En plus des répétitions, les collégiens se sont mêlés aux comédiens du Soleil participant ainsi aux divers ateliers de créations, des échauffements physiques à la constructions d'accessoires en passant par la coûture ou les masques.
Chère Ariane, Chère Troupe du Soleil,
Il me semblait important de vous écrire ce courrier pour vous dire tout le bien que je pense de votre travail mais surtout tout le bien que vous avez su répandre sur nos élèves par votre acharnement, votre passion, votre amour du théâtre, mais aussi par votre accueil et votre proximité. En effet, quoi de plus réjouissant pour un enseignant que de retrouver des élèves de 14 ans, âge parfois "critique ", souriants, enthousiastes, impatients, épanouies et reconnaissants pour un projet dont ils se sentent tous pleinement investis. Sans oublier les retours de leurs parents... Et c’est surtout ces moments que je voulais vous transmettre.
Nous avons réuni début septembre les parents pour leur parler de la suite de notre aventure au Soleil. Il me faut vous dire, en amont, que dans la classe qui est venue vous voir, nous avions inscrits des élèves volontaires, désireux de pratiquer le théâtre, mais également quelques élèves en grande difficulté scolaire, pour certains même illettrés, ne sachant donc ni lire ni écrire à 13 ans (cela existe encore malheureusement dans notre beau système éducatif) et d’un milieu social très défavorisé, pour lesquels nous espérions renouer un contact avec l’école avec un projet porteur de sens, une véritable leçon de vie, que nous savions possible par le théâtre, et en particulier par votre théâtre. Quel ne fut pas mon étonnement de voir à notre réunion cette maman contre toutes nos propositions d’aide pour la scolarité de son enfant et qui avait rompu depuis longtemps tout dialogue avec le collège ! Elle vint me voir à la fin, émue aux larmes, en me disant : " un grand merci pour tout ce que vous avez fait pour ma fille. Vous avez rendu ma fille heureuse.
Je ne savais pas que l’école pouvait permettre ça." Ce merci, cette émotion et cette joie de cette maman étaient pour vous en fait.
Cette femme venait de découvrir qu’ensemble, autour d’un projet commun, notamment le théâtre, nous pouvions rendre les gens meilleurs. Et c’est bien tout le sens de ce que vous faites depuis plus de cinquante ans. Car, très loin d’un certain communautarisme qui conduit notre société actuelle à des extrémités innommables, votre troupe et la manière dont chacun y œuvre est un précieux témoignage réconfortant de ce que l’être humain a de meilleur. Nos collégiens l’ont ressenti en vous observant et l’ont transmis à leur famille en témoignant. Notre société a donc bien besoin de vous. Nous, enseignants, parfois démunis face au mutisme de certaines familles ou même aux réactions violentes contre l’institution scolaire, avons besoin de vous.
J’eus bien d’autres témoignages de joie lors de cette soirée et il faudra que je trouve un moyen de vous transmettre ces quelques paroles échangées, « éphémères », mais si bienfaitrices et rassurantes.
Je sais que vous attaquez "l’Everest" dans ces derniers moments de la création du spectacle et je vous remercie sincèrement de nous accueillir tout de même une nouvelle fois la semaine prochaine pour vivre encore ces instants de bonheur. Ensuite, il restera une étape : convaincre et permettre à ces parents, n’ayant jamais mis les pieds dans un théâtre, de venir assister à votre spectacle. Ce serait une très belle conclusion de cette aventure car je sais qu’ils en sortiront, pour quelques temps au moins, changés.
"A très bientôt, à tout de suite..."
Jérôme
Jérôme Rouillon, professeur des collégiens, 15 septembre 2016