du 04 au 22 décembre 2001
Création de François Tanguy et du Théâtre du Radeau - Le Mans
Mise en scène et scénographie François Tanguy
Avec Frode Bjørnstad, Laurence Chable, Fosco Corliano, Katja Fleig, Erik Gerken, Muriel Hélary, Karine Pierre
Son Mathieu Oriol
Régie générale Hervé Vincent
Construction, décor Fabienne Killy, Hervé Vincent, Jean Cruchet et des acteurs
Les Cantates, nouvelle création de François Tanguy et du Théâtre du Radeau, ont été patiemment composées en un an de travail, dans la Tente installée aux Subsistances en périphérie de la ville du Mans. Gravitant entre fabulation, allégorie et réalité concrète de la matière et des corps, Les Cantates font écho à une mémoire d'un théâtre archaïque qui nous renvoie à notre propre errance. Les Lumières, les apparitions, l'amplitude des sons, la langue, l'espace, les fragments de texte de Dante à Brecht, font entendre l'évidence poétique du spectacle. Ne pas chercher un récit dramatique ou une trace narrative; être réceptif aux perceptions des sens et du mouvement.
Le mot "Cantate" pour dire ce mouvement du transport des âmes et des corps, (...) comme des fonds de théâtre qui garderaient l'empreinte des surgissements et des enfouissements, des élans et des chutes... Aller et venir de part et d'autre de ces frontières par où passent et changent les matières, les respirations. (...)
François Tanguy
"Aller aux Simples", c’est aller ramasser, cueillir les herbes. Et les simples sont des corps composés. Ils composent avec les corps par filtration, passant à travers corps et âmes, lumières et matières, mouvement et repos. On peut le dire des particules, des mémorations, des humanités, des étreintes.
"Aller aux seuils", c’est comme faire remonter les simples dans les corps constitués. Mais c’est une image. Décantation des simples vers les seuils, là où les consistances des simples qui composent les corps et les incorporels, entrent en résonnance. Incantation des consistances vers les seuils, où les fabulations, les motifs, les expressions, les objets, les matériaux, les animés par quoi les consistances se rappellent aux figures, ressortent au vif. La présence et les empreintes, l’absence et l’accident, l’adresse et le silence. Et toutes les forces qui ” sont ” dans les champs. Les figures sont les tracés,
par où les revenants qui consistent en elles, comme une empreinte des forces, découpent les surfaces. Et les surfaces font monter les traits, – les intercesseurs, par où la vision entre dans le regard, met l’espace dans le regard et le regard dans l’espace. Et le regard s’étend dans l’espace qu’il contracte, comme herbe qui contracte telle ou telle propriété, comme geste telle ou telle faculté, comme animal telle ou telle figure. On voit ça, dans les grottes où sont les peintures.
Les surfaces sont ces visages qui interceptent les traits, réfléchissent la lumière, transfigurent les corps, les sons, les simples. La ligne du dehors. La ligne de transport, de tresse.
"Aller aux cantates" à travers champs.
François Tanguy (29 mai 2000) Extrait Le radeau.fr