En 2021, durant la crise sanitaire et l’occupation des théâtres, des jeunes artistes décident de demander du soutien à Ariane Mnouchkine qui les invite à lui exprimer ce qu’ils souhaitent. L’objectif est clair : jouer, créer, faire ce qui est empêché depuis trop longtemps.
Avec le soutien du Théâtre du Soleil, du Théâtre de L’Aquarium et du Théâtre de la Tempête, se crée le festival Le Soleil se partage qui invite douze jeunes compagnies à jouer sur les pelouses de la Cartoucherie. C’est Platonov d’Anton Tchekhov mis en scène par Annabelle Zoubian de la troupe Immersion qui ouvre le festival : « Enfin ! Nous ne sommes plus chez nous. Merci mon Dieu, six mois que nous n’avons pas vu un être humain, tout l’hiver nous avons dormi dans notre tanière comme des ours, ce n’est qu’aujourd’hui que nous revoyons la lumière du jour ! »
Après le festival, Annabelle Zoubian propose à Ariane Mnouchkine de créer un nouveau festival reprenant les valeurs de Premiers Pas, le festival de jeunes troupes créé par Alexandre Zloto et Ariane Bégoin au Théâtre du Soleil. Par troupe, ils entendaient alors trois choses qui la distinguent d’une compagnie :
« être nombreux sur le plateau, se projeter ensemble dans une aventure commune pour plus d’un spectacle, travailler dans un esprit d’école permanente en se stimulant les uns les autres. »
Nous reconnaissant dans ces propos et étant à la recherche d’un espace qui offrirait une chance d’exister à des projets dits trop conséquents pour de jeunes artistes, il nous semblait nécessaire de revoir un festival de l’ordre et de l’envergure de Premiers Pas dans le paysage théâtral actuel.
Une troupe a besoin d’un lieu pour exister comme une famille a besoin d’une maison pour se réunir.
Ce lieu est un espace qui permet de voyager à travers le temps, de partager des idées, de vivre une expérience ensemble, de générer de la joie, de faire la révolution sans violence.
On l’appelle le plateau, et qu’il soit mobile ou fixe, dans un théâtre, un chapiteau ou sous les étoiles, fait de tréteaux et de planches ou coulé dans le béton, il a le pouvoir de donner une vie physique à des utopies et de faire de l’humain le médium de l’art. Pour une troupe, il est gage de liberté, il est le lien avec son public, il est aussi son école. Or, il est difficile pour une jeune troupe d’avoir son plateau, son espace magique, son lieu de liberté où exister pleinement et donner naissance à des spectacles construits dans les règles et des mains de ses membres.
En accueillant le festival dans sa salle de répétitions, le Théâtre du Soleil, permet à ces jeunes troupes d'évoluer dans des conditions professionnelles tout en étant confrontées à la réalité et au concret de leur rêve de troupe ainsi qu'aux responsabilités de « tenir un lieu ».
L'équipe du festival, avril 2023