Une jeune fille arrive au temple de Dôjôji où l’on célèbre la mise en service d’une nouvelle cloche, avec force rites et tabous frappant notamment le sexe féminin. La jeune fille réussit cependant à convaincre les moines de la laisser entrer accomplir ses dévotions à ladite cloche, à la condition néanmoins d’interpréter pour eux une danse, puisqu’elle se prétend danseuse. C’est ici que débute la pièce. Mais dès les premiers pas, se devinent les sentiments plus complexes qui animent la jeune fille à l’égard de cette cloche qui semble concentrer en elle un profond ressentiment. C’est en effet sous cette cloche qu’elle avait vu autrefois se cacher un amant qui voulait se dérober à ses intenses et voluptueux désirs, et qu’elle avait même réussi à détruire dans les feux ardents de sa jalousie.
La jeune fille donne un moment le change en interprétant diverses danses tout en grâce où se lisent des jeux encore innocents, où se peignent les premiers émois de l’amour dans le cœur pur d’une modeste jouvencelle. Mais à la fin, sa vrai nature reprend le dessus : celle d’un esprit encore dévoré par son ancienne et impure passion, enlaidi sous les traits d’un affreux serpent qui se jette à nouveau, compulsivement, sur la cloche.
La légende du temple de Dôjôji a connu mille variantes, du Nô au Kabuki, au théâtre de poupées, et dans les différents genres de danse de la tradition. La version “à la façon du pays de Bungo” ici présentée recourt au genre musical Nagauta.