du 04 au 05 juin 2011
Le Centre Mandapa accueille au Théâtre du Soleil, abrité au Théâtre de l'Aquarium,
La Grande Nuit Carnatique (Musique de l’Inde du Sud)
Grand Concert en trois volets, avec 23 musiciens venus de l’Inde.
Dans le cadre de Namasté France et de la Quinzième édition du Festival de l'Imaginaire (Maison des Cultures du Monde)
Les différentes “Nuits du Raga“, en particulier le concert cyclopéen des “24 Heures du Raga“ du 1er et 2 janvier 2000, ont laissé leur empreinte dans toutes les mémoires. Jusqu’ici consacrées à la musique de l’Inde du nord, ces nuits musicales ont révélé les relations intemporelles des modes du style hindo-moghol, à ses techniques vocales et à sa grande variété d’instruments. Il s’agit cette fois-ci de découvrir la musique de l’Inde du sud : un tout autre monde dont l’histoire est jalonnée par tous les grands dévots, à la fois poètes lyriques et musiciens novateurs qui laissèrent une œuvre gigantesque, riche de milliers de chants dévotionnels dédiés à la fois au pur concert et à la danse.
Les racines millénaires de la musique de l’Inde dans sa forme incantatoire ont laissé leur empreinte dans les différentes régions de ce vaste territoire. Toutefois au cours des siècles, deux styles différents se distinguèrent et devinrent des traditions savantes : au nord le style hindoustani, imprégné de la culture persane et islamique, au sud le style dit “carnatique“ (“ancien“) dont l’origine serait issue du Karnataka, région considérée comme dépositaire de l’identité propre de la musique de l’Inde, c’est-à-dire non altérée par des interférences étrangères à son sol. Ainsi, la musique carnatique serait la plus ancienne, dans sa forme classique, et la seule intrinsèquement indienne. Au XIVème siècle, cette antique tradition musicale prit naissance, se répandit et se développa sur l’ensemble des principales régions du sud : le Karnataka, le Tamil Nadu, l’Andhra Pradesh et le Kerala. Des systèmes
musicaux s’instaurèrent à partir des langues régionales et de leur prosodie propre sous l’impulsion de musiciens-poètes qui laissèrent leur nom dans l’histoire de cette musique et l’ensemble de son répertoire. Outre le vaste panorama de formes lyriques ainsi constituées, la musique carnatique comporte (comme la musique hindoustani) l’ancienne tradition devenue classique du développement du raga (cellule mélodique) dont la structure rejoint dans son essence, une relation émotionnelle et extra-sensorielle avec les heures du jour et de la nuit, les saisons, ou encore les états affectifs.
La musique de l’Inde du sud, dite carnatique, se singularise par la richesse de son instrumentation et ses variétés linguistiques : le kannada, le télougou, le tamoul et le malayalam, outre le sanscrit. Ce festival sera un kaléidoscope des différentes formes musicales régionales dans les registres suivants : la musique vocale (féminine, masculine), la musique instrumentale répartie en autant de solos (flûte, veena, violon, mandoline, nadashwaram), les instruments à percussion d’accompagnement ou en groupe (mridangam, ghatam, kanjira, morsing, tavil, solkattu). Le point culminant de cette musique s’étend du XVème au XIXème siècle : immense palier dans le temps au cours duquel des musiciens-poètes s’illustrèrent et se succédèrent laissant ce qui constitue aujourd’hui une part essentielle du patrimoine carnatique. Le XVIIIème siècle est considéré comme l’âge d’or de la musique carnatique par une floraison de poésies lyriques dévotionnelles portant le sceau du style personnel de leurs auteurs (dont ceux qui constituèrent la célèbre Trinité), pour la plupart de grands sages mystiques qui ont su porter l’expression artistique de la dévotion pure à des sommets inégalés dans les autres styles musicaux de l’Inde. Ce sont ces œuvres de factures diverses qui constituent la trame des programmes de danses traditionnelles de l’Inde du sud (du Bharata Natyam en particulier).