^{Préparation de La Grande Nuit dans les loges du Théâtre du Soleil. Photo Virginie Johan.}

     Le Théâtre du Soleil vous convie cette fois encore à l’une de ses extraordinaires nuits blanches. Les thèmes en ont été spécialement choisis pour mettre en contraste les grandes figures et entités mythiques du Kathakali dans leurs incarnations les plus puissantes. Celles-ci seront divines, titanesques, amoureuses, héroïques, bestiales, démo- niaques, et bien d’autres encore ! Six épisodes variés (certains présentés au Théâtre du Soleil pour la première fois), entrecoupés d’entractes, illustreront les joutes spectaculaires des forces antagonistes pour tenter de remettre de l’ordre dans l’univers en péril et restaurer l’harmonie entre les humains. Les oppositions abruptes du Kathakali entraînent le spectateur aux confins de ses émotions. Les acteurs-danseurs semblent venus d’un autre monde pour l’émerveillement du nôtre. De nos jours, la grande tradition des Nuits Épiques jusqu’au soleil levant, se perd peu à peu, même au Kerala... mais le Théâtre du Soleil a plus d’une fois renoué avec les traditions des théâtres porteurs d’un savoir aux origines lointaines !
Participeront à cette Grande Nuit, quelques-uns des maîtres présents lors des précédentes tournées internatio- nales depuis 1967. Cet événement sera pour tous un moment rare, par sa rupture avec la routine du quotidien et son rappel à des valeurs humaines intemporelles. Il invite chacun de nous à retrouver, le temps d’une nuit, ces saveurs enfouies et revivifiées par la magie du Kathakali.

Milena Salvini, Centre Mandapa

Le Kathakali est le théâtre dansé de la région du Kerala, dans le sud de l’Inde. Hérité de l’ancien théâtre sanskrit Kutiyattam et des rituels de transe des temples hindous, il s’est développé au début du 17^e siècle. De style Tandava (dynamique) le Kathakali s’est transmis dans une caste d’artistes exclusivement masculins qui consacrent leur vie à interpréter les rôles mythologiques. Les costumes et maquillages somptueux sont caractéristiques du Kathakali, les couleurs et ornements sont codifiés et définissent la qualité des personnages pour transformer les acteurs en dieux vivants.
L’apprentissage est basé sur une pratique corporelle intense. Sur cette formation s’élabore le jeu subtil des ex- pressions et du langage gestuel. La communication du Rasa – saveur partagée avec le public – s’acquiert après?de longues années d’expérience. Le texte est interprété par deux chanteurs dans un style mélodieux et récitatif, chargé d’émotion. Les deux percussionnistes – sur les tambours maddalam et chenda – accompagnent chaque mouvement et intention de l’acteur. Ils contribuent par leurs sonorités telluriques et le déferlement rythmique à la dimension magique des représentations.

Michel Lestréhan, Cie Prana

     ^{Photo Virginie Johan.}