Bonjour,
Chers amis, de Paris, d’ailleurs et de partout,
Il y a tant de choses à vous dire depuis notre dernière lettre de mars 2008… Voici donc toutes les nouvelles, les bonnes surtout.
1) Notre anniversaire.
Nous avons eu 45 ans. Accaparés que nous étions, engloutis dans nos répétitions, nous n’avons pas trouvé le temps à ce moment-là de les fêter comme il aurait fallu. Et puis vous n’étiez pas là. Or, c’est avec vous que nous devons un jour fêter notre longue vie ensemble. Vous, notre public, qui nous portez si fidèlement, si tendrement depuis ce jour de mai 1964.
2) A propos d’anniversaire, un somptueux cadeau venu du Nord.
Imaginez : Ariane a reçu le « Prix International Ibsen ». Ce prix, décerné par la Norvège, récompense un ou une artiste pour l’ensemble de sa carrière. Chose rare, cet honneur est assorti d’une très importante somme d’argent. 2 500 000 couronnes norvégiennes, 286.728,71 euros !
Ce pactole inattendu et qui tombe à pic — vous vous rendez compte, en pleine production d’un spectacle ! — nous sera remis par la présidente du jury, Liv Ullman, le 10 septembre, à Oslo.
Nous sommes très contents ! Nous vous raconterons, en images !
3) C’est finalement aux Etats-Unis que nous avons donné les dernières représentations des Ephémères. Et, vous savez quoi ? A la fin du spectacle, les new-yorkais vous ressemblaient.
4) Le film réalisé en public pendant les représentations des Ephémères à Saint-Etienne est désormais sur DVD et sera disponible en novembre au Soleil, chez nous et seulement chez nous, pendant ce premier mois. Après, partout.
5) Il y a eu un beau stage au Soleil en février. Nous étions très nombreux, venus du monde entier, plein d’esprit de recherche, de curiosité, d’amour du théâtre et d’espoir en ceux qui feront celui de demain.
6) Nous avons commencé à confier à la Bibliothèque Nationale de France (BnF) certaines de nos archives (photos, programmes, notes de répétitions, documents sonores, captations filmées de pièces, articles de presse, costumes, etc…) afin qu’elles y soient correctement conservées, et aussi, aisément consultables par tous les chercheurs, archéologues, anthropologues, ethnologues du théâtre, ainsi que les professeurs, les professionnels, les amateurs, les spectateurs, bref, tout le monde ! Pour connaître les conditions d’accès, rendez-vous sur le site de la BnF, Département Arts du Spectacle, 58 rue de Richelieu à Paris.
7) A propos de site, nous travaillons depuis plusieurs mois à fondre celui du Théâtre du Soleil avec celui dit du “bacausoleil”.
8) A propos de “Bac”, savez-vous que c’est notre traduction d’Agamemnon, enfin celle d’Ariane, qui est inscrite au programme du Baccalauréat-théâtre ? Encore une fois, le Soleil est au programme, encore une fois, cela nous rend très fiers.
Voilà aussi pour nous l’occasion de nous lancer dans une vaste entreprise de réédition de nos ouvrages épuisés : ainsi, après Agamemnon, suivra La Ville Parjure, ou le réveil des Erinyes d’Hélène Cixous, depuis trop longtemps introuvable, et qui sera assorti de l’édition DVD du film documentaire réalisé autour du spectacle. Puis, ce sera au tour des Shakespeare, pour lesquels nous imaginerons un coffret avec quelques photos, et des cartes postales de tous nos spectacles. Nous continuons aussi, grâce à nos fidèles amis de Bel Air Classiques, le transfert sur DVD de nos films : 1789 et Au Soleil même la nuit dont l’édition est prévue pour janvier 2010, et sera agrémentée d’un supplément comportant quelques scènes originales du Tartuffe.
9) Le Théâtre Aftaab, oui eux, vous vous souvenez, le Théâtre du Soleil afghan, cette jeune troupe de Kaboul que vous avez vu jouer, que certains d’entre vous ont même si amicalement aidée et soutenue financièrement, elle est là, de nouveau avec nous, au travail, depuis le 1er mars. Les acteurs de la troupe répètent une création collective mise en scène par Hélène Cinque, qui nous accompagne dans tant de ces aventures. Ils l’ont intitulée Ce jour-là. Ce spectacle sera joué en avant-première à la Cartoucherie, chez nos voisins du Théâtre de l’Aquarium (parce que chez nous, il y a notre spectacle en préparation, en construction, en répétition, et qui occupe tout l’espace) du 7 au 13 septembre, pour 8 représentations seulement, en alternance avec une reprise de leur précédent spectacle, Le Tartuffe. Ces deux spectacles partiront ensuite en tournée à Lyon et dans sa région. Ce jour-là sera repris au Festival Premiers Pas les 2, 3 et 4 octobre, puis le Théâtre Aftaab rentrera à Kaboul où il continuera courageusement à former et à servir le public afghan.
