du 06 au 10 mars 2001
Avec Khema de Costa, Upeka da Silva
et Simon Singho Welabadage, leur maître
La chanteuse Athapattu Mudiyanselage Shirani Jayanthimala Kumarihami
Les musiciens Koralegedara Gunaratna Banda, Koralegedera Herath Banda,
P. M. Karunaratne Banda, K. G. Udaya Priyakumara, Nuwan Ranjith Priyanga, Prasanna Rupathillake, Mahinda Gunasiri Walpita
Trois danseurs guérisseurs des villages : Karunachchari Vidyaratna Fernando,
Karunachchari Thompson Jayapala, Undugodage Dhanapala Rodrigo,
et Thajithangani Dias une de leurs élèves.
Khema de Costa
a été initiée dès l'âge de 4 ans aux danses traditionnelles du Sud et à celles de la région de Kandy au sein des plus grandes lignées de maîtres cinghalais, tel que Simon Singho Welabadage. Par son style tandava (traditionnellement masculin), Khema recrée les anciens rituels tout en les adaptant aux techniques contemporaines qu'elle découvre en 1980.
Upeka da Silva
est la fille du célèbre couple de danseurs cinghalais, Chitrasena et Vajira. Elle se produit dès l'enfance sur les plus grandes scènes du monde au sein de la célèbre troupe dirigée par ses parents. Elle s'affirme rapidement en tant que soliste par son style, en mêlant habilement techniques traditionnelles, interprétation moderne et art dramatique. Aujourd'hui, elle porte et perpétue la tradition des danses de Kandy comme danseuse et maître, puisqu'elle dirige l'école de danse créé par son père.
Il reste au Sri Lanka une poignée de danseuses, danseurs, tambours et guérisseurs qui connaissent encore les rituels, et qui s'efforcent de les transmettre. Ils maintiennent ainsi en vie, dans un pays déchiré par la guerre civile et fragilisé comme tant d'autres par la commercialisation du monde, un art à peine connu chez nous, les danses sacrées cinghalaises, ainsi que les danses dites thérapeutiques, dont la beauté, la grâce, la fougue rythmique sont telles, que depuis longtemps nous rêvions de vous les faire découvrir.
L'origine des danses du Sri Lanka remonte aux temps immémoriaux de ses tribus aborigènes et de ses démons. Une légende cinghalaise raconte que les Danses de Kandy nacquirent il y a 2500 ans d'une cérémonie de magie qui désensorcella un roi possédé…
Il existe aujourd'hui trois types distincts d'écoles de danse au Sri Lanka : celle de Kandy (de la région des collines), celle de Sabaragamuwa (du centre), et celle de la côte Sud. Seules les danses de Kandy sont devenues typiquement cinghalaises, étroitement associées à l'idée de danse nationale. Pourquoi ?
Alors que le Sri Lanka a été successivement colonisé tout au long de son histoire, le Royaume des Collines résista à l'envahisseur étranger jusqu'en 1815. Dans cette région où demeurent les "arts presque oubliés", la danse se développa sous le patronage des rois et c'est grâce à la tradition orale qu'elle put se propager à travers les villages. Sur les sons et les rythmes des tambours (symboles de la parole et de la magie), les danses se fixèrent, sous plusieurs formes : Ves (la plus ancienne, magique), Naiyandi (danse de cour), Udeki (danse rituelle), Pantheru (jonglage et équilibre avec disques), Vannam (solos dansés sur des chants couvrant de nombreux thèmes, dont dix-huit "classiques"). Durant notre siècle, ces danses ont considérablement évolué sous l'impulsion de grands maîtres comme Chandralokha, I'homme de théâtre Seebert Dias, et surtout Chitrasena et son épouse Vajira. En gardant le mystère et la rigueur technique originelle, ces danseurs ont enrichi leur tradition par les influences venues de l'Inde du Sud (Bharata Natyam et Kathakali) et par leurs recherches vers la danse contemporaine. Répondant à l'envie du peuple cinghalais, ils ont magnifiquement su adapter les formes de la danse ancienne à la représentation dramatique et au ballet.
Initialement réservées aux hommes (tandava) ces danses sont aujourd'hui aussi féminines (lasya). Elles allient force et grâce sur les rythmes innombrables des percussions. Le danseur de Kandy raconte une histoire mais n'utilise pas les mudras, comme dans la tradition indienne. Il peut incarner un animal dans son essence même, donner vie aux héros mythiques. Le répertoire est d'une richesse infinie.
Ravi Shankhar a demandé aux danseurs Vajira et Chitrasena de créer une chorégraphie sur sa musique. De nombreux artistes, comme Martha Graham, le mime Marceau, les étoiles russes, ont puisé à la source mystérieuse de ces danses.
L'entraînement traditionnel est d'une grande rigueur technique et s'effectue en musique, sur les douze rythmes de base : au départ, à la barre douze séries d'exercice orientent le danseur, la danseuse dans sa quête de l'équilibre et dans l'étude rythmique des pas, puis douze autres séries d'exercice dans l'espace permettent de rechercher les mouvements raffinés des bras et des mains, la virtuosité des pirouettes et des sauts, la vitesse des incroyables "tourbillons" … Le danseur, la danseuse acquiert un contrôle parfait de chacune des parties de son corps. Il, elle travaille géométriquement les trois dimensions de l'espace et c'est dans le code de ces danses pures qu'il, elle développe sa propre créativité.