« Ô frères », dis-je (Ulysse), « qui par cent mille périls êtes venus à l’occident et à cette veille si petite de nos sens, qui leur reste seule ; ne refusez pas l’expérience, en suivant le soleil, du monde inhabité. Considérez votre semence : vous ne fûtes pas faits pour vivre comme des bêtes mais pour suivre vertu et connaissance. »
Dante, La Divine Comédie, L’Enfer, chant XXVI
Bon voyage en Magellanie !
Voyage : n.m.
Chemin qu'on fait pour aller d'un lieu à un autre lieu qui est éloigné.
Terme de marine. Campagne, navigation plus ou moins longue.
Anglais : « journey » ou « travel » dont l’origine se retrouve dans le mot « travail ».
Livres
En Magellanie (Folio,1999)
Le volcan d’or (Folio,1999)
Le phare du bout du monde (Folio, 1995)
Mathias Sandorf (Folio)
Magellan (Magellan et Cie, 2005)
Bougainville (Magellan et Cie, 2005)
Films
Voyage au centre de la terre, Henry Levin (1959)
L’île mystérieuse, Cy Endfield (1961)
Le phare du bout du monde, Kevin Bellington (1971)
Livres
Histoire contemporaine de l’or de Guyane (de 1947 à nos jours), J. Pétot (L’harmattan, 1993)
Un mort vivait parmi nous, Jean Galmot (Editions Caribéénnes, 1990)
J’aurai de l’or, Olivier Weber (Robert Laffont, 2008)
Lettre d’un chercheur d’or en Australie (1852-1860), Antoine Fauchery (Cartouche, 2007)
Rhum, l’aventure de Jean Galmot, B. Cendrars (Grasset, 1958)L’or, la merveilleuse histoire du général Johann August Suter, B. Cendrars (Denoël, 1960)
« Rêverie. Calme. Repos.
C’est la paix.
Non. Non. Non. Non. Non. Non. Non. Non. Non, c’est l’or !
C’est l’or.
Le rush.
La fièvre de l’or qui s’abat sur le monde.
La grande ruée de 1848, 49, 50, 51 et qui durera quinze ans.
SAN FRANCISCO ! »
Cavalier seul, Patricio Manns (Phébus)
Romancier du Grand Sud, le Chilien Patricio Manns nous convie à suivre au galop l'aventure - très réelle - du terrible Julio Popper, tyran et hors-la-loi, qui fonda en Terre de Feu à la fin du siècle dernier un improbable royaume de l'Or.
Histoire naturelle XXXIII, nature des métaux, Pline l’Ancien (Les Belles lettres, 2002)
Le livre XXXIII de l’Histoire naturelle marque une charnière dans l'œuvre de Pline l’Ancien : après l’ensemble consacré aux êtres vivants, ce livre inaugure une nouvelle section où Pline traite des matières inanimées, mais précieuses – en l’occurrence l’or et l’argent. Sont tour à tour examinées les origines mythiques, l’évolution historique et les utilisations diverses de ces métaux (bijoux, monnaie, richesse). Mais Pline est avant tout sensible aux implications sociologiques et morales de son sujet : l’histoire de la monnaie romaine qu’il brosse, si elle n’est pas dénuée d’intérêt économique (fluctuation des prix), débouche sur un large exposé consacré à la richesse et à ses méfaits. De la technologie on passe à la morale et à l’histoire des sociétés.
« I. Nous parlerons maintenant des métaux, qui sont la richesse même et le prix des choses. L’industrie scrute le sein de la terre pour de multiples raisons : ici, on creuse pour trouver des richesses, et les hommes recherchent l’or, l’argent, l’electrum, le cuivre ; là, pour l’agrément, ce sont les pierres précieuses et les couleurs pour peindre les murs et les boiseries ; ailleurs, pour satisfaire une rage aveugle, c’est le fer, plus apprécié même que l’or au milieu des guerres et des massacres. Nous suivons obstinément toutes les veines de la terre et vivons sur un sol miné, nous étonnant qu’il s’entrouvre parfois ou se mette à trembler, comme si, en vérité, l’indignation de notre mère sacrée ne pouvait se manifester de cette façon. Nous pénétrons dans ses entrailles et cherchons des richesses dans le séjour des Mânes, pensant que la terre n’est pas assez généreuse et fertile là où nous la foulons aux pieds. Et parmi tous ces produits, les moins nombreux sont ceux que nous recherchons pour en faire des remèdes : combien rares sont les hommes qui creusent en se proposant la médecine pour but ! Pourtant c’est à sa surface aussi que la terre nous offre les plantes médicinales tout comme les céréales, car elle est libérale et complaisante en tout ce qui nous est utile. Mais ce qui cause notre perte, ce qui nous mène dans les enfers, ce sont les matières qu’elle a cachées dans ses profondeurs et qui ne se forment pas en un jour. De la sorte notre imagination, s‘élançant dans le vide, calcule quand, dans la suite de tous les siècles, nous aurons fini d ‘épuiser la terre et jusqu’où pénétrera notre cupidité. Combien notre vie serait innocente et heureuse, combien même elle serait raffinée, si nous ne convoitions que ce qui se trouve à la surface de la terre, bref, que ce qui est tout près de nous ! »
Films
Le trésor de la Sierra Madre, John Huston (1948)
Jean Galmot, aventurier, Alain Maline (1990)
La loi de la jungle, Philippe Lafaix (2003)
Deadwood, saison 1 et 2 (2004)
There will be blood, Paul Thomas Anderson (2007)
La fièvre de l’or, Olivier Weber (2008)
Livres
Martin Eden, Jack London (10/18)
Le joueur, Dostoïevski (Babel, Actes sud)
La peste écarlate, Jack London (Babel, Actes sud, 1992)
L’amour de la vie, Jack London (Gallimard, 1914)
Terre des hommes, Antoine de Saint Exupery
Vol de nuit, Antoine de Saint Exupery
La peste, Albert Camus (Gallimard)
L’utopie, Thomas More (Garnier-Flammarion, 1987)
Le Robinson suisse, R. Wyss
Sa majesté des mouches, William Golding (Gallimard, 1956)
Ils inventèrent le Nouveau Monde, William Penn et les quakers, Jeanne Henriette Louis et Jean-Olivier Héron (Découvertes Gallimard)
La cité des césars, une utopie en Patagonie, James Burgh (Utz, Unesco, 1996)
« Les anarchistes de Patagonie » in Anatomie de l’errance, Bruce Chatwin (Grasset & Fasquelle, 1996)
Les gauchos juifs, Alberto Gerchunoff (Stock, 2006)
Le banquet des Sept Sages, in Œuvres Morales, Traités 10-14, Plutarque (Les Belles Lettres)
Ecrits politiques, Victor Hugo (Le livre de poche)
Paradis reconquis, Milton (Aubier)
Le monde d’hier, Stefan Zweig (Seuil)
Ni Dieu, ni Maître, une anthologie de l’anarchisme, D. Guérin (La découverte, 2002)
Walden, ou la vie dans les bois, Henry David Thoreau (Garnier-Flammarion)
« Je gagnai les bois parce que je voulais vivre suivant mûre réflexion, n'affronter que les actes essentiels de la vie, et voir si je ne pourrais apprendre ce qu'elle avait à enseigner, non pas, quand je viendrais à mourir, découvrir que je n'avais pas vécu. Je ne voulais pas vivre ce qui n'était pas la vie, la vie nous est si chère; plus que ne voulais pratiquer la résignation, s'il n'était tout à fait nécessaire. Ce qu'il me fallait, c'était vivre abondamment, sucer toute la moelle de la vie (…) »
Un pionnier en Patagonie, Miguel de Larminat (Privat)
Au début du siècle dernier, Jean de Larminat, ingénieur des Ponts et Chaussées, désirant assurer à ses fils - ils étaient sept - une existence d'hommes libres, dégagée des contraintes et des mesquineries auxquelles il craignait de les voir soumis, organisa leur émigration vers un pays neuf où leurs talents pourraient s'épanouir pleinement. L'Argentine fut choisie et, à dix-neuf ans, Jacques, le quatrième fils, s'embarqua en éclaireur pour Buenos Aires. Il trouva en Patagonie, au pied de la cordillère des Andes, un lieu propice à l'implantation de l'entreprise d'agriculture et d'élevage qu'il allait développer avec ses frères.?Grâce au journal de bord tenu par les fondateurs et à la correspondance échangée avec la France, Miguel de Larminat, petit-fils de Jacques, retrace toutes les étapes de cette aventure. Même sous les armes, pendant la Grande Guerre, Jacques demeure un pionnier : ses carnets, abondamment cités par Miguel, montrent ce cavalier se risquant comme volontaire dans les tanks, au prix de nombreuses blessures.?Retour en Argentine, arrivée d'autres frères de Jacques, mariages et naissances, crise de 1929, Seconde Guerre mondiale... Au rythme des événements, l'exploitation familiale évolue et prend de l'ampleur, et la nouvelle génération, établie dans diverses provinces du pays, perpétue ainsi l'oeuvre fondée voilà bientôt cent ans.
Les îles de Robinson, Philippe Danton Emmanuel Breteau et Michel Baffra (Nathan)
Chacun connaît le personnage de Robinson Crusoé sur son île déserte... Ce mythe repose sur une histoire vécue : celle d'Alexander Selkirk, abandonné durant plus de quatre ans sur une île de l'archipel des Juan Fernandez, au large du Chili. Qui pouvait se douter, au XVIIIe siècle, que l'île lointaine, où l'on débarquait un homme seul avec quelques chèvres, deviendrait une priorité mondiale d'intervention pour les organismes internationaux de protection de la nature ? Les îles de Robinson sont le récit d'un voyage idéal tressé entre la fiction et la réalité que les auteurs ont côtoyées pendant les deux missions scientifiques qu'ils ont menées sur place en collaboration avec les Parcs naturels chiliens et le Conservatoire botanique national de Brest, en France. Ils proposent une confrontation entre ces îles mythiques et les véritables îles Juan Fernandez, dont fort peu d'images nous sont à ce jour parvenues.
