Le 03 mars 2025
Tables rondes thématiques organisées par l’INALCO et Desk Russie le 24 février 2025.
Mot d’introduction par Tetyana Ogarkova, en visioconférence depuis Kyïv : La résilience de la société ukrainienne.
Première table ronde : Violences et spoliations dans les territoires occupés. Avec Florence Hartmann, Christian Castagna et Véronique Nahoum-Grappe. Modération : Sylvie Rollet
Deuxième table ronde : Le monde occidental face à la guerre en Ukraine. Avec Nicolas Tenzer et Vincent Hugeux. Modération : Iryna Dmytrychyn.
Troisième table ronde : La Russie, peut-elle survivre à la guerre ? Avec Laure Mandeville et Aurélien Duchêne. Modération : Galia Ackerman.
Quatrième table ronde : La situation militaire et perspectives. Avec le général Michel Yakovleff et le général Nicolas Richoux. Modération : Philippe De Lara.
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Appel lancé par l'association Pour l'Ukraine
L’Ukraine vit des heures angoissantes. L’armée russe, forte d’un budget militaire de 106 Md€ qu’elle veut porter à 135 Md€ en 2025, poursuit son invasion au prix de dizaines de milliers de morts et de la destruction systématique des infrastructures vitales de l’Ukraine : ses centrales énergétiques, ses hôpitaux, ses usines. Malgré la résistance héroïque des Ukrainiens, elle gagne du terrain grâce aux demi-mesures et aux retards de l’aide apportée par leurs alliés, qui se gardent bien de désigner la seule issue admissible de cette guerre : le retrait de la Russie dans ses frontières.
Paralysés par le « chantage au nucléaire » de Vladimir Poutine, Joe Biden et les dirigeants occidentaux ont livré à contretemps des armements en quantité et de portée limitées, sans procurer à l’Ukraine les moyens de la victoire. Préoccupés avant tout par le souci de ne pas concourir à une « escalade », ils ont laissé le Kremlin franchir successivement toutes les étapes de la surenchère militaire, jusqu’à l’arrivée ces derniers jours de 10 000 soldats nord-coréens, couronnée par l’emploi de charges chimiques et d’un missile balistique hypersonique.
Tétanisés par les rodomontades de Donald Trump, les gouvernements européens se préparent-ils mezza-voce à accepter, avec un lâche soulagement, que la nouvelle administration américaine négocie un accord de cessez-le-feu au détriment de la volonté ukrainienne ?
La trahison de l’Ukraine signerait l’arrêt de mort du projet européen : triomphant aujourd’hui, Poutine reprendrait dans deux, cinq ou sept ans ses guerres de conquête contre l’Ukraine, mais aussi la Géorgie, la Moldavie ou les Pays baltes. L’ensemble du continent glisserait vers l’abîme. Notre sécurité, nos libertés et nos valeurs sont directement menacées. Il faut donc agir, vite.
L’OTAN est suspendue au bon vouloir de la Maison blanche. L’Union européenne se heurte à l’indécision et à la pusillanimité de certains chefs d’État et de gouvernement et au double jeu du premier ministre hongrois Viktor Orban. C’est pourquoi, nous appelons à la mobilisation de tous les citoyens européens : si l'OTAN ne prend pas rapidement ses responsabilités pour inviter l'Ukraine à rejoindre l’Alliance atlantique, il faut que se mette en place une coalition des États européens volontaires ─ qu’ils soient ou non membres de l’UE (comme le Royaume-Uni ou la Norvège).
Cette coalition pourrait s’accorder sur un ensemble de mesures :
1. Assurer le financement de l’armement nécessaire, réclamé par Kyiv, en confisquant et transférant à l’Ukraine les 210 Md€ d’avoirs de la Banque centrale de Russie actuellement bloqués en Europe (le prêt en cours de l’Union européenne pouvant, quant à lui, reposer sur d’autres garanties). Non seulement cette confiscation est autorisée par le droit international, mais l’urgence la justifie : les besoins du pays ruiné par la guerre d’agression, évalués par la Banque mondiale à 483 Md$ au 1er janvier 2024, s’élèvent aujourd’hui à près de 800 Md$ selon le gouvernement ukrainien. Cela raffermirait aussi la souveraineté collective européenne sur la scène internationale.
2. Protéger le ciel et la frontière Nord de l’Ukraine :
- En autorisant les Ukrainiens à frapper en Russie, avec les armes que nous leur procurons, tous les sites militaires d'où partent les attaques de Moscou ;
- En fournissant une quantité significative de batteries et de vecteurs anti-aériens, afin d'arrêter la destruction des infrastructures civiles ;
- En neutralisant avec le concours de nos forces aériennes et antiaériennes, depuis l’espace européen, les missiles et drones à moyenne et longue portée lancés contre les villes ukrainiennes ;
- En envoyant des forces militaires prépositionnées, réunies par la coalition des pays volontaires. Chargées de missions de logistique (formation, maintenance et réparation, déminage, soutien médical et sanitaire), elles assureraient également la surveillance de la frontière de l’Ukraine avec le Bélarus. Cela permettrait aux troupes ukrainiennes immobilisées sur ces positions de rejoindre le front. Cette présence défensive serait la meilleure réponse à l’implication aux côtés des forces russes de troupes du régime totalitaire de Kim Jong-un et le signe de notre détermination, afin de dissuader Poutine d’aller plus loin.
