Nous avons commencé à confier une partie de nos costumes à la Bibliothèque nationale de France. Certains costumes ont été numérisés et sont désormais accessibles en consultation détaillée sur Gallica ou sur rendez-vous à la BnF.
Au Théâtre du Soleil, la façon de faire les costumes diffèrent des usages : on ne passe pas par une maquette comme il en est souvent l’habitude. Les comédiens cherchent leur personnage au gré des répétitions. Lorsque celui-ci apparait souvent soudainement – ce qu’Ariane Mnouchkine appelle poétiquement l’oiseau de théâtre. « Je me souviens encore […] de moments de tremblements physiques, vraiment de peur, de joie en voyant de petites choses qui commençaient à apparaître sur le plateau. Des petites naissances donc des reconnaissances […] Moments où d’un coup on se disait, je ne sais pas pourquoi mais, cela c’est du théâtre » sans pouvoir vraiment définir cela et pourquoi cinq minutes plus tôt, cela n’en était pas du tout. […] Tout d’un coup, il y avait un oiseau qui arrivait, l’oiseau de théâtre, qui venait et se posait sur l’épaule d’un acteur, d’une actrice ou d’un groupe d’acteur ; le théâtre était là et
il allait falloir apprendre à ne pas en vouloir trop, peut être même à ne pas vouloir du tout. […] Je crois qu’on a pris conscience qu’il fallait être comme des écuelles magiques, des contenants. »* C’est donc le moment et la façon dont le comédien ou la comédienne vont être habillés à l’instant T qui va permettre – entre autre – la construction physique du personnage.
Sylvie Perault, anthropologue du costume de scène et d'écran. Collectif de recherches Corps et Costumes de scène www.cerpcos.com
*A.Mnouchkine in Alternatives théâtrales N°70/71, Paris 2001-25