Nous étions enfants en Patagonie, Jean Chenut (Versant sud)
En 1949, 36 jeunes émigrent en Patagonie chilienne, sur les rives du lac Carrera. Au sein d’une communauté familiale très soudée, qui, outre ses bagages et ses camions, a emmené institutrice, médecin et aumônier, c’est une histoire de déceptions et de courage, d’échec et de créativité, de drame et d’humour. Mais, pour les jeunes, c’est la vie au grand air et une liberté inconcevable en Europe : à cheval du matin au soir dès le plus jeune âge pour de longues randonnées dans les contreforts de la Cordillère des Andes, des campements à la belle étoile, des rencontres hasardeuses avec la faune sauvage. Ce sont des baignades glaciales et des chavirages sur le lac traître et magnifique ou dans un río glaciaire, tantôt rivière insignifiante, tantôt fleuve démesuré. Ce sont des vols en avion par dessus les cols enneigés dans des coucous pilotés par d’audacieux créatifs, des atterrissages de fortune ou des crashes dans les turbulences du vent patagon. Et les dimanches chez soi, ce sont les choeurs polyphoniques entonnés avec chaleur autour du piano à queue du médecin ou autour d’un barbecue de mouton entier. Au fil des rencontres et des découvertes, le récit introduit au relief, au climat, à la faune et à la flore australes, aux légendes et aux coutumes des Indiens patagons, à l’histoire des premières entreprises d’élevage dans les froides vallées andines, aux travaux saisonniers de l’élevage des moutons, enfin aux cycles légendaires de la "Cité des Césars" et à son impact sur la culture du cône sud américain....
Les folles aventures du vrai Robinson Crusoé, Diana Souhami (Autrement)
Abandonné sur une île déserte par un capitaine rageur au large des côtes chiliennes, Alexander Selkirk survivra quatre ans... À Londres, en 1712, on attend le retour de ce jeune Écossais de pied ferme : les chroniqueurs se disputent son histoire, le public s'extasie devant cette aventure dont Daniel Defoe fera un mythe fondateur et un succès commercial phénoménal, les femmes de sa vie convoitent le trésor du galion de Manille pris sauvagement aux Espagnols sur le chemin du retour... Quel destin étrange pour ce garçon un peu minable, pauvre et ombrageux, qui a alimenté les plus grands fantasmes de l'imaginaire occidental. Sources documentaires à l'appui, Diana Souhami dévoile les faits derrière la fiction. Dans une écriture à la fois rigoureuse et poétique, d'une grande force évocatrice, on retrouve les corsaires, la violence de la vie sur les mers, les faits de piraterie et de mutinerie, la faim, le rhum, le scorbut, les rats et les orgies des boucaniers, les mulâtresses et les Indiens tatoués... autant d'histoires et d'émotions qui nourrirent les grands textes de Melville, Conrad ou Stevenson. La grande force de l'histoire d'Alexander Selkirk, c'est aussi une affaire de désir : une société " attendait " son Robinson et le roman moderne...
Effondrement, Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Jared Diamond (Gallimard, 2006)
Géographe à l’université de Californie, à Los Angeles, Jared Diamond est également un biologiste et un physiologiste qui publie son troisième ouvrage sur l’avenir du monde. En reliant un impressionnant travail d’archives et de prospective, il éclaire les questions que nous nous posons sur le climat, l’environnement, les ressources. Qu’on ne s’y trompe pas : en écrivant sur les Vikings ou les Mayas mis en parallèle avec les Rwandais, les Haïtiens, les Chinois ou les Australiens, c’est de notre futur qu’il s’agit. D’autant que Jared Diamond prévient le lecteur : « L’échec n’est pas réservé aux petites sociétés périphériques vivotant dans des contrées fragiles. Les sociétés les plus évoluées et les plus créatives peuvent aussi s’effondrer » écrit-il, en citant l’exemple des Mayas dont le temps a englouti, en quelques dizaines d’années, la brillante civilisation. Ces millions d’habitants dont il ne reste rien des dynasties, des calendriers, de l’art, de l’écriture, de l’urbanisme, de l’astronomie... Diamond n’y va pas par quatre chemins : c’est l’exploitation sans vergogne des ressources naturelles qui fut largement à l’origine de la chute de la Grèce mycénienne, des civilisations du Moyen Orient et de l’Indus ou de l’Empire khmer dont il reste l’étonnant Angkor Vat : « tous les peuples sont susceptibles de verser dans la surexploitation de leur environnement, d’autant plus que sa dégradation progressive, brouillée par les fluctuations ponctuelles, reste difficile à appréhender ».
Jared Diamond a développé plusieurs cas dans son ouvrage dont on peut, à titre d’exemples, citer quelques analyses. Il parvient à écrire une véritable géographie des Mayas. On sait que les densités en pays maya étaient très élevées entre 250 et 800, du fait des techniques d’irrigation qui ont fait la fortune de cités-Etats. Comme elles le firent en Europe avec les cathédrales, les « villes » entrent dans une concurrence au plus beau temple, alimentée par les pouvoirs monarchiques locaux. Le déboisement ruine la forêt, assèche le climat qu’un cycle général de réchauffement des températures rend encore plus prégnant. Une famine provoque des guerres civiles, des maladies tandis que les rois se coupent du peuple. C’est pourquoi Cortès ne verra rien des Mayas dans les Yucatan qu’il traverse en l’an 1524. Un deuxième exemple est celui des moai de l’Ile de Pâques. 847 moai - dont une moitié reste encore dans des carrières - pesant jusqu’à 270 tonnes, ont été taillés et alignés sur des plates-formes monumentales. Comment refaire la géographie de cette île, sachant que les Polynésiens s’y sont installés probablement vers l’an 900 et que huit cents ans plus tard, les navigateurs européens n’y découvrent que la ruine et la désolation des arbres et des animaux disparus. La forêt aurait été détruite en six cents ans, pour produire ces statues qu’il avait fallu acheminer sur des rails en bois, avec des cordages. Les chefs auraient, dans leur délire concurrentiel, conduit à l’extension des terres cultivées et à la ruine de la forêt. L’impossibilité de construire des pirogues, la famine jusqu’à l’anthropophagie, la destitution des chefs à la fin du 17e siècle et, pour finir, la destruction des statues, brisées au niveau du cou, par la société qui les avait édifiées, tel fut le destin des douze tribus des Pascuans.
Pour Jared Diamond, quatre facteurs peuvent concourir à l’effondrement d’une société : le changement climatique, la dégradation de l’environnement, l’hostilité des voisins, des rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux. Mais les réponses apportées par une société, selon ses valeurs propres, peuvent enrayer le processus, comme Diamond le montre pour le cas de la République dominicaine qui partage le même espace géographique qu’Haïti. Les Vikings installés au Groenland offrent une belle occasion de montrer comment ce peuple fut victime du petit âge glaciaire au 14e siècle. En refusant de s’accommoder au froid, de chasser la baleine, de manger du phoque, en préférant garder le mouton et le bœuf nécessitant du fourrage, l’urbanisme scandinave et ses églises coûteuses, les Vikings s’exposent à la mort plutôt que d’embrasser le genre de vie des peuples locaux qu’ils détestent.
Les analyses sur la Chine, « géant qui titube », l’Australie ou le Montana surprendront plus d’un lecteur. Elles montrent qu’il n’y a rien de fatal dans la course accélérée à la dégradation mondialisée de l’environnement mais qu’il va falloir prendre de bonnes décisions. Comment peuvent se mobiliser les grandes entreprises pour protéger l’environnement ? Et qu’est-ce que cela implique que le monde soit devenu un « polder » ? Diamond sait, comme Fourastié en ses Trente Glorieuses, être persuasif en décrivant la Californie comme il la voit : « les problèmes environnementaux et démographiques ont miné l’économie et la qualité de vie en Californie du Sud. Ils sont dans une large mesure responsables de nos pénuries d’eau et de courant, de notre accumulation d’ordures, de notre surpopulation scolaire, de nos pénuries de logements, de nos hausses de prix et de nos embouteillages ». En France, on pourrait remplacer Californie par... Languedoc ou Provence pour actualiser spatialement la démonstration. Diamond fixe de sérieuses mises en garde : non, la technologie ne résoudra pas ce type de problèmes ; non, les ressources sont bien épuisables ; oui, il y a bien un problème alimentaire mondial ; non, la crise démographique ne s’épuisera pas d’elle-même. Et il enfonce le clou en fustigeant ceux qui pensent que le souci de l’environnement est un luxe de riches. Nous voilà prévenus.
Compte-rendu : Gilles Fumey (géographe, université Paris-Sorbonne)
Terre Mère, Jean Malaurie (CNRS Editions, 2008)
« Nous sommes des veilleurs de nuit face à une mondialisation sauvage, à un développement désordonné. Si nous n’y prenons garde, ce sera un développement dévastateur. La Terre souffre. Notre Terre Mère ne souffre que trop. Elle se vengera. Et déjà les signes sont annoncés. »
Films
Le convoi des braves, John Ford (1950)
La conquête de l’ouest, John Ford, Henry Hathaway, Georges Marshall (1962)
Walkabout, Nicolas Roeg (1971)
Livres
Moby Dick, Herman Melville (Gallimard, 1941)
Billy Budd marin, Herman Melville (Gallimard, 1980)
A bord, Herman Melville (Finitude, 2004)
Jeunesse, Joseph Conrad (Autrement, 1996)
Typhon, Joseph Conrad (Gallimard, 1918)
Le nègre du Narcisse, Joseph Conrad (Gallimard)
Aventures d’Arthur Gordon Pym, Edgar Allan Poe (Gallimard, 1973)
La mer, Jules Michelet (Gallimard, 1983)
Le navire de bois, Hans Henny Jahn (José Corti, 1993)
Le navire poursuit sa route, Nordahl Grieg (Les fondeurs de brique, 2008)
Naufragés, Pietro Querini, Cristoforo Fioravante & Nicolo de Michiel (Anacharsis, 2005)
Récit d’un naufragé, Gabriel Garcia Marquez (Grasset, 1979)
Naufrages, Francisco Coloane (Phébus)
Le golfe des peines, Francisco Coloane (Phébus)
Le dernier mousse, Francisco Coloane (Phébus)
Naufrage en Patagonie, John Byron (Utz, Unesco, 1994)
Les pirates, Forbans, flibustiers, boucaniers et autres gueux de mer, G. Lapouge (Payot, 1991)
L’homme qui rit, Victor Hugo (Gallimard)
Les Travailleurs de la Mer, Victor Hugo (Gallimard)
« La religion, la société, la nature ; telles sont les trois luttes de l’homme. Ces trois luttes sont en même temps ses trois besoins ; il faut qu’il croie, de là le temple ; il faut qu’il crée, de là la cité ; il faut qu’il vive, de là la charrue et le navire. Mais ces trois solutions contiennent trois guerres. La mystérieuse difficulté de la vie sort de toutes les trois. L’homme a affaire à l’obstacle sous la forme superstition, sous la forme préjugé, et sous la forme élément. Un triple anankè (du grec : fatalité) pèse sur nous, l’anankè des dogmes, l’anankè des lois, l’anankè des choses. Dans Notre Dame de Paris, l’auteur a dénoncé le premier ; dans Les Misérables, il a signalé le second ; dans ce livre, il indique le troisième.
