Voix du plateau et voix enregistrées flottent comme autant de fantômes du musée-théâtre et de l’Histoire. La voix des acteurs est toujours au- delà ou en-deçà, bordant l’entre-deux où la parole est stupéfaite. À travers eux quelque chose parle : le refoulé qui habite le corps du possédé et celui de l’acteur.

 

 

 

 

Téléchargements