SHAKESPEARE ET SON TEMPS
1559 - Couronnement d'Élisabeth 1ère, fille d'Henri VIII
1561 - Retour de Marie Stuart en Écosse
1562 - Concile de Trente
1564 - 23 AVRIL : NAISSANCE DE WILLIAM SHAKESPEARE à Stratford-sur-Avon
Mort de Calvin et de Michel-Ange
1570 - Pie V excommunie Élisabeth
Le lord-maire de Londres interdit aux comédiens l'enceinte de la cité
1571 - Seules les troupes de théâtre liées à un pair ou un grand du royaume seront autorisées à jouer (Leicester, Sussex, Pembroke)
1572 - Nuit de la Saint-Barthélemy
1575 - Avènement de Henri III - Lope de Vega fait jouer ses premières pièces (200 de 1575 à 1599)
1576 - James Burbage ouvre le premier théâtre permanent de Londres
1578 - El Gréco peint l'Assomption de la Vierge
1580 - Les Essais de Montaigne
1582 - Mariage de Shakespeare et de Anne Hathaway
1583 - Baptême de Susanna Shakespeare
1585 - Baptême de Hamnet et Judith Shakespeare
1586 - Exécution de Marie Stuart
1588 - Défaite de l'Invincible Armada - Assassinat du Duc de Guise - 1rereprésentation du Docteur Faustus de Marlow
1589 - Assassinat de Henri III
1592 - Richard III - La Comédie des Erreurs
1594-1595 - LE SONGE D'UNE NUIT D'ÉTÉ - La Mégère apprivoisée - Roméo et Juliette - Shakespeare actionnaire de la troupe du lord Chambellan - Mort de Hamnet, fils de Shakespeare - Révolte de l’Irlande
1597 - Le Marchand de Venise - Galilée invente le thermomètre - Fermeture des théâtres londoniens sur l'ordre du conseil privé de la Reine et emprisonnement de Ben Johnson
1598 - Édit de Nantes
1599 - Ouverture du Théâtre du Globe dont Shakespeare est co-propriétaire Shakespeare joue dans une pièce de Ben Johnson
1600 - LE SONGE D'UNE NUIT D'ÉTÉ est enregistré et publié - Jules César - La Nuit des Rois
Ouverture du Théâtre du Marais à Paris
1601 - Hamlet - Les Joyeuses Commères de Windsor
1602 - Tout est bien qui finit bien - Soumission de l’Irlande
1603 - Mort d'Élisabeth 1ère- Avènement de Jacques 1er
1604 - Othello - LE SONGE D'UNE NUIT D'ÉTÉ est joué à la cour le 1erjanvier
1605 - Volpone de Ben Johnson - Don Quichotte de Cervantès
1606 - Le Roi Lear - Macbeth - Naissance de Corneille - « Act of abuses » : loi interdisant blasphèmes et jurons à la scène
1610 - Shakespeare se retire dans sa ville natale et écrit Cymbeline - Assassinat de Henri IV
1613 - Henri VIII dernière pièce de Shakespeare - Le Théâtre du Globe est détruit par un incendie
Michel Romanov élu au trône de Russie
1616 - 23 AVRIL : MORT DE SHAKESPEARE - Mort de Cervantès
1622 - Naissance de Molière
1623 - Première édition d'ensemble des œuvres de Shakespeare
1642 - Les Puritains font fermer les théâtres londoniens
THÉÂTRE DU SOLEIL
En 1964, plusieurs jeunes comédiens et techniciens décident de s'associer pour constituer un « ensemble » où acteurs, décorateur, costumière, metteur en scène, auteur-adaptateur, photographe, graphiste, etc. pourront travailler en étroite collaboration.
Le Théâtre du Soleil organisé en coopérative ouvrière est né. Il groupe aujourd’hui 47 personnes dont un grand nombre, tout en étant comédien, assume au sein de la compagnie un poste technique ou administratif.
Après avoir joué en banlieue, en province, à Paris, « LES PETITS BOURGEOIS » de Maxime Gorki, « CAPITAINE FRACASSE » d'après Théophile Gautier et « LA CUISINE » d'Arnold Wesker, la compagnie présente maintenant « LE SONGE D'UNE NUIT D'ÉTÉ » de William Shakespeare, tout en préparant un spectacle pour enfants « L'ARBRE SORCIER, JEROME ET LA TORTUE » inspiré d'histoires imaginées par les enfants d'une école de Sartrouville. Son prochain spectacle sera l'adaptation de la trilogie de Jules Vallès « JACQUES VINGTRAS »
Dès fin avril, le Théâtre du Soleil devra quitter le Cirque Montmartre et se trouvera ainsi sans lieu de travail et de création. Il devient donc essentiel de trouver ce lieu sans lequel une compagnie, réduite au nomadisme total, ne peut progresser ni dans la qualité de ses spectacles, ni dans ses rapports avec le public.