A ces trois fatalités qui enveloppent l’homme se mêle la fatalité intérieure, l’anankè suprême, le cœur humain. Hauteville-House, mars 1866. »
Carnets du Cap Horn, Pierre Stéphan (Arléa, 2008)
Pierre Stéphan aura le privilège - rare - d'emmener sa femme avec lui au cours d'une de ses longues missions en Nouvelle-Calédonie, ce qui nous vaut un journal de bord exceptionnel : celui d'une femme, dans un univers exclusivement masculin, confrontée aux rigueurs extrêmes du cap Horn et soumise à la rude vie des marins. Dans les années 1960, quelque temps avant la mort du vieux capitaine, ses filles ont eu l'idée de l'enregistrer, faisant revivre l'épopée du cap Horn et des cap-horniers. À commencer par ceux du nickel, ces hommes pour qui chaque voyage constituait un tour du monde : sept à huit mois en mer, loin de tout, sans informations, sans moyens de communication. Avec une charge de travail, des risques et des souffrances qu'on a du mal à imaginer aujourd'hui, mais qui, à l'époque, semblaient aller de soi. Ces enregistrements, mis en forme par son petit-fils, Roland Paringaux, constituent l'essentiel des Carnets du cap Horn.
Films
Les révoltés du Bounty, version Gable/Laughton, Franck Lloyd (1935)
Les révoltés du Bounty, version Brando/Howard, Lewis Millestone (1962)
Moonfleet, Fritz Lang (1955)
Billy Budd, Peter Ustinov (1962)
Et tous les films de pirates d’Hollywood
L’île au trésor (Victor Fleming)
Captain Blood, The Sea Hawk (Michael Curtiz)
La Flibustière des Antilles (Jacques Tourneur)
Barbe Noire le pirate (Raoul Walsh)
Etc.
Livres
Chant général, Pablo Neruda (Poésie, Gallimard)
Cap Horn, Francisco Coloane (Phébus, 1994)
Tierra del Fuego, Francisco Coloane (Phébus, 1994)
El Guanaco, Francisco Coloane (Phébus, 1995)
Antartida, Francisco Coloane (Phébus, 1999)
Patagonia, Francisco Coloane, fotografia Jack Ceteilis (Editorial Puelche, 2004)
En Patagonie, Bruce Chatwin (Grasset & Fasquelle, 2007)
Patagonie express, Paul Théroux (Grasset)
La zanja de la Patagonia, Vanni Blengino (FCEA, 2005)
Des tyrannosaures dans le paradis, Philippe Grenier (L’Atalante, 2003)
Patagonie, une tempête d'imaginaire, Collectif (Autrement, 1996)
Patagonia, mes voyages en Patagonie, en Terre de Feu, au Cap Horn et au détroit de Magellan, de 1958 à 1981, Jean Delaborde (Laffont, 1981)
El Paso, R.B. Cunninghame Graham (Phébus, 1997)
55° Sud, Patagonie, Terre de Feu, Cap Horn, Georgie du sud, H. Haon et O. Joly (H2O)
Patagonia, a cultural history, Chris Moss (Signal Books, 2008)
Trois ans d’esclavage chez les Patagons, 1856-1859, A Guinnard (Aubier Montaigne, 1979)
Adios, Tierra del Fuego, Jean Raspail (Albin Michel, 2001)
Terre de feu Alaska, Jean Raspail (Julliard, 1952)
Premier ouvrage de Jean Raspail, écrit en collaboration avec Philippe Andrieu, Terre de Feu Alaska, est la relation de l'expédition qui conduit l'équipe Marquette d'une extrémité à l'autre du continent américain.
Retour en Patagonie, Bruce Chatwin et Paul Théroux (Editions de l’Olivier, 1993)
Voici quelques dates qui jalonnèrent l’extinction des Yaghan et qui correspondent à certains détails près à ce qu’il advint de toutes les tribus fuégiennes :
1834 Le Beagle quitte la Terre de Feu. Arrivent les pêcheurs de phoques et les baleiniers / 3000 Yaghan
1880 Les missionnaires comptent 7000 à 8000 Indiens, toutes tribus confondues, ce qui donnerait environ 1200 Yaghan
1888 Estimation de Barclay : 800 Yaghan
1889 Le gouvernement argentin distribue des vêtements aux Yaghan, à demi-morts de froid et de faim, et en compte 400
1908 Nouveau recensement de Barclay : 170 Yaghan
1924 Chiffre fourni par Lothrop : 50 Yaghan
Lothrop écrivit en 1925 : « Plus tard, au cours de cette même année [1925], une épidémie de rougeole ravagea la Terre de Feu. J’ignore ce qu’il arriva aux Yaghan, mais William Bridges m’écrivit que , chez les Ona, plus de vingt adultes et un nombre inconnu d’enfants moururent. A l’exception de quelques métis, les Indiens de la Terre de feu ont probablement disparu »
Patagonie, Visions d'un Caballero, Marc-Antoine Calonne (Transboréal, 1999)
Récit d'un périple à cheval en Patagonie, des canaux chiliens de la Terre de feu aux steppes patagonnes.
Un flâneur en Patagonie, William Henry Hudson (Payot et Rivages, 2002)
« Un jour que j’écoutais le silence, je me demandai soudain l’effet que je produirais si je me mettais à crier. Sur le moment, cela me parut une horrible suggestion de l’imagination, une « pensée criminelle et incertaine », qui me fit presque frissonner, et je m’empressai de la chasser de mon esprit. Mais pendant ces journées de solitude, il était rare qu’une pensée quelconque passât dans mon esprit ; des formes animales ne traversaient point mon champ visuel, des voix d’oiseaux n’assaillaient guère mes oreilles. Dans le nouvel état d’esprit où je me trouvais, le pensée était devenue impossible (…) J’étais devenu incapable de réflexion : mon esprit avait soudainement perdu sa nature de machine à penser ; il s’était transformé en une machine destinée à je ne sais quelle fonction inconnue. Penser, c’était mettre en mouvement dans mon cerveau un appareil bruyant : or il y avait dans cette région quelque chose qui m’ordonnait de demeurer tranquille, et j’étais forcé d’obéir. J’étais en suspens et aux aguets ; cependant je ne m’attendais jamais à rencontrer une aventure, et je me sentais aussi libre d’appréhension que je le suis aujourd’hui, assis dans une chambre, à Londres. (…) Le changement qui s’était opéré en moi était aussi grand et aussi surprenant que si j’avais troqué mon identité contre celle d’un autre homme ou d’un animal ; mais, à l’époque, j’étais incapable de m’en étonner ou de faire des suppositions sur ce point ; l’état me semblait familier plutôt qu’étrange, et bien qu’il s’accompagnât d’une forte sensation d’épanouissement mental, je ne le savais pas — je ne sus que quelque chose s’était passé en moi et mon intellect que lorsque je l’eus perdu pour retourner à mon ancien moi, à la pensée et à la vieille existence insipide. »
Enfer blanc de Patagonie, Jean-Louis Hourcadette (Nathan,1985)
« Sans doute Dieu a-t-il créé la Patagonie dans un accès de colère... C'est une des terres les plus rudes du monde. Avec les Andes médianes en épine dorsale, elle est plantée comme un coin très allongé dans l'océan Austral, le cap Horn et la Terre de Feu au sud, au nord le 40e parallèle qui marque la frontière climatique. Entre ces limites séparées par deux mille kilomètres, la Patagonie pourrait contenir deux fois la France en son entier et ne compte, hors des quelques villes isolées de la côte, pas plus de deux cent mille habitants. Il y a trente ans, jeune écrivain-explorateur, j'y fis un très long voyage, suivi d'un autre plus tard. La Patagonie occupe toutes mes pensées, envahit les rayons de ma bibliothèque, peuple mes vitrines, excite mon imagination et s'étend jusqu'aux romans que j'écris, à tel point qu'elle m'est devenue comme une seconde patrie, parfois même la première quand mon propre pays, la France, semble par trop s'éloigner de l'idée que je m'en fais. La Patagonie est une patrie de l'âme et de l'esprit. On peut l'emplir tout entière de ses chimères et je n'y ai pas manqué, à la suite d'Orélie-Antoine 1er, roi de Patagonie, qui régna là-bas en 1860 et dont je m'honore d'être aujourd'hui l'unique consul général. On peut aussi l'emplir de sa mélancolie. Darwin, en 1835, l'avait déjà excellemment définie: en parfait Britannique, il jugeait « irrésistibles ses qualités négatives ».Roger Caillois, académicien voyageur, la baptisa « contrée toute d'espace et d'appel qui compose sur le sol un site comme il faudrait avoir l'âme ». Mais c'est Blaise Cendrars, le magicien, qui a le mot le plus vrai: « Rien ne convient plus à mon immense tristesse que la Patagonie... » Pour des millions d'individus migrateurs de vacances, le Sud exprime le soleil, la molle chaleur, la facilité, la vacuité. Là-bas, en Patagonie, le Sud signifie tout le contraire. Au moins une fois dans sa vie, il faut savoir se tromper de Sud. C'est ce qu'ont admirablement compris, au péril de leur vie, Jean-Louis Hourcadette et ses compagnons... Que je décrive tout d'abord ce pays: plus que tout autre, c'est par sa nature impitoyable qu'il envoûte. La Patagonie a un roi naturel, le vent. Il y souffle en tempête les trois quarts de l'année et détruit toute tentative de la végétation de se hausser au-dessus de l'élévation d'une touffe d'herbe. Quand je plantais ma tente, le soir, je devais le plus souvent m'y employer en rampant, plaqué au sol, pour ne pas être emporté par ce vent d'outre-monde que les habitants de la Patagonie nomment tout simplement el viento, le vent, comme ils diraient Dieu, en se signant les nuits d'ouragan. En Patagonie chilienne, sur l'autre versant des Andes, là où la côte n'est plus qu'un terrifiant labyrinthe de rochers soumis à toutes les tempêtes de l'océan Pacifique mal nommé, le vent est accompagné de sa reine impitoyable, la pluie. Elle y étend son voile opaque trois cents jours par an, faisant naître sur les basses pentes des Andes un foisonnement de forêts monstrueuses et impénétrables. A l'extrême sud, enfin, le vent et la pluie s'allient à un troisième génie maléfique, la neige, et ses serviteurs polaires que sont la glace, la grêle et le grésil, pour envoyer au martyre les rares êtres humains pris dans les tourmentes de leurs embrassements. Au détroit de Magellan, au cap Horn, sont morts bien des navires de vingt nations maritimes, dont la nation bretonne qui a laissé là-bas, dans ce cimetière marin, des équipages entiers des meilleurs de ses fils. Naviguant dans les parages de l'île Désolation au nom prédestiné, j'ai même vu les croix symboliques, hautes vergues décharnées d'un trois-mâts qui émergeaient encore de l'eau... Et j'ai bivouaqué à Port-Famine, sur le détroit de Magellan, un site abandonné qui fut la première capitale de la Patagonie australe, au temps des conquistadors. En 1585, Andres de Viedma, capitaine général, y tenait garnison pour le roi d'Espagne. Trois ans plus tard, quand débarqua à Port-Famine le corsaire anglais Cavendish, le fort n'était gardé que par des squelettes. D'autres pendaient à des gibets. Les cadavres étaient encore dans les maisons où ils étaient morts de faim. Il ne subsiste de cette ville que son nom. Y avoir passé la nuit, seul, sous le poids de tant de souvenirs, restera pour l'éternité l'une des grandes émotions de ma vie... Plus loin, au cap Froward, l'air était empli d'un vacarme de fin du monde. C'était un glacier qui se brisait et tombait dans la mer, opéra familier de la Patagonie australe. Mais là-haut, c'est pire encore. Là-haut, c'est la montagne, la cordillère des Andes et le terrible Hielo, cet immense plateau glaciaire où sévit la plus effroyable météorologie du monde. Un de mes amis, Lionel Terray, premier vainqueur du Fitz Roy, y avait souffert autrefois jusqu'à l'épuisement. « C'était, disait-il, la conquête de l'inutile... » Après Blaise Cendrars, toute la Patagonie est ramassée dans ces mots. Et c'est là-haut, sur le Hielo, que Jean-Louis Hourcadette et ses compagnons ont vécu près de trois mois, « ermites glaciaires, fous de vent, aveugles de brouillard, dans des conditions suicidaires », si bien qu'ils furent donnés pour morts et qu'à leur réapparition quasi miraculeuse, ils durent, comme l'écrit Hourcadette, « réapprendre à rire ». C'est ce récit que vous allez lire. Il dépasse l'aventure, il dépasse l'exploit, il enfonce le bon sens. C'est un récit initiatique. Et pour quoi? Par quelle folie? Par quel besoin de dépassement? Son cosas de Patagonia, un proverbe de là-bas. Ce qui signifie à peu près: c'est la Patagonie, que personne ne cherche à comprendre... » Jean Raspail
Les gitans de la mer, Ingrid Peuziat (L’harmattan)
A la fin de années 1970, le Chili connaît un essor sans précédent de la pêche dans les canaux de la Patagonie insulaire. Des milliers de pêcheurs artisanaux se ruent sur le merlu austral, ressource rare et presqu'exclusivement destinée à l'exportation vers l'Espagne. Pendant deux décennies, ils exploitent les bancs migrants de merluza, et découvrent un milieu physique extrêmement riche, mais hostile, où ils caressent le rêve de s'installer dans une existence nouvelle. Cet ouvrage est une remarquable étude des gens de la mer...