3. Refuser tout accord de cessez-le-feu qui ne prenne pas en compte :
- la dimension humaine (et pas seulement territoriale) de l’invasion russe : aucun Ukrainien ne doit être retenu contre son gré en Russie ou dans les territoires occupés. Le retour en Ukraine des populations déportées par l’armée russe, dont des dizaines de milliers d’enfants kidnappés, n’est pas négociable ;
- la sécurité de l’Ukraine, à laquelle ne peut être imposé le statut d’État démilitarisé ou neutre. Les pays membres de l'OTAN doivent l’inviter à les rejoindre, comme le demande Kyiv, et étendre la protection de l’Alliance aux territoires sous contrôle ukrainien dès 2025.
Quoi qu’en dise la propagande du Kremlin, aucune de ces mesures n’implique d’entrer en guerre avec la Russie. Leur coût est limité. Elles sont vitales pour un pays qui défend sa liberté et protège les nôtres.
C’est l’heure de L’Europe : ne trahissons pas l’Ukraine !
Signer l'appel via le formulaire suivant https://forms.wix.com/f/7274410704734519952
Samuel Ravier-Regnat, Libération, 6 mars 2025
Militante historique de la cause ukrainienne, la metteure en scène de 86 ans confie à « Libération » sa « sidération » face à l’attitude de « mafieux » du président Donald Trump, qui a décidé de mettre un terme au soutien américain à Kyiv.
Paris, théâtre du Rond-Point. Organisée en urgence par l’ asso- ciation Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre ! après le lâchage spectaculaire de Kyiv par les Etats-Unis de Donald Trump , la conférence de presse touche à sa fin mercredi 5 mars. Vient le temps des questions. Un silence, puis une voix qui s’élève du premier rang de l’assemblée, tranquille et bouleversée à la fois : c’est Ariane Mnouchkine qui parle. La metteure en scène de 86 ans est un soutien actif de l’association, née en mars 2022, au lendemain du début de l’invasion russe. Elle n’a pas voulu participer à la table ronde pour ne pas amputer le temps de parole des orateurs invités, parmi lesquels l’ancien député écologiste Julien Bayou, le général Vincent Desportes et la cinéaste polonaise Agniesz- ka Holland, mais elle a le cœur lourd. Une forme de « chagrin sombre », dit- elle. « Il faut faire attention au glissement de vocabulaire,alerte Ariane Mnouchkine. Il y a une banalisation de termes comme “zone d’influence”, comme si c’était normal de la part de Trump ou de Poutine de revendiquer une zone d’influence autrement que par le soft power. Nous devons nous rendre compte du danger de ne plus dire non. Aux Etats-Unis, les médias osent dire que Trump et J. D. Vance sont des tyrans. Nous devons le faire aussi. »
« Le pire de ce qu’on pouvait imaginer »
Ces derniers jours, Ariane Mnouchkine a passé des heures à suivre, à la télé et dans les journaux, les attaques portées au pouvoir ukrainien par le nouveau président américain. Une « obsession », explique-t-elle en aparté. La fondatrice du mythique Théâtre du Soleil a vécu avec « vertige » et « sidération »,le 28 février, la réunion à la Maison blanche entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky , au cours de laquelle le premier a agressé verbalement le second, devant les caméras du monde entier, l’accusant e tre autres de « jouer à la Troisième Guerre mondiale ».
« C’était comme si s’inscrivait devant nos yeux le pire de ce qu’on pouvait imaginer. C’était comme un film de Coppola, sur des mafieux tentant de lyncher un guerrier, souffle l’artiste. Dans le Bureau ovale, il y avait un homme qui savait ce que c’est que la guerre et deux autres[Trump et Vance] qui n’ont même pas fait leur service militaire. Ils ont tenté de l’humilier, mais Zelensky ne s’est pas laissé humilier. » Ariane Mnouchkine voit dans le président ukrainien « un homme d’Etat, qui comprend la réalité et essaye de protéger son pays et son peuple »,quitte à tenter de renouer le dialogue avec Wash- ington malgré l’accueil qui lui a été réservé la semaine dernière. Elle considère en revanche que la « scène du Bureau ovale » a eu le mérite de « dévoiler la vulgarité » de Donald Trump, un dirigeant « sans surmoi, sans vergogne ».
« Un moment qui ressemble aux années 1930 »
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« Le retour des enfants ukrainiens déportés, une condition non négociable de tout accord avec la Russie » Face au crime systémique d'une telle gravité, l'erreur serait de le condamner tout en acceptant de dissocier l’aspect humanitaire de la dimension géopolitique, car le Mal ne peut-être apaisé, il doit être défait et puni. Cet évènement pluridisciplinaire, mêlant musique, chants, film, diaporama et tables rondes avec des personnalités internationales et experts, permettra de faire le point.
Événement pluridisciplinaire avec la participation du Prix Nobel de la Paix, Oleksandra Matviichuk, Maître Gabriel Sebbah du cabinet VIGO, l'historien Alain Blum, la réalisatrice Tetiana Pryimachuk et le photographe Youry Bilak...
Vendredi 4 avril 2025 de 18h30 à 21h30 à la Mairie du IXe - 75009 Paris
Entrée libre sur inscription en suivant ce lien