LE SONGE D'UNE NUIT D'ÉTÉ
Le Songe d'une nuit d'été est la pièce la plus sauvage, la plus violente dont on puisse rêver. Un fabuleux bestiaire des profondeurs dont le sujet n'est rien moins que ce « Dieu furieux » qui sommeille dans le cœur des hommes. Tout y est direct brutal, « naturel ». Aucune féerie, aucun merveilleux mais du fantastique, avec ce que le fantastique a de vénéneuse angoisse, de terreur.
« Le fantastique c'est le mal », Claude Roy.
C’est aussi l’accident, l'inatendu la rupture dans l'ordre des choses, l'interdit transgressé.
Mais quel est dans « Le Songe » l’ordre des choses ? Un espace commun aux Dieux et aux hommes, mais un temps partagé. La nuit est aux Dieux, les hommes ont le jour. C’est la loi.
« Pendant que le lourd paysan ronfle
Abruti par la terre
La braise abandonnée scintille
Là bas, le chat-huant crie
La mort prochaine des hommes
C'est l'heure de la nuit
Où les tombes ouvertes
Laissent sortir les morts… »
« Et nous démons que le jour chasse… »
(Pock)
Entre ces deux mondes, les rencontres sont cependant nombreuses, car contrairement aux Esprits, les hommes désobéissent souvent et pénètrent dans le domaine nocturne. Ils sont alors la proie des Dieux, leurs jouets, leurs amours. Pock les guette et s'en amuse. Mieux que son maître Obéron, il connaît leurs instincts et se plait à les libérer.
D'où vient que cette œuvre demeure souvent dans nos mémoires sous la forme rassurante d'une farce jouée parmi les pâquerettes ou d'un conte pour enfants ? Souvent Shakespeare lui-même favorise cette interprétation première par un certain vocabulaire : « gentilles fées », « elfes », « merveilles », « charmilles », « petites fleurs », etc... Il fallait faire la part à la mode du temps. Il est étrange cependant que ce soit toujours vers l'affadissement, vers l'irréalité de cette pièce pourtant si charnelle, que l'on se soit dirigé, comme si jouer et signifier les désirs profonds de l'homme était mortel. Le Songe a étè la pièce la plus efficacement censurée, la plus habilement désamorcée. Et Pock le sait, qui dit à la fin :
« Si nous les ombres, vous avons blessés
Guérissez-en,comme d'un rêve, et fuyez ! ».
La violence est présente dès la première scène qui n'est elle-même que l'issue d'une guerre épuisante et sanglante. C'est dans l'inquiétude que le camp de Thésée attend la reddition probable mais non certaine des Amazones. Les mouches bourdonnent. Les hommes sont silencieux. Et tout àcoup, l'Amazone apparaît « maîtresse bottée, guerrière amoureuse », se prosterne et se rend. Chez les hommes tout est en ordre.
Mais la guerre dure depuis bien longtemps chez les Dieux. Titania refuse un jeune garçon à Obéron qui le désire. L'amour est multiple. Et par cette querelle, l'ordre du monde est menacé. Titania dans son antre s'ennuie. Ses faunes dansent et elle s'endort nostalgique sans savoir de quoi. De ce qui se prépare, de l'accident, du poison dans les yeux, de la transgression, du fantastique, du mal. Or, le mal n'est qu'en nous-mêmes, c'est notre aventure intérieure. Les monstres sont en nous. Ils font peur, ils font souffrir. Et il suffit, comme pour Titania, d'une occasion pour que la nuit de nos rêves éclate et que nos formes secrètes fassent irruption. Titania qui rêve d'animalité pure accomplira son désir, mais par magie et comme possédée. Elle oubliera tout : rêve oublié est à moitié pardonné.
Quant aux quatre jeunes gens, ils démarrent dans cette aventure, immaculés, tout de blanc vêtus, citadins civilisés, avec pour seul problème des amours contrariés, et fuient, se poursuivent, déraisonnent dans cette forêt qui devient jungle, marécage. Déchirés, ensanglantés, rendus semblables aux Dieux, aux Démons rencontrés, ils reviendront comme après une orgie ou une partie de drogue, sans trop se regarder en face. Inquiet de ce que l'autre aurait pu découvrir, chacun essaiera de le savoir.