Films
Le tour du monde en quatre détroits, Béring, Ormuz, Malacca, Magellan, Thalassa, une collection dirigée par Georges Pernoud (France 3, 2001)
Îles… était une fois Patagonie, Chiloé, Île de Pâques, Antoine (2007)
55° Sud, Hervé Haon (hervehaon@orange.fr)
L’ultima Patagonia, Luc-Henri Fage (2005)
Les vastes massifs calcaires (karsts) des îles désolées de la côte Pacifique de Patagonie ont été creusés et érodés par l'action de l'eau sous un des climats les plus extrêmes de la planète (climat subpolaire hyperhumide). L'expédition Ultima Patagonia s'est fixé comme objectif une exploration complète de l'île Madre de Dios, dont les karsts, jusqu'alors inconnus, contiennent de véritables labyrinthes de grottes, de galeries et de puits, tandis que sa surface, arrosée par plus de 8 mètres d'eau annuels et battue en permanence par des vents violents, est spectaculairement érodée en lapiaz géants (cannelures et crevasses dans la roche calcaire). L'équipe de chercheurs et de spéléologues s'enfonce dans les gouffres pour tenter de reconstituer le trajet des eaux souterraines, de la goutte de pluie à la résurgence, qui a lieu en dessous du niveau de la mer. Parallèlement, une archéologue parcourt l'île à la recherche de campements ou de sépultures d'indiens Alakaluf, aujourd'hui en voie de disparition.
Procédé audiovisuel : Prises de vues réelles. Utilisation de photographies et de films d'archives en noir et blanc sur les indiens Alakaluf, et de vues sous-marines.
Livres
Qui se souvient des hommes, Jean Raspail (Robert Laffont, 1986)
Le chant du Silbaco, Jacques Meunier, Anne-Marie Savarin (Phébus)
Très brève relation de la destruction des Indes, Bartolomé de Las Casas (La découverte, poche)
Relation de l’histoire ancienne des Indiens, Ramon Pané (La différence)
Le Papalagui, les étonnants propos de Touiavii, chef de la tribu de Tiavéa, dans les îles Samoa, sur les hommes blancs, recueilli par Erich Scheurmann (Presses Pocket, 2001)
Génocides tropicaux, Catastrophes naturelles et famines coloniales, Aux origines du sous-développement, Mike Davis (La découverte, poche)
Ishi, Theodora Kroeber (Terre Humaine, Plon)
Quand le soleil voulait tuer la lune, rituels et théâtre chez les Selk’nam de Terre de Feu, Anne Chapman (Metailié, 2008)
« Comment parler en quelques lignes de peuples d’une si grande puissance ? »
Les Nomades de la mer, José Emperaire (Gallimard, 1955, réédité le Serpent de Mer, 2003)
En mars 1946, sur les côtes désolées des archipels de Patagonie, un bateau chilien débarquait à terre deux ethnologues français, José Emperaire et Louis Robin. Pendant vingt-deux mois, les deux ethnologues n'eurent d'autre compagnie que celle des Alakaluf, ce petit groupe d'hommes perdu dans la bruine des archipels. Peu à peu, une amitié inaccoutumée s'établit entre les nouveaux venus et les quelques familles Alakaluf qui, de temps à autre, reprenaient la vie nomade de leurs ancêtres et acceptèrent d'être accompagnées par les deux ethnologues pendant leurs fantastiques parcours dans la solitude des canaux. Le récit de cette longue cohabitation et ses résultats ethnographiques donnera Les Nomades de la mer. Mais les Alakaluf, comme les autres Indiens de l'extrême sud du continent américain, étaient depuis le début du XXème siècle en voie d'extinction. Dernier témoignage de ces peuples qui avaient longtemps fasciné les marins, savants et explorateurs, Les Nomades de la mer est un ouvrage passionnant sur un monde nimbé de mystères, et à jamais disparu...
Tout au bout du monde, avec les hommes et les bêtes de Patagonie, Annette Laming-Emperaire (Amiot-Dumont, 1954)
« Il y aurait à faire une psychologie du bout du monde. Tous ses habitants sont marqués par l'isolement, le détachement, la rupture avec toute autre communauté humaine et par la nécessité de s'accommoder à un climat dur et triste, à un paysage qui n'a pas encore eu le temps de s'humaniser (...). C'est en Patagonie que, paradoxalement, la beauté tragique des paysages grandioses et inhumains nous a appris à mieux apprécier les paysages humains. »
Ethno-archéologie dans les archipels de Patagonie : les nomades marins de Punta Baja, Dominique Legoupil (Editions Recherche sur les civilisations, 1989)
Dominique Legoupil est l’auteur d’une Bibliographie concernant la pêche en Patagonie et terre de Feu dans les ouvrages de la bibliothèque du Musée de l’Homme (Cahiers du CETMA, N°4, Paris, 1979) et d’autres ouvrages ethnologiques sur les Indiens de Terre de Feu.
Hain : Ceremonia de iniciación Selk’nam, Anne Chapman (Taller experimental Cuerpos pintados, col. « Cuerpos pintados, culturas tradicionales-Patagonia », Santiago, 2002)
Trois ouvrages, à l’édition luxueuse, de grand format et magnifiquement illustrés, ont enrichi récemment la bibliographie des Indiens de Patagonie et de Terre de Feu. Ils sont édités en espagnol au Chili et font partie d’une collection « Cuerpos pintados » qui propose des ouvrages sur la représentation du corps humain, à la fois dans des cultures dites traditionnelles (comme ici) et sur des supports artistiques contemporains. Ces trois livres concernent les chasseurs selk’nam de Terre de Feu et les nomades marins des archipels dont les représentants ont aujourd’hui pratiquement disparu, à l’exception de deux femmes yaghan et d’une poignée d’Alakaluf parlant encore la langue de leurs ancêtres.
Les deux premiers volumes (Hain: ceremonia de iniciación selk’nam et Fin de un mundo: los selk’nam de Tierra del Fuego) portent sur les chasseurs terrestres de Terre de Feu, essentiellement les Selk’nam et, accessoirement, leur cousin Haush. Ils sont l’œuvre d’Anne Chapman, ethnologue qui a longuement travaillé dans les années 1960 et 1970 avec les derniers Selk’nam puis, à partir des années 1980, avec les derniers Yaghan.
Le premier volume présente le rite de passage des jeunes chasseurs à la vie adulte. Le but ultime de cette cérémonie est d’affirmer la prédominance du patriarcat sur un supposé matriarcat initial. Elle est connue essentiellement grâce au témoignage de Martin Gusinde, l’ethnologue allemand à qui nous devons les principaux travaux (1931 et 1937) sur les Indiens de Patagonie et de Terre de Feu, et qui a participé en 1923 à l’une des dernières cérémonies du Hain. À la vision de Gusinde, s’ajoutent les impressions et les souvenirs des informateurs d’Anne Chapman, dont certains avaient participé aux cérémonies du Hain dans leur enfance. Dans le chapitre I sont présentés les principaux mythes selk’nam et, notamment, le mythe fondamental de la prise du pouvoir par les hommes. Dans le chapitre II sont résumés les grands traits de cette société, les causes et circonstances de sa désintégration (génocide intentionnel, maladies infectieuses, etc.). Le chapitre III est consacré aux trois protagonistes du Hain de 1923 : Gusinde lui-même en qualité de kloketen (ou initié) et les deux dirigeants de la cérémonie, Tenenesk (un chamane haush/selk’nam) et Halimink (chamane selk’nam moins prestigieux) ; tous deux sont morts, peu de temps après, à cause d’une épidémie de rougeole. Dans le chapitre IV sont décrits la cérémonie, ses principaux personnages mythologiques, ses rites (parmi lesquels le rite de puberté féminine) et ses jeux, enfin l’obligation de secret absolu vis-à-vis des femmes dans le but de les empêcher de reprendre le pouvoir perdu. Le livre se termine sur le récit du retour périlleux de Gusinde à la civilisation à travers la Cordillère, après trois mois passés en compagnie des Selk’nam au bord du lac Fagnano. Ce premier volume est accompagné d’un cédérom offrant des chants de la cérémonie du Hain interprétés en 1966 par Lola Kiepja, la dernière chamane, et enregistrés par l’auteur.
