du 28 février au 18 mars 2011
Le Théâtre du Soleil
accueille au Théâtre de l’Aquarium
Machigai no Kyogen de Yasunari Takahashi
Précédé de Boshibari et Kusabira
En japonais, surtitré en français
Mise en scène de Mansai Nomura
Avec Mansai Nomura, Ukon Miyakeet Yukio Ishida
Et les musiciens Hiyoruki Matsuda, fue (flûte), Hitoshi Sakurai, taiko (tambour)
Dans le cadre du 15ème Festival de L’Imaginaire, avec La Maison des Cultures du Monde.
Avec le soutien de Tokyo Metropolitan Governement et Agency for Cultural Affairs, Gouvernement du Japon, 2010.
Avec le Nô, le Bunraku et le Kabuki, le Kyôgen est l’une des quatre formes représentatives de l’art théâtral classique japonais. Le Kyôgen est une forme de comédie populaire médiévale qui est apparue dans la région de Kyoto en même temps que le Nô, au début du XIVème siècle. Un peu à la manière de la Commedia dell’arte en Italie, il s’agissait à l’origine d’une forme improvisée plutôt simple et sans texte ni auteur défini. Puis, vers le milieu du XIVème siècle, il est devenu habituel pour les acteurs de Nô d’intercaler des scènes de Kyôgen entre les cinq pièces de Nô. Progressivement, combinant ainsi deux formes théâtrales contrastées, l’acteur principal des scènes de Kyôgen s’est mis à
interpréter le rôle de « ai » (intervalle comique) au milieu de chaque pièce de Nô.
Tandis que le Nô met l’accent sur la méditation et la mémoire, le péché et le salut, le Kyôgen témoigne ouvertement de la nature humaine en maniant merveilleusement bien l’humour.À l’ère Muromachi (XIVème - XVème siècles), les représentations de Kyôgen et de Nô attiraient des milliers de spectateurs, sans distinction d’âge, de classe ou de genre. L’origine de ces deux traditions est étroitement liée et peut être mise en parallèle avec l’utilisation par Shakespeare de la tragédie au cœur de la comédie, ces formes ayant toutes deux pour objectif de montrer les gens tels qu’ils sont réellement. Bien que le Kyôgen et le Nô aient conservé des liens très proches, la popularité grandissante du Kyôgen a permis aux représentations indépendantes de se multiplier. Ce phénomène est largement dû à la grande accessibilité de cette forme qui combine une intrigue et des personnages simples, une parole clairement adressée, un jeu stylisé et expressif et des temps de spectacle courts. Ajoutez à cela un répertoire riche de plus de deux cents pièces, et il est alors aisé d’expliquer la récente émergence de nombreux acteurs de Kyôgen de grand renom.
Le Kyôgen des erreurs, dédié à la Compagnie de Kyôgen Mansaku-no-Kai a été écrit par le professeur Yasunari Takahashi. À part des coupes mineures, pratiquement toutes les scènes majeures de La Comédie des erreurs sont reproduites dans Le Kyôgen des erreurs. Les principales différences concernent le nom des lieux et des personnages. Le lieu situé en Italie et nommé Syracusa (Syracuse dans la pièce de Shakespeare) rappelle le lieu nommé Shirakusa au Japon qui signifie « herbe blanche » et a donné l’ « île blanche » dans l’histoire. Sachant cela, Ephèse — lieu où se déroule la pièce de Shakespeare — devient Kurokusa (« herbe noire » ou « île noire »). La mer Méditerranée de Shakespeare est remplacée par l’archipel « Seto-naikai » — un archipel situé dans la partie est du Japon.
Antipholus s’appelle Ishinosuke, et Dromio devient Taro-kaja — nom habituel de l’équivalent d’Arlequin dans le Kyôgen traditionnel.
Permettez-moi à présent de vous donner une clef pour mieux comprendre la pièce, une règle que j’ai créée. Durant la représentation, les jumeaux de l’Île Blanche entrent et sortent uniquement par le rideau blanc situé à gauche de la scène, tandis que leurs homologues de l’Île Noire (joués par les mêmes acteurs) utilisent le rideau noir situé à droite de la scène. Une fois que vous avez compris cette règle, riez et régalez-vous devant la confusion des personnages.
Mansai Nomura