« Et chemin faisant, nous nous raconterons nos rêves ».
Un peu plus loin, beaucoup plus loin, des hommes travaillent à une œuvre importante, àune fête. Et le rythme apaisant de cette occupation les protège des soubresauts et des frissons. Tant il est vrai que la furie toujours déçue qui brûle en nous ne partage notre âme qu'avec ce qui unit les hommes : le travail. Nos artisans ne sont pas bien sûr à l’abri de l’effroi, des péripéties, de la force des choses. Par le masque qui lui est souvent imposé, l’un d’eux plonge dans l’extraordinaire, l’incroyable, le merveilleux. Bouton est le seul personnage à vivre un conte de fées dans toute cette aventure. Parce que son cœur est ailleurs. Il est l’objet d’un désir étranger, et non la proie de ses propres impulsions. Son désir à lui, pour le moment, est autre : il veut sortir du bois pour faire ce qu’il a à faire. On l’attend ailleurs. Son masque le protège. Son témoignage aura la force des objets silencieux qu’on utilise mais ne participent pas et qui ne participent pas et qui restent muets. Bouton se taira car il sait maintenant ce que les démons viennent affirmer, avec passion, avec tendresse :
« Nous sommes là
Toujours
Avec les hommes
Nous sommes là. »
PAR ORDRE D’ENTRÉE EN SCÈNE
Le Musicien : Teddy Lasry
Thésée : Paul Besset
La Reine Amazone : Joséphine Derenne
Égée : Jacques Tourane
Hermia : Élisabeth Hazan
Démétrios : Charles Antoni
Lysandros : François Joxe
Héléna : Rosine Rochette
Les Amazones : Danielle Chinsky, Michelle Amado, Lucia Bensasson, Dorte Oloe
La suite de Thésée : Georges Bonnaud, Philippe Druillet, Marc Godard, Fabrice Herrero
Tamias : Jean-Pierre Tailhade
Pierre Lecoince : Claude Merlin
Nicolas Bouton (Tisserand) : Philippe Léotard
Clovis Etoupille (Raccommodeur de soufflets) : Jean-Claude Penchenat
Marcel Pipistrel (Tailleur) : Gérald Denizot
Alexandre Snoute (Chaudronnier) : Gérard Hardy
Richard Palafitte (Menuisier) : Serge Coursan
Pock : René Patrignani, Jean-Marie Verselle
Le Faune : Jean-Marie Verselle, Georges Bonnaud
Obéron : Germinal Casado, Jean-Frédéric Brossard
Titania : Ursula Kubler
Les Faunes : Dorte Oloe, Max Douchin, Philippe Druillet, Georges Bonnaud, Marc Godard, Fabrice Herrero, Jean-Pierre Tailhade, Jean-Marie Verselle
Adaptation : Philippe Léotard
Mise en scène : Ariane Mnouchkine
Direction technique : Guy-Claude François
Décors : Roberto Moscoso
Costumes : Françoise Tournafond
Musique : Jacques Lasry
Eclairages : Roger Leuvron
Maquillages : Nicole Félix
Danse réglée par : Ursula Kubler
Photos : Martine Franck
Affiche, Programme : Annie et Louis Briat
Décor exécuté par : Daniel Pesquet, Roberto Moscoso, François Berthet
Costumes exécutés par : Nicole Bize, Rodolphe Sabourdy
Accessoires exécutés par : Françoise Tournafond, Erhard Stiefel
Musique interprétée par : Yvonne Lasry, Jacques Lasry, Teddy Lasry, Bernard Baschet
Sur les instruments Baschet
Régie : René François, avec la collaboration de Baudoin Bauchau
Régie son : Anne Demeyer
La sonorisation musicale est assurée pour le Théâtre du Soleil par les établissement Dufoix, matériel électro-acoustique H.R.D.
Théâtre du Soleil
Société Coopérative Ouvrière de Production
Siège : 44 avenue des Champs-Elysées
Paris 8e Téléphone : 225.05.63
Direction : Ariane Mnouchkine
Administration : Jean-Pierre Tailhade
Secrétariat Général Trésorerie : Jean-Claude Penchenat
Chargés des Collectivités : Gérard Hardy, Myrrha Donzenac
Secrétariat: Françoise Descotils