Fin de un mundo: los selk’nam de Tierra del Fuego, Anne Chapman (Taller experimental Cuerpos pintados, col. « Cuerpos pintados, culturas tradicionales-Patagonia », Santiago, 2002)
Le second volume (Fin de un mundo: Los selk’nam de Tierra del Fuego) est constitué de chapitres très variés. Plusieurs d’entre eux offrent la réédition et, dans certains cas, la traduction en espagnol d’articles anciens, parfois légèrement corrigés ; d’autres permettent la publication d’une très riche documentation acquise au fil des années. Dans la première catégorie on trouve les chapitres I, III, IV, V et VIII. Le chapitre I, « Fin de un mundo », publié pour la première fois en 1970, en hommage à Claude Lévi-Strauss, présente les relations de l’auteur avec sa principale informatrice, Lola Kiepja, qui mourut en 1966 et qui était la seule à avoir véritablement connu la vie traditionnelle dans sa jeunesse. Le chapitre III, paru en 1975, dans le Journal de la Société des Américanistes, présente la seconde femme yaghan, Angela Loij, décédée en 1974. D’une manière tout à fait personnelle, ces deux chapitres sont accompagnés de poèmes de l’auteur à la mémoire de ses informatrices devenues des amies. Le chapitre IV, « La mujer-luna en la sociedad selknam », est la traduction d’un article de la revue Objets et Monde (1974). Le rôle de la femme est évoqué ici à travers la présentation de la femme-lune, puissante figure de la mythologie selk’nam, qui représente le matriacat. Le chapitre V décrit les grandes lignes de l’économie et de la structure sociale de ces groupes de chasseurs de guanacos, nomades. Il avait été publié à Madrid en 1985, à l’occasion du cinquième centenaire de la découverte de l’Amérique. Enfin le chapitre VIII (« Karukinka Cuadernos fueguinos », 1973) offre une ouverture sur les Hausch puisqu’il s’agit du récit d’une expédition effectuée par l’auteur dans le territoire de ce groupe, au sud-est de la Terre de Feu, en 1970, en compagnie de deux guides métis, l’un Haush et l’autre Yaghan.
Dans la seconde catégorie des notes et documents, le chapitre II présente le script d’un film réalisé en 1968 et 1977 par Anne Chapman et Ana Montes de Gonzalez. Il transcrit les souvenirs des derniers descendants selk’nam sur leur famille et leur vie dans la mission salésienne de Rio Grande ou dans les estancias de Terre de Feu où beaucoup travaillaient comme peones. De cette façon, on a l’impression d’être au plus près de ce que ressentent les indigènes à propos de leur propre processus de désintégration culturelle. Enfin les chapitres VI et VII présentent les notes et transcriptions des textes accompagnant les enregistrements de chants chamaniques ou de deuil ou encore du Hain effectués dans les années 1960 et 1970 et dont certains sont reproduits sur le cédérom du volume précédent.
Ces deux ouvrages offrent une vision globale et captivante de l’œuvre d’Anne Chapman. Proposant un « best off » d’articles et de très belles illustrations, ils nous plongent à l’intérieur de son travail d’ethnologue et nous donnent un aperçu de ses relations avec les derniers Selk’nam.
12 miradas sobre selknam, yaganes y kaweskar, A. Quack, E. Edwards, F. Gallardo, D. Quiroz, J.C. Olivares, M. Massone, M.E. Mansur, E.L. Piana, L.A. Orquera, A. Chapman, M. Martinic, M. Oldone, M. Palma, P. Mason y A. Gahona (Taller experimental Cuerpos pintados, col. « Cuerpos pintados, culturas tradicionales-Patagonia », Santiago, 2002)
Le troisième volume (12 miradas sobre selknam, yaganes y kaweskar) est l’œuvre d’une douzaine d’auteurs qui présentent des points de vue très disparates sur les Indiens de Patagonie et de Terre de Feu, tant terrestres que maritimes. Une remarque sur le titre du livre s’impose. Kaweskar est le nom sous lequel se reconnaissaient les derniers Alakaluf de Puerto Eden, comme l’a indiqué J. Emperaire dans son livre Les Nomades de la Mer qui vient d’être réédité en France (éditions du Serpent de Mer, 2003) et au Chili (Lom, 2002). Cette appellation est donc réservée à un groupe limité dans l’espace (Puerto Eden) et dans le temps (la seconde moitié de xxe siècle). Il est abusivement employé depuis peu au Chili comme synonyme d’Alakaluf, nom traditionnellement attribué par les anthropologues et voyageurs aux groupes de l’ensemble des archipels occidentaux de Patagonie.
Les articles de ce livre sont non plus seulement ethnographiques, comme dans les précédents volumes, malgré la présence de deux articles de Chapman et de Gahona sur les Yaghan, mais aussi archéologiques (avec les textes de Quiroz et Olivares, Massone, Mansur, Piana et Orquera), historiques (Martinic) ou iconographiques (Quack, Edwards, Odone et Palma, P. Mason). Ce dernier aspect, qu’il s’agisse du regard photographique de Gusinde sur les indigènes ou des représentations de ceux-ci en Europe à la fin du xixe siècle, est largement abordé ; cela correspond à la vocation de cette collection qui veut montrer les représentations du corps humain. Il convient de considérer ces textes comme une juxtaposition de points de vue distincts, souvent intéressants, mais il serait vain d’y chercher un enchaînement logique (chronologique, ethnique ou thématique), ce que souligne la construction même du livre sans numérotation des chapitres.
Fuegia, Eduardo Belgrano Rawson (Actes sud, 1997)
Une famille d’Indiens de Patagonie fuit un îlot du Sud, protégé par une mission en décrépitude, avec l’espoir de gagner un Nord plus pacifique. Dans un long périple à travers steppes, forêts, canaux, canaux et glaciers, elle croise tragiquement la route des chasseurs de phoques, puis celle des éleveurs anglais venus faire fortune dans ce nouveau Far West, et qui s’apprêtent à déclarer les indiens « calamité nationale ». Ni témoignage ni document ethnographique, Fuegia est un roman au souffle inoubliable, hanté par les souffrances de ceux qui vivaient encore, il y a à peine un siècle, en cette région du bout du monde : la Terre de Feu. Dans un sublime décor battu par la mer et les tempêtes, ce livre mémorial fait entendre la clameur d’un peuple en voie d’extermination. »
Sites
http://www.moncelon.com/alakalufs.htm
http://www.limbos.org/sur/elsur.htm
http://jsa.revues.org (Journal de la société des Américanistes)
Films
Peuple Ona : Vie et mort en Terre de Feu, Anne Chapman et Ana Montes de Gonzalez (1977)
Les Ona ou Selk'nam étaient un peuple de chasseurs, de guerriers et de chamans qui vivaient en Terre de Feu. Le film raconte leur histoire en deux parties, leur vie puis l'extinction de leur ethnie. Anne Chapman a eu connaissance de la culture de ce peuple par les récits et les chants qu'elle a recueillis auprès des derniers descendants et en particulier auprès de Kiepja, morte en 1966. Elle raconte les modes de vie des Ona, leurs traditions et les cérémonies rituelles de transmission des règles morales. En 1880, l'île a été occupée par des Blancs (aventuriers et chercheurs d'or), qui commencèrent à massacrer les Indiens. A la fin du 19ème siècle, les Ona furent particulièrement persécutés : soit ils risquaient d'être abattus par les nouveaux propriétaires d'estancias (grands domaines d'élevage de moutons), soit ils devaient aller vivre dans des missions où, mal traités, ils mouraient de maladies. Avant l'arrivée des Blancs, la population selk'nam s'élevait à environ 4000 personnes, en 1977, il ne restait que deux Ona et cinq métis.
Hommage au peuple Yahgan, Indiens de Terre de Feu et du Cap Horn, A. Chapman (1990)
L'histoire, les modes de vie et la culture des Yahgan, peuple indien nomade de chasseurs cueilleurs, aujourd'hui disparu, sont évoqués sur le lieu de leur peuplement au Cap Horn et en Terre de Feu. A partir de 1624, date de la première rencontre de Hollandais avec des Yahgan, eurent lieu de nombreuses expéditions (James Cook, Georges Forester...). En 1830, le capitaine anglais Fitz-Roy découvrit à son tour ce peuple et revint en Angleterre avec quatre indigènes. L'un d'eux, surnommé J. Button, s'adapta très bien à la civilisation anglaise. Deux ans plus tard, il fut ramené chez lui avec deux autres de ses compagnons par le capitaine Fitz-Roy accompagné entre autres par Charles Darwin. Différentes expéditions se succédèrent jusqu'en 1855. Certaines reprirent contact avec J. Button, qui au fil des années se refondit dans sa culture d'origine et refusa de retourner en Angleterre. A partir de 1860 les premières missions furent implantées. Peu à peu, la population des Yahgan diminua jusqu'à leur décimation due à de très nombreuses épidémies.
