Marie-Hélène Bouvet et Nathalie Thomas, créatrices de costumes, à l'atelier couture du Théâtre du Soleil © Sylvie Perault
Entretien avec Marie-Hélène Bouvet peandant la création d'Une chambre en Inde.
Tout le monde a participé à ce voyage en Inde, nous avons tous « humé » l’atmosphère du Tamil Nadu : nous étions à Pondichéry, en Inde du Sud. Là-bas, nous allions tous assister à des festivités indiennes, c’était une autre manière d’être ensemble. C’est la première fois que plusieurs d’entre nous allaient en Inde. Je suis restée deux mois ; on est forcément frappés par l’atmosphère particulière qui se dégage de ce pays, par ses contrastes violents, par la présence de la religion, des religions. A trois heures du matin, on entend les chants religieux, il y a des haut-parleurs partout. On s’est vraiment imprégnés de l’atmosphère, on est allés dans les temples, on a observé les petits gestes du quotidien, la manière dont les gens mettent leur sari, les coiffures… Il y a une telle élégance, même chez la personne la plus pauvre.
Pour les costumes, c’était passionnant d’être là-bas : nous sommes allés sur les marchés, les marchands vendent des tissus à très bas prix. Nous avons acheté des saris, des dhotis, ces grands tissus blancs que les hommes se mettent autour de la taille, des longhis, qui sont l’équivalent du dhoti mais en couleurs, à carreaux, et que les hommes enroulent comme un tube autour de leurs jambes. Pour les gens du bar, nous avons prévu des chemises blanches à manches courtes. Le Théâtre du Soleil a même acheté de la vaisselle pour le public, des thalis, ces grandes assiettes en métal avec plusieurs compartiments. Le repas sera servi dedans.
Dans l’atelier, nous sommes une équipe de trois permanents, assistés de stagiaires de l’école de couture. Les comédiens sont encore en improvisation, donc, pour nous, les choses ne sont pas encore fixées. Le thème est là, bien sûr, mais les propositions changent, avancent, dévient, cela évolue en permanence. Les comédiens répètent à côté de l’atelier, ils nous font des demandes au fur et à mesure de leurs propositions. Pour l’instant, nous avons beaucoup travaillé sur les costumes de Therukoothu, qui contiennent beaucoup d’éléments : des coiffes, des épaules, des jupes, des brassières, des jambières, des grelots. Nous avons rapporté certains éléments de là-bas. Nous avons fait faire en Inde l’espèce de jupon qui est chargé de soutenir l’ensemble, car il est composé de paille de riz. Nous connaissons bien notre stock et nous essayons de dépenser le moins possible : par exemple pour les petits volants, nous avons fait des teintures sur des tissus que nous possédions pour obtenir des couleurs Therukoothu. Il faut aussi que les couleurs plaisent à Ariane car il y a des couleurs qu’elle n’aime pas, comme le vert ; cela ne nous simplifie pas la tâche car il y a beaucoup de vert en Inde ! Tous les costumes seront différents, et, comme toujours, il y en aura beaucoup.
« Tous les costumes seront différents »
Entretien réalisé à l'occasion du dossier Pièce (dé)montée, propos recueillis par Marie-Laure Basuyaux, juillet 2016.