Comme toujours, nous comptons, ils comptent sur vous, c’est votre présence, vos encouragements s’ils les méritent, qui leur donneront la joie et la force pour continuer envers et contre tout dans leur pays toujours en guerre.
Nous ne pouvons terminer ce chapitre sans remercier très, très chaleureusement agnès b. qui nous a prêté l’argent pour porter ce projet. Qu’elle trouve ici l’expression de notre très sincère gratitude, pour la confiance et le soutien qu’elle nous prodigue, pour la seconde fois, avec tant de discrétion.
10) Le Théâtre Aftaab et d’autres jeunes troupes se retrouveront sous chapiteau à la Cartoucherie, du 3 septembre au 11 octobre, pour la nouvelle et septième édition du Festival Premiers Pas.
Toutes les informations sur le site www.premiers-pas.fr et, bien sûr, par téléphone.
11) Et maintenant, le prochain spectacle !
L’Autre Route
(titre provisoire)
Une… création mi-collective… mi-écrite par Hélène Cixous…
librement inspirée… d’un mystérieux roman… posthume de…
Jules Verne.
Quel roman ? C’est ça justement qui est mystérieux ! C’est l’histoire d’un… d’une… de… des…
Une île… un naufrage… une utopie… Voici quelques notes aux acteurs, issues de nos dernières répétitions…
3, 4, 10 août — Sur le chemin d’une grande découverte
Ils sont tous des expérimentateurs. Ils cherchent continuellement. Si vous ne vous rivetez pas en musique sur l’état de ce que vit votre personnage, je ne vois plus rien. […] Ils découvrent, ils inventent, ils expérimentent, c’est plus grand qu’eux. Ce qu’ils font avec leur misérable petit bout de fil, de drap, de glaçon, c’est plus grand qu’eux et c’est cela qui les tient tous ensemble comme sur un tapis volant. […] On ne devrait pas appeler cette scène « répétition », mais « prove », « essais », ils sont conscients qu’ils écrivent, ils essaient, ils créent, ils cherchent, ils travaillent, ils mettent en place.
4, 13 août —L’artisanat du décor, sa pauvreté
J’aime la banquise comme ça, dépenaillée. On dit “gâcher du plâtre”, ça veut dire “mélanger du plâtre”, on doit trouver cette expression dans notre banquise. On doit être dans l’artisanat pur.
4, 10 août — Faire un Jules Verne
Nous ne faisons pas un Shakespeare, ni un Tchekhov, nous faisons un Jules Verne, nous faisons une épopée où les personnages sont là pour raconter une histoire. C’est leur faiblesse et c’est leur force. Il y a une innocence. Il n’y a pas Iago, il y a autre chose, il y a une histoire édifiante, une utopie, un rêve […] il y a une histoire qui nous donne les moyens de raconter de façon innocente un rêve historico-politique, et de ré-insuffler de l’émotion dedans. […] Quand je vois ces mots et ces êtres dans un bateau de bric et de broc avec de la neige en papier, ça me raconte tout le début du XXème siècle.
11 août — Des personnages naissants
Laissez-vous l’air, le temps, même si vous maintenez l’activité. […] Plus vous êtes « jules-vernien », c’est-à-dire, simples, plus j’y crois, plus cela devient complexe, plus vous êtes naïfs dans le sens noble du terme, c’est-à-dire naissants, plus les mots s’incrustent dans ce ciel gris, et plus j’entends. Il y a une façon de prendre le temps qui est nécessaire.
Oh ! et puis, vous verrez bien ! Patience.
La première est prévue le mercredi 11 novembre.
Quelle date, nous direz-vous ! Oui. C’est un indice.
A vous maintenant, à vos téléphones ! Les locations sont ouvertes !
A bientôt. Nous vous espérons. Nous vous attendons.
Le Théâtre du Soleil