La Película del Rey, Osvaldo Sorin (1980)
El viaje, Fernando E.Solanas (1992)
Mémoires de la terre de feu, Emilio Pacull (2000)
Historias Minimas, Carlos Sorin (2002)
Livres
Kronprinz Rudolf, ein Leben Brigitte Hamann (Amalthea, 2005)
Le destin mystérieux d’un archiduc, Jean Orth, Maurice Paléologue (La Palatine)
Les Mémoires de Jean Orth (1859-1921) - Une Enigme à la Cour de Toscane
Le nom de Jean Salvator de Habsbourg a été trop intimement lié au drame de Mayerling pour n'être pas aussi connu que celui de l'Archiduc Rodolphe qui en fut à la fois l'auteur et l'une des deux victimes. Cousin et ami intime de Rodolphe, Jean Salvator avait quitté l'Autriche et l'Europe après cette tragédie où son rôle, pour beaucoup, demeure mystérieux. Sous le nom d'emprunt de Jean Orth et sur sa goélette Santa Margherita, il avait gagné le détroit de Magellan, et, laissant croire à sa mort dans le naufrage de son bateau, il avait passé quelques temps à Punta Arenas - puis il avait disparu; ou tout au moins il avait échappé à l'attention et à la curiosité des hommes, aussi efficacement que s'il avait réellement trouvé la mort sur les brisants du cap Horn. Aujourd'hui même, il est facile de "disparaître" en Patagonie; mais à l'époque où Jean Orth en entreprenait pour son propre compte l'exploration, la chose était plus aisée encore: en 1890, Punta Arenas, capitale et seul port chilien des territoires magellaniques, bourgade de cabanes en planches, traversée de palissades qui tentent d'en dessiner les rues, compte à peine trois mille habitants; et bien peu d'entre eux, qu'ils soient gens de mer ou hommes de la terre, peuvent justifier d'une nationalité et d'un état civil certains, et d'occupations avouables. Chacun mène sa vie comme il l'entend, ou comme il peut. Jean Orth ne sera parmi ces chercheurs d'or, ces mauvais bergers et ces marins déserteurs, qu'un aventurier de plus; mais un aventurier dont un double dessein règle désormais la conduite: rupture complète avec le passé, oubli de son titre et de son rang d'altesse impériale et royale, des intrigues et des drames de la cour de Vienne; et découverte fervente du Sud extrême dont la beauté austère l'a, au premier contact, séduit. On ne peut imaginer contraste plus grand entre ce qu'ont été l'existence du prince, à Vienne, la cadre de celle-ci, et celle que choisit ce voyageur sans bagage au long de côtes battues par la tempête, à travers la solitude des steppes, et dans l'abrupte cordillière. C'est en Terre de Feu, au bord de ce chenal Beagle où navigua Darwin, que s'installe d'abord Jean Orth, au seuil même de l'Antarctique. Puis il remonte vers le détroit de Magellan. Il erre dans le labyrinthe des archipels de l'ouest, battus par la pluie et les rafales qui tombent des Andes. Pendant plusieurs années, il en visite les îles désolées, toute désertes ou hantées par quelques pêcheurs indiens qui fuient le contact; il entre dans les fjords profond qui ouvrent le seuil des vallées de la cordillière. Et c'est enfin vers les hauteurs de la cordillière elle-même qu'il fait route, enthousiasmé par leur splendeur. Au pied des aiguilles de glace et de granit du mont Fitz-Roy qui dominent les lacs immenses de la Patagonie andine, le prince se fait berger. Il construit un rancho barbare, qu'il baptise Cañadon Largo. Il vivra là, dans cette hautaine solitude, avec ses chevaux et ses boeufs. Il dort sur des peaux de bêtes et s'éclaire à la flamme de lampes à graisse. Il chasse, il s'intéresse aux arbres et aux plantes de la montagne autant qu'aux animaux sauvages dont il apprend les moeurs. Il se passionne surtout pour la topographie de cette partie des Andes, presque totalement inconnue à cette époque: il parcourt la cordillière à la recherche d'un passage ves l'ouest, ne pouvant croire qu'un col n'entame pas, en quelque point, ce rempart dressé sur le Pacifique et que couronne, sur des centaines de lieues, un des plus longs glaciers du monde. Dans sa cabane de troncs mal équarris, parmi ses fourrures de guanaco et dans la puanteur de ses lampes, Jean Orth a gardé de Jean Salvator de Habsbourg l'intelligence vive, l'insatiable curiosité, et le maintien, la netteté, presque l'élégance de la mise. Un Français qui voyageait là-bas et qui sut peu à peu capter sa confiance fut frappé par la courtoisie de son acceuil: ils s'entretinrent en espagnol d'abord, puis dans la langue du visiteur dont le ranchero usait aussi aisément que du castillan et de l'allemand. Le prince, accablé d'honneurs, n'en cherchait plus aucun; l'homme habitué au luxe ne tenait même plus au confort. Il avait connu la satiété dans le monde. Hors du monde, il avait trouvé la paix. C'est dans cette paix qu'il s'eteignit. En 1910, Jean Salvator de Habsbourg, altesse royale et impériale, mourut dans son rancho au pied du Fitz-Roy, dans la solitude qu'il s'était choisie. S'il n'a pu découvrir le passage qu'il espérait, trouant le rempart de la cordillière, vers le Pacifique, c'est que ce créneau n'existe pas et que rien n'entaille la colossale muraille des Andes de Patagonie. Mais l'homme avait atteint ce que le prince n'avait jamais connu: avec le calme de l'âme, une certaine forme de bonheur."
L’orpheline de Mayerling, Elisabeth-Marie, l’archiduchesse rouge, G. Windisch-Graetz (Les racines de l’histoire)
Élisabeth Marie Henriette Stéphanie Gisèle, archiduchesse d'Autriche et princesse de Windischgrätz (née le 2 septembre 1883 à Laxenbourg – décédée le 16 mars 1963 à Vienne) était la fille de Rodolphe, prince héritier de l’empire austro-hongrois et de l'archiduchesse née Stéphanie de Belgique. Elle fut connut sous la république sous le nom de l'Archiduchesse rouge. Issue de la maison de Habsbourg-Lorraine, Elisabeth-Marie est l’unique enfant de l'archiduc héritier Rodolphe d’Autriche et de son épouse née princesse Stéphanie de Belgique. sa famille l'avait surnommée "Erszi", diminutif affectueux hongrois. "Erszi" avait tout juste cinq ans quand son père fut retrouvé mort en compagnie de sa maîtresse de 17 ans Marie Vetsera le 30 janvier 1889. Après ce coup du sort, son grand-père paternel, l’empereur François-Joseph Ier s'occupa de sa petite-fille. Elle devient ainsi son petit-enfant préféré. En 1900, sa mère Stéphanie épouse en secondes noces le comte Elemer Lonyay et se sépare de la dynastie autrichienne des Habsbourg. Après cela, "Erzi" n'a presque plus de contact avec sa mère. Elle donne en effet à celle-ci une part de responsabilité dans la tragédie de Mayerling et ne cessera de déplorer la mort de son père. Après avoir failli se fiancer au prince héritier Albert de Belgique, elle épouse le 23 janvier 1902 le prince Othon de Windischgrätz (1873-1952). À travers ce mariage non conforme à sa position sociale, elle se sépare également de la maison impériale et se nomme maintenant princesse Elizabeth Marie de Windischgrätz. Le couple aura quatre enfants : François-Joseph (1904-1981), Ernest (1905-1952), Rodolphe (1907-1939) et Stéphanie (1909-2005). Après la chute de la monarchie en 1918, le couple se sépare en 1924,(Othon et Elisabeth-Marie divorceront au début de l’année 1948). Élisabeth-Marie (tous les titres de noblesse ont été supprimés sous la république) rencontre en 1921 le professeur et politicien social-démocrate Léopold Petznek (1881-1956) et devient sa compagne. Ils se marient le 4 mai 1948 après que le divorce avec son précédent mari soit effectif. En Octobre 1925 Élisabeth s'installe à Hütteldorf, un quartier de Vienne. Elle rejoint le parti social-démocrate et demeure connue sous le nom de l’Archiduchesse rouge pour son association au parti socialiste. A partir de 1930, elle vit avec le professeur Petznek dans une ville de Hütteldorf (Vienne 14e arrondissement, Linzer Straße numéro 452). Après avoir été saccagée par les soldats russes, sa villa est occupée par des français. Le couple peut y revenir à la fin de l'occupation de la ville en 1955. Élisabeth-Marie meurt à Vienne le 16 mars 1963 à l'age de 80 ans. Elle fut, selon son désir, inhumée dans une tombe anonyme du cimetière d'Hütteldorf à Vienne, près de la maison où elle passa ses dernières années.
Opéras et opérettes (c’est l’Autriche !)
La Chauve-souris (Die Fliedermaus), opérette de Johan Strauss
Le livret est une adaptation de la comédie en 3 actes de Meilhac et Halévy Le Réveillon, et évoque la crise économique qui touche l’Autriche en 1874-75, et dont l’Empire ne se remettra finalement jamais.
L’or du Rhin, opéra de Wagner
La malédiction de l’or, telle qu’elle est traitée par exemple dans les mises en scène de Patrice Chéreau (disponible en DVD)
Sites et articles
Herr Johann Orth’s Fate (The New York Times, December 29, 1890)
http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9E03E2D71E3BE533A2575AC2A9649D94619ED7CF
John Orth in Argentina (The New York Times,February 16, 1899)
http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9F01E7DA1738E733A25755C1A9649C94689ED7CF
Fate of Archduke Johann (The New York Times, October 26, 1902)
http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9C04E2DC1E3DEE32A25755C2A9669D946397D6CF
How Maria Vetsera and the Crown Prince Became Acquainted (The New York Times, January 23, 1910)
http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9900E2D81730E233A25750C2A9679C946196D6CF
Orth and his skeleton (The New York Times, January 10, 1911)
http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9905E6DB1331E233A25753C1A9679C946096D6CF
Orth officially dead (The New York Times, May 28, 1911)
http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9E02E5D71439E333A2575BC2A9639C946096D6CF
Countess Marie Larisch tells inside story of death of Prince Rudolph (The New York Times, May 4, 1913)
http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9E03E5D8173FE633A25757C0A9639C946296D6CF
Livres
Magellan, Stefan Zweig (Grasset, 1938)
Amerigo, Stefan Zweig (Belfond, 1992)
Voyage autour du monde par la frégate La Boudeuse et la flûte L’Etoile, L.A. de Bougainville (La découverte, Maspero, 1985)
Fous de Patagonie, quatre découvreurs du bout du monde (1856-1897), récits présentés par Chantal Edel, Auguste Guinnard, Docteur Paul Hyades, Comte Henry de La Vaulx, Otto Nordenskjöld (Les Editions des Riaux, septembre 2006)
America Magica, quand l‘Europe de la Renaissance croyait conquérir le Paradis, Jorge Magasich-Airola et Jean-Marc de Beer (Autrement, série Mémoires, 1994)
Transfuges, voyages, ruptures et métamorphoses : des Occidentaux en quête d'autres mondes, Jean-Michel Belorgey (Autrement, série Mémoires, 1994)
Les Géants patagons, voyage aux origines de l’homme, Jacqueline Duvernay-Bolens (Editions Michalon, 1995)
Relation du premier voyage autour du monde par Magellan, A. Pigafetta (Taillandier, 1984)
« En ce dit lieu, ils ont des barques qui sont faites d’un arbre tout d’une pièce qu’on appelle « canoë ». ceux-ci ne sont point construits avec des instruments de fer, car ils n’en ont point, mais avec des pierres semblables à des cailloux, et avec cela ils rabotent et creusent ces barques, dans lesquels peuvent entrer trente ou quarante hommes, et leurs rames sont faites comme des pales de fer. Les rameurs sont des gens noirs, tout nus et tondus ; il semble que ce sont des ennemis de l’enfer. »
Voyage d’un naturaliste autour du monde, fait à bord du navire le Beagle de 1831 à 1836, Charles Darwin (La découverte, Maspero, 1985)
« Quand j’évoque les souvenirs du passé, les plaines de la Patagonie se présentent fréquemment à ma mémoire et cependant tous les voyageurs sont d’accord pour affirmer qu’elles sont de misérables déserts. On ne peut guère leur attribuer que des caractères négatifs ; on n’y trouve en effet ni habitants, ni eau, ni arbres, ni montagnes, à peine y rencontre-t-on quelques arbustes rabougris. Pourquoi, donc — et je ne suis pas le seul qui ait éprouvé ce sentiment —, ont-elles fait sur moi une si profonde impression ? Pourquoi les pampas, encore plus plates, mais plus vertes, plus fertiles et qui, au moins, sont utiles à l’homme, ne m’ont-elles pas produit une impression semblable ? Je ne veux pas essayer d’analyser ces sentiments, mais ils doivent provenir en partie du libre essor donné à l’imagination. Les plaines de la Patagonie sont illimitées ; c’est à peine si on peut les traverser, aussi sont-elles inconnues ; elles paraissent être depuis des siècles dans leur état actuel et il semble qu’elles doivent substituer pour toujours sans que le moindre changement s’accomplisse à leur surface. Si, comme le supposaient les anciens, la terre était plate et entourée d’une ceinture d’eau ou de déserts, véritables fournaises qu’il serait impossible de traverser, qui n’éprouverait une sensation profonde, mais mal définie, au bord de ces limites imposées aux connaissances humaines ? »
Films
Documentaires du National Géographic
Livres
Le cinéma, naissance d’un art, (1895-1920), textes choisis et présentés par Daniel Banda et José Moure (Champs Flammarion, 2008)
Eadweard Muybriqde, Paul Hill (Phaidon, Collection 55, 2002)
Etienne-Jules Marey, Michel Frizot (Photo poche)
Lanternes magiques, Elodie Imbeau (Actes sud junior, 2006)
Films
Pour l’aventure du cinéma des origines Naissance d’une nation et Intolérance de Griffith, et puis le film des Frères Taviani Good morning Babylonia, et puis la collection Retour de Flamme (Lobster Films)
Pour le mélodrame, les autres films de Griffith (Le Lys brisé, Les deux Orphelines, Way down east), de Feyder (Visages d’enfants), et de Lherbier (El Dorado)
Sur la disparition d’un âge d’or, les films de Murnau (L’Aurore, Tabou) et de Lherbier (L’Argent)
Pour le geste cinématographique, les films de Jean Rouch sur l’Afrique, de Robert Flaherty puis de Jean Malaurie sur les Inuits, de Robert Flaherty puis de Pierre Perrault sur les sociétés de pêcheurs (l’île d’Aran, l’île-aux-Coudres), ou les documentaires où l’on entend parler Nicolas Bouvier (Le hibou et la baleine, Le poisson scorpion, Le vent des mots…)
Et puis Jean Renoir… (voir aussi Ceux de chez nous, Guitry)
La Tempête de Shakespeare
Saudades do Brasil, Claude Lévi-Strauss (2007, Plon)
Tristes tropiques, Claude Lévi-Strauss (1955, rééd. Pocket, coll. « Terre humaine », 2001)
Récit de ses rencontres avec les Indiens du Brésil. Lévi-Strauss prend ses distances avec le genre du récit de voyage, ce que l’incipit annonce de manière assez provocante : « Je hais les voyages et les explorateurs ». Il s’agit en effet non de peindre l’exotisme ou l’aventure mais de saisir une réalité humaine et de s’interroger sur la civilisation. Comme l’analyse Georges Bataille : « La nouveauté du livre s’oppose à un ressassement, elle répond au besoin de valeurs plus larges, plus poétiques, telles que l’horreur et la tendresse à l’échelle de l’histoire et de l’univers, nous arrache à la pauvreté de nos rues et de nos immeubles. »
Les livres
Toute la collection Rouge et Or ou presque :
Le Robinson suisse, J.R Wyss
Moby Dick, Herman Melville
Robinson Crusoé, Daniel Defoe
Les chasseurs d’or, J.O. Curwood
La croisière du Snark, Jack London
La fièvre de l’or, Jack London
Un corsaire de quinze ans et Un marin de Surcouf, Louis Garnerey
etc …
Voyages de Gulliver, Jonathan Swift (Garnier-Flammarion, 1999)
Sa majesté des mouches, William Golding (Gallimard, 1956)
Comment la terre est devenue ronde, Mitumasa Anno (L’école des loisirs, 1982)
Les derniers géants, François Place (Casterman, 1992)
Atlas des géographies d’Orbae, François Place (Casterman, 2000)
Tome 1, De la rivière rouge aux pays des Zizotls
Tome 2, Du pays des Amazones aux îles Indigo
Tome 3, Du pays de jade à l’île Quinookta
Muséum, Petite collection d’ailes et d’âmes trouvées sur l’Amazone, Frédéric Clément (Ipomée, Albin Michel, 2000)
Explorateurs, Olivier Besson (Editions Thierry Magnier)
Le garçon qui voulait devenir un être humain, Jorn Riel (Sarbacane)
Tome 1, Le Naufrage
Tome 2, Les frères sanguinaires
Tome 3, Le voyage
Le petit navigateur illustré, Elzbieta (L’Ecole des loisirs, 1991)
Le monde du bout du monde, Luis Sepuvelda (Seuil)
Un garçon de seize ans lit Moby Dick et part chasser la baleine. Un baleinier industriel japonais fait un étrange naufrage à l’extrême sud de la Patagonie. Un journaliste chilien exilé à Hambourg mène l’enquête et ce retour sur les lieux de son adolescence lui fait rencontrer des personnages simples et hors du commun, tous amoureux de l’Antarctique et de ses paysages sauvages. Il nous entraîne derrière l’inoubliable capitaine Nilssen, fils d’un marin danois et d’une Indienne Ona, parmi les récifs du Cap Horn, sur une mer hantée par les légendes des pirates et des Indiens disparus, vers des baleines redevenues mythiques.
Le kangourou de Cook, Eddie Devolder (Esperluète Editions, 1997)
Un grand voilier des siècles passés approche d’un littoral planté d’une végétation tropicale : une terre quasi inconnue à l’époque. Des ordres sont lancés, des chaloupes mises à la mer ; l’équipage descend. Sur le pont du bateau, le capitaine Cook commande le débarquement. Il veut prendre possession de cette terre au nom de la couronne d’Angleterre et ramener au pays un maximum d’informations. Des équipes sont organisées : elle s’engageront à l’intérieur des terres. Les hommes connaissent leur mission. Le capitaine Cook découvre l’Australie. Il est âgé de 42 ans quand en 1770, il aborde ce rivage délaissé par les explorateurs, personne dans la course aux colonies ne semblait s’y intéresser. Au terme de leurs premières incursions, les équipes reviennent à la tête d’une intéressante moisson. On a même mis la main sur un indigène ! On étale sur le rivage le fruit des collectes, les bizarreries abondent. On essaie de les recenser, de connaître les noms locaux d’oiseaux inconnus et d’animaux étranges. On interroge l’aborigène ; on le presse de questions. On lui présente un animal étonnant, attrapé avec grande difficulté : un rongeur apparemment qui se tient souvent sur ses puissantes pattes arrières. Il avance par bonds et se sert de sa queue comme d’un balancier. On aimerait en savoir plus. On presse l’indigène terrorisé par la brutalité des questions. Il tend les mains, paumes en avant. Il dit : "Kangourou". On note le mot, on met l’animal dans une cage pour le ramener en Angleterre. Ce mot, phénomène exceptionnel est le même dans toutes les langues du monde qui ont assimilé l’existence du kangourou. Un jour, en 1980, un linguiste anglais qui s’intéresse aux langues des aborigènes d’Australie, découvre à sa grande stupeur que kangourou signifie "Je ne sais pas". Ainsi toutes les langues du monde savent dire : "Je ne sais pas", en aborigène.
Les atlas et cartes
En tout genre…
Les films
Tous les films cités plus haut et :
Le Voyage de Gulliver à Lilliput et chez les Géants, Georges Méliès (1902)
Nanouk, l’esquimau, Robert Flaherty (1922)
The gold rush, Charlie Chaplin (1925)
L’île au trésor, Victor Fleming (1934)
Captain Blood, Michael Curtiz (1935)
Gulliver’s travels, Dave Fleischer (1939)
Chercheurs d’or, Marx Brothers (1940)
Moonfleet, Fritz Lang (1955)
Sa majesté des mouches, Peter Brook (1963)
Courts métrages Paddle to the sea, Bill Mason (1966)
Pipache et le convoi dans les rocheuses, Jacques Lin, Fernand Deligny
Les fossiles ont la vie dure, Jacques Lin, Fernand Deligny
Les bandes dessinées
Cap Horn, Christian Perissin et Enea Riboldi (Humanoïdes Associés, 2007)
Tome 1, La Baie tournée vers l’est
Tome 2, Dans le sillage des Cormorans
Les expositions et les musées
Muséum National d’histoire naturelle
Incroyables cétacés, exposition sur les baleines
L’homme exposé, exposition scénographique des réserves du Musée de l’Homme
En attendant sa réouverture en 2012, le musée de l’Homme a entrepris un inventaire critique de ses collections en vue de construire un projet muséographique original. A cette occasion, les réserves ont été explorées pour en exhiber les trésors ; un travail de redécouverte suggéré par la scénographie. Objets, extraits de texte, documents d’archives et oeuvres d’art émergent d’un empilement de caisses, comme par accident. Ce joyeux désordre semble inviter au butinage plutôt qu’à une lecture exhaustive. La question "qu’est-ce que l’homme ?", est déclinée à travers une approche historique de ses représentations ainsi que des éclairages thématiques. Dans un premier temps, le visiteur appréhende les théories mi-mythologiques mi-scientifiques suscitées par la découverte d’un homme avant et d’un homme ailleurs. La ‘Lanterne magique’ réalisée d’après le globe terrestre de Vincenzo Coronelli reflète ainsi les progrès de la cartographie mais aussi les fantasmes d’un ailleurs fantastique. En toile de fond se profile une réflexion sur l’altérité, source de préjugés et de rejet à travers l’Histoire. Si les sculptures anthropologiques de Charles Cordier et les moulages ethnographiques mettent en exergue la variété des types physiques, le caractère indistinct des crânes conclut à l’unité de l’espèce humaine. Une unité qui fait cependant défaut à la présentation thématique, tant sont nombreuses les disciplines qui se sont intéressées à l’homme : phrénologie, anthropologie, ethnographie, anatomie ou encore archéologie. Leur voisinage rappelle que l’homme est un mélange de fonctions biologiques et de constructions sociales. Au final, si la profusion apparente désarçonne avec son air de "touche à tout", elle cadre avec l’objectif de présenter "une tentative d’épuisement d’un sujet", acquérant "moins une forme qu’une dynamique, celle de l’essai".
Musée du Quai Branly
Upside down, les arctiques, exposition-parcours (sans aucune explication écrite) sur les arts esquimaux
Planète métisse, to mix or not to mix, exposition sur les métissages, la colonisation, la mondialisation, le « choc des civilisations »
Musée National de la Marine
Les autres romans de Jules Verne
L’Oncle Robinson (1861)
Ce roman raconte comment la famille Clifton et le franco-américain Flip échouent sur une île déserte. Contrairement au Robinson Suisse de Wyss, ils sont totalement dépourvus d’objets matériels et n’ont que leur intelligence et leur débrouillardise. Il s’agit d’un roman inédit et inachevé, car refusé par Hetzel vers 1870. Verne l’a plus tard utilisé pour rédiger la première partie de L’île mystérieuse.
Les enfants du capitaine Grant. Voyage autour du monde (1865-1867)
Ce roman se compose de trois parties : Amérique du Sud, Australie et Océan Pacifique. Lord Glenarvan et son équipage naviguent sur le voilier Duncan. Ils trouvent à l’intérieur de l’estomac d’un requin qu’ils viennent de pêcher une bouteille contenant un message de désespoir envoyé par le Capitaine Grant. Le message est rongé par l’humidité et plusieurs détails manquent, mais il est clair que le désespéré se trouve quelque part sur le 37e parallèle. Avec les enfants du disparu, ils entreprennent un long voyage autour du monde, le long du 37e degré de latitude, ce qui les amènera à traverser l’Amérique du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, où ils seront faits prisonniers par des cannibales. Ce n’est bien sûr que dans les dernières pages que sera retrouvé le Capitaine Grant. Un des personnages les plus drôles de l’univers de Verne est le professeur Jacques Paganel, un Français très distrait au point de s’embarquer sur le mauvais navire et d’apprendre le portugais en pensant que c’était de l’espagnol. Ce savant se fait le porte-parole de Verne lors de conversations portant sur la géographie et l’histoire des pays visités. Plusieurs des personnages reviennent dans L’île mystérieuse, dont le méchant Ayrton.
L’île mystérieuse (1873-1874)
Trois parties composent ce chef-d’oeuvre : Les Naufragés de l’air, L’Abandonné et Le Secret de l’île. La première partie a été rédigée d’après le manuscrit de L’Oncle Robinson, roman écrit vers 1861 et rejeté par Hetzel. Rassemblés autour de l’ingénieur Cyrus Smith, cinq américains font naufrage sur une île déserte, après leur évasion en ballon pendant la Guerre de Sécession. Contrairement à Robinson Crusoé qui avait pu récupérer divers biens et objets de son navire, les cinq héros sont totalement dépouillés et ils n’ont que leur intelligence et leurs habiletés pour survivre.
Un capitaine de quinze ans (1877-1878)
Dick Sand, quinze ans, est novice sur le brick-goélette Pilgrim. À la suite d’un accident lors d’une chasse à la baleine, le capitaine Hull et tous les membres de son équipage périssent. Dick Sand prend donc les commandes du navire, dans l’espoir d’en ramener les passagers sains et saufs. À la suite de manoeuvres du traître Negoro, le navire suit une fausse route : croyant accoster la Bolivie, Sand et ses passagers se retrouvent plutôt en Afrique, en plein milieu de l’Angola, là où la traite des esclaves fait la richesse de quelques trafiquants et de rois indigènes. Sand et ses compagnons sont tôt faits prisonniers par les complices de Negoro. La quête de la liberté sera parsemée de nombreuses épreuves... Ce roman est une dénonciation en règle de l’esclavagisme. Verne ne donne pas dans la dentelle quand il sonne la charge contre les négriers et contre les pays qui, à l’époque où fut écrit ce roman, pratiquaient ou toléraient l’esclavage. Certains passages sont très violents et sanguinaires. Au passage, Verne fait la nomenclature des explorations du continent africain, consacrant un chapitre entier au docteur Livingstone et au journaliste Stanley.
Les révoltés de la Bounty (1879)
La véritable histoire, peut-être un peu romanisée, de la mutinerie de la Bounty, en 1789. Prenant bien soin de nous préciser que le récit n’est point une fiction, Jules Verne raconte la mutinerie, comment les victimes s’en sont sorties et ce que sont devenus les mutins.
L’école des Robinsons (1881)
Godfrey Morgan est le neveu du riche William Kolderup. Âgé de 22 ans, il mène une vie oisive. Au cours d’un voyage, lui et son professeur de danse et de maintien, T. Artelett (dit Tartelett), font naufrage et se retrouvent sur une île déserte, où ils doivent se débrouiller pour vivre. Sauf que ce naufrage est "arrangé" et c’est l’oncle William qui tire les ficelles.
Mathias Sandorf (1883-1884)
Mathias Sandorf est un comte hongrois se battant contre la domination autrichienne. Trahi, il est capturé et condamné à mort, mais il réussit à s’échapper en traversant la mer Adriatique à la nage. Quinze ans plus tard, sous le nom du riche Docteur Antékirtt, Sandorf revient et se venge de ceux qui l’ont trahi. Il retrouvera au passage sa fille qu’il croyait morte. Cette histoire ressemble beaucoup au Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, à qui Jules Verne dédie justement son roman.
Deux ans de vacances (1886-1887)
Dans la préface, Jules Verne s’explique : d’après lui, beaucoup de livres ont déjà présenté des personnages isolés sur une île, que ce soit l’homme seul (Robinson Crusoé, de Defoe), la famille (Robinson Suisse, de Wyss), la société (Le cratère, de Cooper), les savants (L’île mystérieuse, de Verne lui-même), en plus d’un Robinson de 12 ans, le Robinson des glaces, le Robinson des jeunes filles, etc. : Malgré le nombre infini des romans qui composent le cycle des Robinsons, il m’a paru que pour le parfaire, il restait à montrer une troupe d’enfants de huit à treize ans, abandonnés dans une île, luttant pour la vie au milieu des passions entretenues par les différences de nationalités, - en un mot, un pensionnat de Robinsons. D’autre part, dans le Capitaine de quinze ans, j’avais entrepris de montrer ce que peuvent la bravoure et l’intelligence d’un enfant aux prises avec les périls et les difficultés d’une responsabilité au-dessus de son âge. Or, j’ai pensé que si l’enseignement contenu dans ce livre pouvait être profitable à tous, il devait être complété.
L’île à Hélice (1893)
Quatre musiciens français en tournée aux Etats-Unis sont embarqués contre leur gré sur Standard Island, une gigantesque île artificielle et mobile peuplée de milliardaires. Débute alors un long périple d’un an sur les eaux du Pacifique, pendant lequel les péripéties ne manqueront pas : une invasion de fauves, des pirates, des cannibales, etc. Mais à cause de la bêtise humaine, l’île se disloquera. Bien sûr, il y aura quand même un mariage à la fin ! Verne ne situe pas exactement cette histoire dans le temps : Dans le cours de cette année-là — nous ne saurions la préciser à trente ans près — les États-Unis d’Amérique ont doublé le nombre des étoiles du pavillon fédératif (...) après s’être annexé le Dominion of Canada (...), les provinces mexicaines, etc. Verne nous surprend en décrivant quelques-uns des appareils utilisés sur l’île, notamment le télautographe, qui n’est rien de moins qu’un télécopieur, un fax !
Seconde patrie (1896)
Une suite au roman de Johann David Wyss, Le Robinson suisse.
La chasse au météore (1901) ?
Un météore s’approchant de la Terre est découvert simultanément par deux astronomes amateurs de Whaston, en Virginie, MM. Hudelson et Forsyth. Leur rivalité pour s’approprier la découverte du météore causera bien du soucis aux familles de ces deux astronomes amateurs, notamment à Francis Gordon, le neveu de de Forsyth, qui doit épouser Jenny Hudelson, la fille de l’autre. Mais quand on découvrira que le météore est constitué d’or, c’est toute la planète qui voudra s’en approprier. Son orbite ayant été modifiée par une mystérieuse machine du non moins mystérieux Zéphyrin Xirdal, le métérore tombera au Groenland. Qui mettra la main sur ce fabuleux trésor ? Le mariage, un thème cher à Jules Verne, occupe une place importante dans ce roman. Outre le mariage compromis du neveu de Forsyth et de la fille de Hudelson, nous assistons au mariage, au divorce et au remariage de Seth Stanfort et Arcadia Walker. Ce roman, lui aussi modifié par Michel Verne, a été publié en 1908, après la mort de Jules Verne. Il s’agit du troisième roman où Verne parle de la fièvre de l’or, après En Magellanie et Le Volcan d’Or.
L’invasion de la mer (1903)
En creusant un canal depuis la Méditerranée, un ingénieur veut créer une mer intérieure dans le Sahara, ce à quoi s’opposent les tribus nomades du désert.
1520 Magellan découvre enfin le passage qui portera son nom, prouvant, s’il le fallait encore, la rotondité de la Terre
1830 Découverte du canal de Beagle (d’après le nom du bateau anglais qui le découvre au cours d’une expédition océanographique)
1833 Sur le même bateau, Charles Darwin navigue sur le canal de Beagle et y trouve son inspiration pour sa théorie de l’évolution.
1848 The Gold Rush en Californie
1877 Thomas Edison dépose le brevet du phonographe
1878 Eadweard Muybridge invente le mouvement cinématographique (24 images seconde). C’est lui, le véritable inventeur du cinéma
1881 Traité Chili-Argentine se partageant la Patagonie
1884 Fin de la campagne du Désert.
1889 Mayerling en janvier
1890 Disparition mystérieuse de Jean de Habsbourg
1897 Jules Verne écrit "En Magellanie"
1924 Blaise Cendrars écrit "L’Or"
1946-1947 José Emperaire effectue le dernier voyage d’étude sur les Indiens Alakaluf, "nomades de la mer" en voie de disparition, aujourd’hui totalement disparus.